De-Vinh qui je suis!

Sur ce blog, vous pourrez trouver des informations aussi diverses que la fabrication d'étui en peau de varan, l'évolution de mon potager et des conseils de jardinage, des photos de mes voyages, etc etc...
A noter que "bo" veut dire boeuf en vietnamien ! On ne renie pas ses origines!

mardi 15 février 2011

Part 16 -Les Carnets culinaires d'un pêcheur d'images, Vietnam



" Vivre avec les buffles" , ou bien "comment Vinh devint fumeur passif"
Chers amis voici enfin la partie 16, trepidante comme jamais ; une semaine avec les buffles. Bonne lecture !
Et ensuite, a vos claviers j espere ! :)


(photo typique fumee contre jour...)



7 février 2011, Hué



Aujourdhui mon grand oncle, enfin libre après les obligations familiales, m'a invité à manger des banh cuon et bun bo hué en famille. Ses deux gendres pratiquent la photo pour le loisir; l'un étant dans le business et l'autre guide touristique japonais, ils sont tous les deux à l'aise financièrement, voyageant souvent et étant suréquipés ! D'ailleurs plus tard lorsqu'ils me demanderont de les prendre en photo au 70-200-f4 sur boitier numérique dernier cri, j'aurai un peu de mal !j'ai l'impression de devoir reculer de vingt mètres pour faire un portait alors que je suis à 60cm pour un portrait au mamiya. (heureusement que ce n'est pas un 300 f2.8, je l'aurais laissé tomber par terre).

la traditionnelle photo de mariage sur le pont de Hue

L'après-midi, la famille m'emmène visiter une grande pagode au milieu d'un immense lac. C'est en quelque sorte un incontournable de la sortie familiale. Ils ont loué une voiture avec chauffeur pour l'occasion (600 000vnd pour l'après-midi)...nous sommes huit et deux bébés dans le break.
Une fois sur place il faut payer une petite barque pour faire le km qui nous sépare de la pagode.


Le conducteur, trois mètres derrière le moteur, accélère en tendant un gros fil de nylon avec ses doigts de pied (authentique).

(sur la photo c est un autre chauffeur qui tenait le fil a la main)

Dans ce pays, le rapport bruit/distance parcourue des moteurs de bateau est des plus impressionnants qu'ils soient.

quelques marches encore...


Nous visitons la, ou plutôt les pagodes, qui sont très jolies.

J arrive a faire cette photo du moine avec le rayon de lumiere dans la pagode... mais en argentique nenni, n avais pas de focale adaptee...

et je profite de la fumee et du contre jour




Nous y restons tout l'après-midi et le soir mangeons banh uoc et heo quay (porc laqué).
J'ai décidé de partir demain pour Phong Diên, à 30km de Hué, où vit Co Gai, qui s'occupe de mon grand père à HCM et à qui j'ai promis de rendre visite. Donc je prendrai le bus demain matin et advienne que pourra, route vers le nord!!

A grands regrets je me résous à laisser le reste de mon matériel de peche a Hué (je le récupèrerai dans deux ou trois mois); j'ai bien observé la carte, réfléchi à mon parcours, et je ne croiserai pas suffisamment de plans d'eau pour justifier ces 3kg dans mon sac...cette décision a été difficile à prendre car j'espérais toujours avoir l'opportunité de pêcher...mais j'ai bien vu que je n'ai pas assez de temps pour concilier pêche et photo! Je m'offrirai un voyage 100% pêche ailleurs, plus tard...


Quelle tristesse! Point positif, je gagne 3kg (mon sac passe de 18kg à 15) et pas mal d'espace...en effet il faut penser au futur : même si ce poids était gérable jusqu'à maintenant, qui me dit que dans un mois je me retrouverai pas à devoir marcher des kilomètres sac sur le dos? Tout gain de poids a donc son importance...L'équipement que j'avais pris à la base n'a pas changé, je n'ai toujours que deux jeux de vêtements (j'ai donné un pantalon au passage) et je vois mal comment voyager plus léger. Mais toujours ce matériel et ces films qui pèsent le poids d'un âne mort...Les deux kgs qui s'y sont ajoutés sont dus a la veste et au pull que j'ai achetés en prévision du froid.


8 février 2011, village Thôn Duc Phu, district de Phong Dien.

Ce matin, mon oncle tient à m'amener à la gare. Le prochain bus est dans une heure et ça l'embete que j'attende(?)! J'aurai beau insister et refuser, expliquer que je tiens à prendre le bus, rien à faire, il veut m'emmener là bas en moto.


Je finis par lacher prise mais j'aime bien etre indépendant...c'est parti pour 45mn à moto. Il me dépose au village puis repart pour Hué.
Je retrouve Co Gai, en fait de village c'est une route avec des maisons éparses tout le long.


Pas de centre, rien. Chaque propriétaire a un grand terrain et y cultive manioc ou bois de songe en quantité. La plupart élèvent cochons, poulets, canards, buffles en liberté.


Certains ont un étang artificiel où ils élèvent des poissons (le rêve).


Bref pas mal d'autarcie on dirait. Le manioc est coupé en fines tranches, séché au soleil puis transformé en farine, qui sert à faire la pate pour des banh bot loc typiques de ce village (avec des cacahuètes entières). Le bois de songe est utilisé dans les canh (bouillon).

Comme promis, je donne un certain nombre de sachets de graines à Co Gai, que j'ai choisis d'après les familles de légumes que j'ai observés dans les jardins. Je n'ai jamais vu une terre comme ça : très sableuse (d'ailleurs le sable est exporté pour construction), et...blanche comme du sel. Pourtant on y voit tomates, courges, salades, herbes aromatiques, choux chinois, concombres...Co Gai m'avait dit que son jardin faisait 10 000m2 et je vois qu'elle n'a pas menti...

ici une partie du jardin


Espérons que ça marche.



Je passe la journée à attendre et ne rien faire : à chaque fois que je fais mine de franchir le seuil pour faire un tour, impossible on me met d'emblée un casque sur la tete et on m'y conduit (même pour faire 100m)...ce qui évidemment ne m'arrange pas...on ne vous avait pas dit que l'Ours solitaire avait été réintroduit à Barre des Cévennes? Ils se sont trompés, c'était moi...
C'est très frustrant pour le "marcheur au gré des courants" que je suis devenu...
Comme toutes les vaches ils sont tres curieux

J'arrive tout de meme à trouver quelques buffles (l'un d'eux est même venu se frotter à moi..ils sont très gentils et comme vous savez je suis l'ami des animaux - on m'a toujours dit de postuler pour Trente millions d'amis) venus se baigner à contre-jour mais je n'ai pas la bonne focale alors ne déclenche pas.

cette composition "vaches au premier plan, lumiere douce et homme au second plan" ne vous rappele rien ? Certains l ont chez eux ... la 1127.01 prise au Mali en 2009.

Il y a des rizières ici mais là encore impossible de s'aventurer seul, d'autant plus que tous les membres de la famille ou autres amis que je rencontre au Vietnam tiennent toujours à ce que je photographie paysages, soleils couchants, pagodes, montagnes et compagnie...J'ai déjà du mal avec l'Humain, alors les paysages je les réserve pour le numérique...d'ailleurs ce lumix me sert uniquement pour illustrer le blog en photos souvenirs , ou bien prendre des images lorsque c'est impossible avec mes autres boitiers (faible lumière ou focale trop courte).

J ai pris cette photo d un pigeonnier pour mon pere

J'ai décidé pour la route à venir, d'éviter de revenir en arrière, même pour 30km, sauf si je n'ai pas le choix.Donc, phong dien étant au nord de hué, je vais continuer ma route et prendre demain un bus pour Dong Ha. Tant pis pour Hué, la famille est très sympa mais je perds trop de temps à attendre, niveau photos. J'ai besoin de pouvoir sortir et rentrer à pas d'heure sans que quelqu'un m'attende ou sinquiète (les familles vietnamiennes ont tendance à beaucoup sinquiéter pour moi, notamment pour le nord du pays).

reserve de foin

Du coup, n'aurai pas l'occasion de voir le village de mon grand père qui est sur la route ; y aller, ce serait une fois de plus solliciter quelqu'un et prendre sur son temps, sans compter que personne chez Co Gai ne parle anglais. Donc là encore j'ai du faire un choix...ce qui me convainc que je ferai mon prochain voyage en moto! Après tout pourquoi pas, il y a des motos neuves a 400 euros :) et il y a, sur les grands axes, des hotels en bord de route. Je creuse l'idée...ça tente quelqu'un ? Mon père a toujours voulu qu'on fasse ça, voyager léger en moto...Je pense que ce premier "grand" voyage en bus est déjà un bon début!


Ce soir, Co Gai a préparé un Lau Ca (bouillon avec légumes du jardin et pates Bun)avec un poisson tout droit sorti de l'étang. On me sert le meilleur morceau, à savoir la tête! Problème : ladite tete dépasse du bol! Et le ca loc est l'un des poissons les plus moches qui soit (vraiment). Il fait partie de la meme famille que les poissons serpents en afrique : long, ocellé comme un python, et une vraie tete de serpent. Bon, je me débrouille comme je peux pour décortiquer un coté avec les baguettes (et pour anticiper vos questions, je vous le dis tout de suite, la langue de poisson c'est plutot gras et mou). Lorsque je la retourne, je rends compte, chance, que la tete a été fendue en deux et que je n'en ai eu que la moitié!


Ce soir je n'ai pas trop compris où je vais dormir. La maison de Co Gai est très austère ; il ny a pas d'eau courante, on cuisine au bois, il n'y a pas de toilettes et aucun mur n'est fini. C'est une autre facette du vietnam, celle invisible pour les gens de passage, qui me rappele le Mali. Et je suis toujours aussi sidéré de voir que ce peuple travaille autant, quelquefois pour un minimum vital.


9 février 2011, 5km de Dong Ha

Ce matin, Co Gai n'a pas pu s'empêcher de prendre le bus avec moi pour Dong Ha...mini bus bondé, 18 personnes. 30 000 chacun, que Co Gai négocie pour 25, eh oui les vietnamiens négocient aussi! Une fois arrivés, on commence à marcher vers le centre ville : 2 ou 3km de la gare. Impossible de la convaincre de rentrer chez elle...Il y a beaucoup d'hotels coté gare mais aucun coté centre ville...ça ne me convient pas. On finit par se séparer, elle repart vers la gare (du moins c'est ce que je croyais) et je pars à l'opposé.apres une autre heure de marche rien de convaincant.
Et je rencontre par hasard Co Gai au détour d'une ruelle, avec son neveu (je suppose). Il me propose de dormir chez eux, j'hésite car il est à 5km de la ville, et si c'est le meme genre de village qu'hier...heureusement c'est une bonne surprise, dès que l'on sort de la ville ce sont des rizières à perte de vue et des agriculteurs partout. On frôle des buffles sur ce chemin de terre hasardeux. Nous sommes trois sur la moto : le neveu, Co Gai, moi et...mon sac à l'avant. Incroyable...nous passons un pont entièrement en planches sur 100m de long; il y a un panneau "maximum 150kg/m2"...je fais un rapide calcul : trois personnes + une moto + un sac, on dépasse le poids autorisé! Mais ça passe quand même.

notez le panneau interdit aux voitures ... ca vous viendrait a l idee, a vous ??


Je vois de jolies tombes en plein milieu des champs ou des rizières, beaucoup de potagers aussi.
Nous passons à coté de magnifiques et accessibles rivières et évidemment je me mords les doigts de ne pas avoir mon matériel...allez, pas de regrets...
On finit par arriver à destination ; le neveu est un conducteur hors pair car rouler sans poser le pied par terre sur ces chemins creusés par les autres motos, faut oser!
Juste avant la maison, il y a un minuscule tremplin au dessus d'un ruisseau, qui fait l'angle...malheur, je vois déjà mon sac tomber à l'eau..chance, on s'embourbe juste devant! (pas étonnant vu le poids).

la maison de Thanh

Nous mangeons avec 5 adolescents. Je vois la photo du père sur un autel...et la mère doit surement etre au travail. C'est la fille ainée qui fait à manger et range tout (comme souvent). Alcool de riz, liserons d'eau sautés à l'ail, poissons au caramel, pickles au nuoc mam (souvent présentés à table comme un plat à part entière), et...plat d'origine et de saveur totalement inconnues mais combien délicieux! Je finis par l'identifier comme étant des oreilles de bœuf en lamelles, cuites avec des légumes au vinaigre d'où le gout un peu acide...je me régale!


L'après -midi, après une sieste maitrisée (pour une fois), je décide d'aller faire un tour à pied avec le mamiya ; évidemment le neveu m'amène en moto, je lui ai fait comprendre que je voulais voir les buffles, rizières etc. Il m'emmène voir de grands champs, c'est très beau, de nombreuses personnes y travaillent toute la journée. Et par rapport aux lieux ou je suis allé jusqu'à maintenant , les gens sont vraiment plus gentils et souriants, on voit qu'on est loin de la ville...et je me rends bien compte de ma chance d'être accueilli ici!!

Je suis aux anges, apres huit jours de pause photo ça fait du bien de reprendre enfin...même si je suis à 400iso en plein soleil. Dans mon fourre-tout j'ai pris soin de mettre des sachets de semences, que je donne au fil des rencontres - ils sont ravis et surtout surpris. La terre ici semble très bonne. Certains ont la chance de posséder un motoculteur, mais la plupart labourent avec un buffle (qui sont sympas et bien dressés, certains obéissant uniquement à la voix).





Vous ne rêvez pas : une fois tous les sillons creusés, on plante les cacahuètes une à une, à la main, tous les 10cm! Je vous laisse imaginer le temps nécessaire pour ces champs immenses!!




Ici un champ de mais


On plante également manioc et autres tubercules. Je remarque que l'association des plants n'est pas inconnue : ici des maïs en alternance avec des fèves (celles-ci fixant l'azote dans le sol comme toutes les légumineuses, aidant ainsi la croissance du maïs). Ou encore maïs et manioc. Pour planter du manioc il suffit de couper des tiges aériennes de la plante et de les mettre en terre à l'horizontale.


Productivité oblige, on utilise comme partout ailleurs pesticides et engrais industriels (épandus à la main et sans gants).

superphosphate ...

superphosphate (bis) dans une usine ...(sic)

pesticides sans masque


Chaque centimètre de terrain est mis à profit, comme le montre ce chemin de plants de fèves...


Je suis vraiment content d'etre ici, et mon "chauffeur" m'emmène voir des endroits intéressants (avec le peu de mots basiques que je connais). Nous entendons un bruit bizarre, comme un oiseau blessé; on s'arrete et constate que c'est une petite grenouille dans la gueule d'un serpent...celui ci, effrayé par notre arrivée, la relache (elle ne demande pas son reste) et disparaît sous l'eau...à deux pas de ces buffles.

On rend visite à des gens qui ont une portée de cochons noirs et blancs; la mère est énorme, on ne voit meme pas ses yeux!

En fin d'après-midi, je fais quelques photos de la méthode utilisée pour irriguer les rizières;


bientôt ils veulent me faire essayer.



Bon, les gestes s'apprennent assez vite, mais ma position n'est pas bonne du tout (comment font-ils donc pour rester droits?) alors j'ai vite mal au dos! M'enfin j'aurai quand même réussi à transférer une vingtaine de seaux avant de capituler.
Ici non plus, pas d'eau courante. Pour les besoins quotidiens (douche, toilettes, ménage mais aussi cuisine pour cuire le riz, les légumes ou les bouillons) on utilise une pompe; l'eau a une très forte odeur de souffre, très désagréable mais on s'y habitue (c'était la meme chose chez Co Gai) -sauf pour le brossage de dents-.


Le soir nous sommes huit à manger. La mère de famille est apparemment absente pour quelques jours. Quand aux autres personnes présentes, impossible de déterminer qui est qui. Qui fait partie de la famille, qui est la copine de qui, on entre et sort comme dans un moulin. Je suis très perplexe! Le plus agé a 26 ans et je crois qu'il habite ici avec au moins un frère et deux (ou cinq) sœurs.


On mange poisson, légumes, foie et intestins de porc. Personne ne touche aux plats tant que je n'ai pas pris une première bouchée...(on ne remplit pas son bol, on se sert petit à petit).
Puis ils m'invitent à faire une virée en ville. Chouette, je vais enfin savoir à quoi ressemble une sortie djeun's vietnamienne! Bon alors déjà il faut réussir à arriver à destination. Nous sommes six, trois motos donc ça va (sauf lorsque les trois conducteurs décident de faire la course sur la fameux pont en bois...). Tous les cinq se parlent et rigolent, tout en roulant cote à cote. A un moment, on s'arrete et sans préavis, changement d'équipe, on me met derrière l'une des filles sans que je sache pourquoi. Et figurez vous que l'on arrivera meme à se perdre: les deux autres motos ont du tourner à deux embranchements différents...on finit par tous se retrouver devant un "bar" quinze minutes et dix appels plus tard. Vous savez, je vous avais expliqué à Ha Tien que les gens se retrouvaient dans ces lieux pour boire et manger escargots ou autres.

D'emblée, on nous amène un pack de 24 bières (finalement seuls les deux garçons en boiront), il suffira de faire le décompte à la fin. On me sert une canette d'une boisson énergisante type red bull, une des pires choses que j'ai bues de ma vie -on dirait du bonbon chimique liquide - que je ferai semblant de boire. Puis deux assiettes de mini escargots à la citronnelle. Alors que je tente de les extraire proprement avec un cure-dents, ils me montrent la technique: aspirer tout le contenu bruyamment et sans beaucoup de classe. Puis, faites comme dans tous les restaus, à savoir jettez tout par terre!

Bon, les escargots, c'est rigolo (rime) - notez qu'on a dîné il y a une heure -. Arrive une assiette d'un plat dont j'ai rêvé (difficile à trouver en dehors des bars) : des pattes de canard! Hélas elles sont très pimentées et meme mes compagnons de soirée ont du mal (sans rire il y a un demi piment par centimètre carré de plat et c'est pas des piments d'espelette!); on se retrouve tous à souffler comme des buffles. L'une a le dos tourné, les autres en profitent pour vite mélanger deux piments dans son verre. Ni vu ni connu, je ne vous raconte pas le fou rire qui a suivi...
Le retour fut épique aussi : on perd deux filles en cours de route et l'autre décide de partir dans une autre direction ; je me retrouve donc avec les deux frères sur une seule moto ; heureusement il ne roule pas très vite (on aura quand meme décollé sur des bosses à 10km/h - franches rigolades - et ensablé la moto).

Je m'endors sur un lit sans matelas (comme très souvent lorsque je suis chez des gens - a Hcm ai dormi par terre sur une natte) bercé par les grenouilles derrière la fenetre - peut-etre me remercient-elles d'avoir sauvé l'une des leurs?


10 février 2011, Dong Ha
Plutôt que de repartir comme un voleur vers Dong Hoi comme je l'avais prévu, et vu la chance que j'ai d'etre accueilli en pleine campagne, je leur ai demandé si je pouvais rester un peu. Reste à savoir comment leur faire accepter de l'argent en guise de compensation pour la nuit et les repas...(hier mes tentatives pour payer la tournée d'escargots se sont soldées par un échec, meme le serveur ne voulait pas prendre mes billets de peur de froisser mes amis).

Hier je n'arrive à m'endormir qu'à 4h du matin car les garçons ont invité des amis pour jouer aux cartes ; et comme vous le savez les vietnamiens sont très bruyants à toute heure et en toux lieux...lorsque à 7h du matin je vois que les filles (qui, elles, ont dormi) sont parties, je me lève et prends mon boitier discrètement avec la ferme intention de me balader ni vu ni connu. Ça marche!...pour vingt minutes (le temps de faire une photo), jusquà ce que une des filles me croise "par hasard" à moto. Evidemment elle veut me ramener à la maison...devant ma déception elle m'emmène dans un champ, mais s'ennuie vite et surtout s'inquiète car elle sait que je n'ai pas mangé ce matin(...). Bon...je fais trois photos et on rentre..

Mais je n'ai pas dit mon dernier mot. Je profite de nouveau que les trois filles aient pris les trois motos, pour partir à pied. J'en recroiserai quand meme une (pourtant le quartier est grand...) mais comme elle rentre du marché il faut qu'elle rentre à la maison. Victoire elle me laisse partir dans la direction opposée.

plantation de piments ou poivrons


Direction droit vers les champs que j'ai vus hier. Je marche tranquilement, errant dans les rizières jusqu'à ce que les gens, amusés, m'interpellent, parfois de très loin. Je fais 3 ou 4 films 120 jusqu'à ce que je soie à court de pellicules. On rigole bien, on me propose de semer les cacahuètes mais je n'ai pas mon fourre-tout pour poser le mamiya.


Je fais quelques images intéressantes mais dès 9h du matin le soleil tape fort et il y a beaucoup de contraste (je note tous ces films n-1 pour les développer en presyscol, révélateur compensateur en deux bains). En plein soleil mon posémètre affiche 1\500 f16). Je suis confronté à la pire lumière : sujet en plein soleil, fond clair et ...chapeau! Que ce soit casquette, chapeau normal ou chapeau conique le résultat est le même : visage à l'ombre que même la meilleure des maquillettes ne saurait rattraper. Seule solution, prendre un portait très serré ou bien surexposer et sous-développer. Ça sent bon les heures de labo à 35mmsousterre.
En plus de ça, imaginez les buffles noir sur fond de sol clair.

Je suis surpris de la réaction des gens par rapport à la photo ; il faut dire que je ne pense vraiment pas que beaucoup d'occidentaux sent passés par là. Ce n'est pas une raison pour mitrailler comme un chasseur le jour de l'ouverture ; en général je fais deux à trois photos par personne.


Je finis par rentrer, et de nouveau croise le neveu qui me cherche à moto ; je sais qu'on mange tot ici mais je ne pensais pas qu'on déjeunerait à 10h30! Trois filles sont parties dans un salon de beauté en ville. Deux restent, ainsi que leurs deux frère et leur mère qui est rentrée. On mange des navets sautés, du porc au caramel d'un gout nouveau (beaucoup de piment et de nuoc mam), et un bouillon de ce que je croyais etre des pousses de bambou; mais ce sont des tranches de jacques vert. Très surprenant.

Ici on prépare les pickles lacto-fermentés soi-même. Après avoir fait sécher partiellement les légumes au soleil on les met dans une saumure où ils deviendront acides d'eux-même (comme la choucroute).

Dans la famille traditionnelle telle que j'ai pu la voir jusqu'à maintenant, les femmes font tout -et ce dès leur plus jeune âge- . Je n'ai jamais vu un homme ou un garçon toucher à une éponge ou ranger la table. Lorsque votre verre d'eau est vide, l'une des filles le remplira pour vous. Lors du repas, même si je tiens mon bol de façon à ce qu'elles ne le voient pas, elles savent toujours à quel moment je n'ai plus de riz. Elles ont toujours l'oeil sur ce que vous faites, ce que vous mangez, ne mangez pas, sécher vos vêtements que vous avez eu le malheur de laisser deux minutes, etc.

Tam, 16 ans

Dès que je demande ou suggère quelque chose, Than (le garçon de 20 ans) envoie une de ses sœurs l'acheter...meme lorsqu'il s'agit d'aller acheter une carte téléphonique a 1km en pleine nuit (du coup, je les accompagne à chaque fois). Meme lorsque les garçons veulent du café, ce sont leurs sœurs qui le préparent et le leur servent devant la télé.

on cuisine par terre et on lave le sol a grande eau en permanence

Quant à la lessive, ce sont évidemment les filles qui lavent le linge de toute la famille et elles sont à la fois choquées et gênées que je lave moi-meme mes habits - hier lorsque la cadette m'a vu, elle a appelé toute la famille à me regarder faire ma lessive - . Quant à aider pour le rangement ou la vaisselle, n'y pensez même pas.

cette jeune fille que je ne connais ni d eve ni d adam voulait que Thanh nous prenne en photo ; mais etant plus grande que moi , a eu la delicatesse de se mettre dans la riziere pour que j apparaisse plus grand ! no comments ...
Evidemment pour moi c'est très gênant. D'autant que je rêverais d'aider en cuisine mais c'est peine perdue.
C'est une culture différente, tout simplement. Ma cousine m'a dit que on rêve était de voyager mais qu'elle ne pourrait probablement jamais car en tant que fille elle doit s'occuper de la famille.

Thanh

Après le déjeuner, je compte évidemment repartir dans les champs mais ce serait impoli et de toute façon ce sont les heures les plus chaudes de la journée. Mais je m'ennuie vite et à 14h je ne tiens plus en place et repars avec 5 films et une dizaine de sachets de graines dans la poche. Ils ont du mal à accepter que je puisse aller marcher en plein soleil sans chapeau ni eau (les vietnamiens craignent beaucoup le soleil).


Je passe trois heures sympas (il faut rentrer a 17h pour le dîner, la meilleure heure niveau lumière ...) à discuter quelques mots, observer et prendre des photo. Les gens sont sympas : celui ci me donnera de l'eau, celle-là une clementine, une autre veut me prêter son chapeau, etc. Ils travaillent toute la journée au soleil. Je croise deux serpents en chemin ; pour faire ces photos j'ai du les suivre, et ça court vite un serpent!!

Le soir nous mangeons omelette (on mange presque uniquement des œufs de cane dans ce pays), rau bi (feuilles de courge) et bouillon de margoze épaissi avec un œuf.

Je commence à pouvoir exprimer quelques phrases ; comme personne ne parle anglais à part "you handsome, she loves, et she beautiful", je n'ai pas le choix et c'est tant mieux pour mon apprentissage. On m'explique à grands renforts de gestes, mots et mimiques que le père est décédé à 45 ans à cause de l'alcool, il y a quelques années. On me montre les photos de l'enterrement, très festif. En fait, depuis deux jours il y a une fête dans la rue d'a coté ; j'étais persuadé que c'était un mariage : musique, tambours, gong, repas festif etc...c'est un enterrement, et je pense que tous ces plats et "joie" sont en l'honneur du défunt...décidément le rapport à la mort n'est vraiment pas le même, et d'ailleurs les gens prennent des photos tout le long...


La maison est surelevée d'un mètre par rapport aux rizières ; pourtant Thanh me montre qu'une fois l'eau est montée d'1.80m lors de la mousson, soit 80cm d'innondation (nb: celle qui vit à brisbane en australie sait de quoi je parle) dans la maison. C'est pourquoi dans le salon il y a un grenier où la famille peut se réfugier.
De meme, le grand pont en bois a été emporté une fois par le courant.

Toute la soirée nous "discutons" ainsi (difficilement). Comme hier, il est très difficile de dormir. Outre la promiscuité (8 personnes réparties dans deux chambres et un salon ; la mère et ses trois filles de 14,16 et 20ans dorment en chien de fusil dans la largeur du même lit...), les insectes divers et la cigarette, le vacarme (télé, gens, musique) fait réellement partie du quotidien (et des nuits). Je ne sais pas si je vais tenir le rythme longtemps, mais peut être que je m'habituerai.
J'ai du forcer la main pour faire accepter huit euros à la mère de famille (et encore, je pense qu'elle a accepté pour que je ne "perde pas la face"). Malgré mes explications elle ne veut pas que je paye pour mon séjour, même long. Puisque c'est comme ça je payerai les courses dès que possible.

11 février 2011, dong ha

Ce matin on me réveille à 6h30 ; après un café d'un noir profond et une soupe rouge de piments (dur dur à jeun), Thao (une autre), qui a 20 ans je crois, m'emmène au marché comme je l'ai suggéré hier. Comme je n'ose pas m'accrocher à elle (le mot taxi moto "xe om" signifie "véhicule-prendre dans ses bras"), dès qu'elle sent que mes mains la lachent pour s'accrocher à la poignée, elle pense que j'ai peur..et ralentit (il n'y a rien de plus casse-gueule que de rouler au ralenti avec un passager pas rassuré, qui plus est un motard tout a fait conscient des risques). Du coup paradoxalement plus je m'accroche à elle et plus elle accélère.
Cette fois j'arrive à payer diverses courses et mettant d'office les billets dans les mains des vendeuses et achete des nem chua pour toute la famille.

A propos, n'oubliez pas, lorsque vous donnez ou recevez quelque chose, de le faire à deux mains : c'est une marque de respect et de politesse. On achète pour midi de quoi faire un bouillon de chou et bœuf, du poisson chat au curcuma frais et une salade variée. Nous sommes près de la mer, il 'y a quasiment que des poissons de pleine mer - et meme des marlins et requins. Toutes les filles s'occupent du repas et cette fois j'ose rester pour observer à défaut de participer.

Entre 11h et 14h c'est le temps mort comme d'habitude ; j'en profite pour taper mes carnets sur mon portable...ce qui me permet de garder le fil et de ne pas perdre la notion du temps.
Je fais quelques photos mais aujourd'hui le ciel est voilé. Il faut patienter jusqu'à demain. Ici, la lumière est soit grisouille soit dure.

Le soir, mangeons du marlin au curcuma et des fleurs de bananier émincées et cuites comme des brèdes - c'est très bon une fois de plus! Exploit, je mange trois bols de riz - mon voisin en mange sept(...). La quantité de poisson ou viande est toujours minime : à peu près 300g de poisson pour 8 personnes, ou 150g de viande.

12 février 2011, Dong Ha

Aujourd'hui ai beaucoup marché ; de toute façon je n'arrive pas à me reposer chez cette famille, alors mes moments de solitude, même en plein cagnard, sont mon seul repos...le seul moment calme est entre 1h et 5h du matin. Vu que je dors à peu près 4h par nuit...le reste du temps on est toujours réveillé toutes les 5mn par un éclat de voix plus haut que les autres, la télé, le pied du voisin, les ronflements, les gens qui parlent en dormant, un coup de coude dans le dos, les moustiques, bref...meme si je suis conscient de la chance d'être ici, je pense que physiquement ça va être dur de tenir! Et en même temps j'apprends beaucoup en restant ici...

Ce matin j'ai trouvé les champs étrangement vides...j'ai mis ça sur le fait qu'il était trop tôt. Après le repas de 11h (raie au caramel, sublime ; on m'a donné le meilleur à savoir le foie, d'une finesse incomparable) j'y retourne mais quasiment tous les gens ont disparu...je regarde de plus près et constate que tous les semis sont terminés! En trois jours, tous ces gens ont labouré, biné et semé à la main, sur une surface que j'estime au moins à 2km sur 2km (je ne parle que de la surface que j'ai explorée à pied, le reste s'étendant bien plus loin)...j'ai bien fait de prendre les photos les premiers jours!

Du coup les seuls qui restent sont les repiqueurs de riz (à la main bien sur), dans la boue jusqu'aux genoux parfois. Je tenais à prendre une photo avec les caveaux au fond.






Les buffles se promènent en toute liberté dans les cimetières ; et les enfants jouent aux cartes sur les tombes...

belle tombe que celle ci !!




Le soir, comme tous les soirs, j'ai de sales migraines à cause de la cigarette dans la chambre de 3x3m fenetre fermée (ces migraines sont systématiques et à effet immédiat, depuis des années, en présence de cigarette en espace clos). Pour moi, sur ce point de vue, le vietnam c'est l'enfer à supporter. Tous les hommes, de tous ages, fument ; et dans 90% des cas, à l'intérieur.


ici , on jette tous les detritus par la fenetre, et on les brule de temps en temps


13 février 2011, dong ha

lors d une de mes rencontres, ce jeune homme tient absolument a me donner ce chapeau style militaire...bravo , j ai lair de quoi maintenant ! il insiste... je finis par le prendre, je le donnerai a Thanh.


La maison typique , avec abri pour les buffles et reserve de foin


Ce matin je vais au marché avec Tam et la ferme intention de payer le repas pour la famille; j'écoute Tam demander le prix et je paye une petite bonite,100g de viande de porc, 300g de couenne de porc (j'avais envie de ça), du tofu, tomates, soja, brèdes...peu de maisons possèdent un frigo, et de toute façon les cuisinières préfèrent faire le marché quotidien. Parfois j'arrive à comprendre ce que Tam raconte sur moi aux vendeuses : "ses parents sont venus en France il y a 40 ans, il ne comprend pas la langue, il a 26 ans, il fait des photos, il veut faire le marché avec moi", etc...c'est encourageant! Maintenant je connais (à l'écrit et à l'oreille) une centaine de mots ou expressions courtes (mais ne sais pas forcément tous les prononcer). C'est en fait très peu : déjà 49 jours ici. À hcm je voulais acheter un dictionnaire mais ils étaient tous trop gros.

Aujourd'hui il pleut; malgré qu'il fasse chaud, mes habits ne sont toujours pas secs au bout de 3 jours dehors...


ce systeme integralement en bois permet de vider ou remplir les rizieres

J'en profite pour observer dans la cuisine ; chose rare le cousin aide un peu pour nettoyer le poisson.
Pour faire une salade de couenne de porc (dégraissée) faites bouillir la couenne juste assez pour qu'elle soit fondante en restant élastique. Coupez en fines lamelles, mélangez avec feuilles de coriandre, nuoc mam, poivre, jus de citron vert, piment. Miam j'en ferai chez moi et plutôt trois fois qu'une!

Thao hache la viande au couteau, puis fait une farce avec champignons noirs, oeuf et vermicelle ; une partie sera utilisée pour faire des nems avec ces galettes de vermicelle ;


l'autre partie pour farcir des margozes; mon père avait raison, les margozes vietnamiennes sont encore plus amères qu'à la Réunion. On voit que le cousin de 26 ans n est pas habitue a rouler des nems : il a oublie d enlever les feuilles de papier entre les galettes !
Enfin, on fait une sauce tomates et on y fait mijoter le tofu frit. Quel régal, c'est un repas de rois.



L'après midi nous allons...pêcher (snif)! Et à la batterie s'il vous plait!


J'avais expliqué le principe lorsque j'étais à Sa déc : une batterie dans le dos, deux cables, un interrupteur et hop on électrocute les poissons qui passent entre les deux !



La technique a fait ses preuves. Nous marchons trois heures le long des rizières ; le temps d'attraper une centaine de poissonnets variés, des crevettes, des crabes et...deux serpents ! Que nous mangerons ce soir.



La trace de pas au premier plan , c est moi ! je me suis enfonce dans cette gadoue, tellement collante que j ai failli tomber en essayant de retirer mon pied !!!


Une fois n'est pas coutume, ce sont les garçons qui s'occupent de tout! En fait toutes les filles sont parties! Ceci explique cela! Je les regarde vider et dépecer les serpents (ça, je l'ai déjà fait en afrique du sud pour récupérer la peau), nettoyer les poissons et...cuisiner. La mini bonite a déjà été préparée ce matin par Thao, au caramel (cà kho).


En fait, je retombe vite sur terre : ils se sont contentés de nettoyer les poissons , les filles feront le reste!


Nous mangeons donc un Lau cà. Quant aux serpents , déception , ils ont été préparés en beignets: hachez les serpents entiers avec oignon et poivre, faites des boulettes et faites les cuire à la poele. Je ne peux donc pas vraiment vous dire quels gout et consistance ça a...et comme les os ont également été hachés c'est très...croustillant! Attention à bien mâcher...
Je décide de partir demain après une cinquième nuit ... je n ai pas envie de les deranger plus, je prefere partir et revenir dans deux mois pour voir les rizieres.


on a laisse les cannes a peche a la maison ... la batterie c est mieux !!!

14 février 2011, Dong Hoi

Ce matin je fais un dernier marché avec Tam (celle de ; tofu, viande et pousses de bambou ans, avec qui j ai passe le plus de temps) séchées et bouillies (c'est celles que je préfère : plus de gout que les fraiches, mais il faut les cuire longtemps).

Comme il pleut de nouveau, mes vêtements ont repris le peu d'humidité qu'ils avaient perdue...soupir. Je profite de cette dernière matinée pour rester en cuisine, observer Tam cuisiner, et ecrire de nouveaux mots pour mon lexique. Lorsque vient le moment de faire mon sac, elle m'offre son petit dictionnaire anglais-viet. Dommage qu'il ne fasse pas viet-anglais...


Après le repas c'est l'heure du départ. Et comme à l'aller, on se retrouve à trois sur la moto...la pluie et la boue en plus! Je ne vous raconte pas le stress pour mon matériel , notamment sur le pont en bois, rendu instable à cause du courant, et glissant à cause de la boue sur les planches...heureusement on finit par arriver sur la route principale, et Thanh me met dans le premier minibus qui passe, demande le prix 50 000vnd. Ce qui n'empechera pas le meme controleur de me demander 70 000 cinq minutes plus tard (peine perdue). Bienvenue dans le nord, filous et compagnies.

Thanh m'avait annoncé deux heures de trajet ; en fait ce chauffeur roule à tombeau ouvert et nous arrivons à Dong Hoi en 1h20...la ville est au bord de la mer et il y a beaucoup de petits chalutiers.

Première étape : trouver un hotel. J'en ai repéré mais ils sont à 2km de la gare...(en général j'ai constaté que 90% des hotels sont rassemblés dans un quartier ; si comme moi vous êtes du mauvais coté, c'est fichu) j'ai plutôt intérêt à rester près de la gare pour partir facilement. C'est parti pour...2h15 de marche dans un rayon de 1km de la gare dans toutes directions.je trouve quelques hotels mais soit trop chers, soit ne me convenant pas. Si le réceptioniste ne fait pas d'effort pour etre sympa, qu'il aille voir ailleurs...ou c'est plutôt moi qui vais voir ailleurs, dussè-je marcher une heure de plus !

De plus j'ai besoin d'un wifi qui marche pour répondre aux mails de ces dix derniers jours : je ne trouve aucun cyber dans cette ville. De plus, j'essaye de n'etre pas trop éloigné des rues vivantes et des endroits où manger. Et vu les nuits que j'ai passées je cherche un minimum de confort. Je finis par m'arreter manger un banh bao et discuter avec deux garçons ; l'un d'eux m'emmène à 2km de là, à un hotel que j'ai vu sans y entrer.

Celui-ci affiche des prix selon l'emplacement et le confort de la chambre. Je visite une chambre au 4e sans ascenseur bien correcte, grande et avec deux lits, 160 000vnd . La réceptioniste est ferme sur le prix ,(ce qui est souvent le cas lorsque les prix sont affichés), mais comme il me reste un (tout petit) peu d'énergie pour négocier pour le principe, et que la demoiselle est très charmante, je finis par le lui dire (là, c'est quitte ou double : soit la gifle soit la réduction) - en vietnamien svp - ce qui me fera gagner 20 000vnd:) 20 000vnd, c'est peu en euros , mais ici c'est le prix d'un repas...

Je m'écroule sur le lit avec une fatigue bien compréhensible. Mais j'ai toute la nuit pour me reposer!

Je me balade un peu mais je suis en centre-ville ou sont tous les magasins : pas d'échoppes, pas de quartier populaire, pas de cybers, quelques boulangeries "specialités francaises(!)" qui vendent des gateaux et des ...hamburgers(!), et c'est tout. Dans la rue les gens vendent des chocolats(?) dans de jolies boites. Décalé, il me faudra les voir de près pour me rappeler que c'est la saint valentin! Alors à tout hasard je demande à la réceptioniste , toujours en vietnamien, si elle veut manger en ville ce soir? Fous rires mais apparemment elle est déjà prise!

Le soir en répondant à mes mails via wifi je me rends compte qu'il existe une version google maps pour portable ; comme vous le savez mon piètre sens de l'orientation n'a d'égal que mon étonnante mémoire de poisson-chat (je ne me perds pas! Simplement je prends des chemins détournés), alors voilà qui va me faciliter la vie.
Du coup lorsqu'il y a un wifi public (hotels, cafés, bars) j'ai accès a toutes les cartes du monde, et le gps du téléphone me positionne sur la carte. On n'arrete pas le progrès!!! J'affiche ma position actuelle sur la carte de Dong Hoi. C'est plus facile comme ça! Je constate que je suis à 1.3km du marché et 1.5km de la gare. Ma notion de distances a changé, maintenant le mot "proche de" s'applique en dessous de 1,5km.

Je cherche à manger mais il n'y a pas grand chose dans ce quartier. Le coté mercantile du nord commence à pointer le bout de la moustache : on me demande 55 000vnd (d'ou viennent les 5000?) pour une...soupe! Par provocation , je m'installe à la table d'en face (20 000vnd pour la meme chose). Non mais!

Le soir, les vendeurs de ballons au bord de la route font du popcorn sur leur vélo ; ce soir, soirée télé et popcorn (10c le paquet)! Je m'endors épuisé à 22h...

15 février 2011, Dong Hoi

...et me réveille onze heures plus tard : j'en avais bien besoin!
Je suspends mes habits avec bon espoir ; c'est déjà étonnant qu'ils n'aient pas moisi.
Un petit coup d'oeil avec la fille de l'hotel pour repérer sur la map un éventuel cyber et le marché. Je petit déjeune dans un grand restau qui affiche ses prix, un bun thit nuong (pates de riz, viande grillée, cacahuètes et crudités) pour 15 000vnd (50c). Je fais un tour au "café google" (véridique, avec le logo et tout! À hué il y avait un "google hotel") qui me redirige vers un cyber. Autant dans le delta il y avait autant de cybers que de cèpes en lozère, autant ici walou ! Le seul cyber du coin n'a pas l'air très bien équipé.j'y retournerai pour transférer ce long mail tapé sur mon portable; certains s'impatientent d'avoir des nouvelles (ça fait plaisir).

Commej'ai besoin de me poser, et que j'ai repéré un "coin à bateaux" de l'autre coté du pont, je décide de rester une ou deux nuits. Il faudra marcher un peu, voilà tout (en fait je n'aurai jamais autant marché de ma vie que lors de ce voyage). Du coup je craque, je fais mon marché, et puisque je n'ai pas fêté mes 50 jours de vadrouille, j'achète de quoi préparer quelques repas de roi : un demi-canard roti (entièrement farci avec deux bottes de citronnelle) pour 1,80euro (...) pour ce soir. Pour midi je me fais un banh uoc heo quay : un beau morceau de porc laqué (1 euro, pour au moins deux repas) croustillant, 300g ou 400g de banh uoc (très grandes et fines crepes de riz, natures) pour 0,15euro, un concombre (0,10), une botte de coriandre(0,03eur...), une botte d'oignons verts et des fruits (xoai, ôi). Bref, pour moins de 4euros j'en ai pour trois ou quatre repas.

Rentré à l'hotel, j'obtiens de la réceptioniste, en echange de deux ou trois sourires et deux trois mots hesitants, deux assiettes, deux bols et, grand luxe, un fond de bouteille de nuoc mam! Elle est très amusée et veut savoir tout ce que j'ai acheté.
Je lave concombre et herbes, coupe le tout et mélange ceci avec le heo quay et quelques banh uoc. Quel bonheur d'etre indépendant!


Et de pouvoir manger sans piment! Je ne pensais pas qu'on mangeait autant de piment. En plus de ceux présents dans les plats, on croque aussi dans du piment frais (et comme je l'ai écrit au début du voyage, ces piments sont encore plus forts que les piments cabri réunionnais, une tranche suffit pour un bol de phõ).

Voilà, ce compte rendu est fait depuis ma chambre devant la télé ; je file voir si le cyber à 1km d'ici fonctionne.
J'espère que vous avez fait bonne lecture ; je ne sais pas du tout si dans la suite du voyage je trouverai autant de cybers qu'au début. Pour les mails c'est facile, le wifi est fréquent. Pour le blog il faut trouver un ordi...


4 commentaires:

  1. Tout d'abord un grand merci pour ce fabuleux reportage.Comme si nous y étions ! Je t'enverrai un mail plus long ce soir.

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  2. hehe! et bin dites donc, vu ton silence de 10 jours, je me suis sentie obligee de lire TOUT le post, ce qui m'a bien pris 30 minutes!
    j'adoooore les photos des cochons et decue que tu n'aies pas pu vraiment gouter le serpent ...
    Ces differences culturelles doivent etre pas mal deroutantes, enfin bon, j'espere que ta prochaine femme se rendra compte de sa chance :P et ... bien essaye avec la receptionniste!
    bisous

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  3. ah oui fallait que je rajoute, quand meme:
    bien contente que tu aies enfin compris le vrai usage d'un smart phone, en esperant que cela te rende smarter ;)

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  4. pfioooooou, c'est passionnant! quel beau voyage tu sais-là. Bises
    Marion

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