De-Vinh qui je suis!

Sur ce blog, vous pourrez trouver des informations aussi diverses que la fabrication d'étui en peau de varan, l'évolution de mon potager et des conseils de jardinage, des photos de mes voyages, etc etc...
A noter que "bo" veut dire boeuf en vietnamien ! On ne renie pas ses origines!

lundi 21 mars 2011

Part 26 - Les Carnets culinaires d'un pêcheur d'images, Vietnam


Hello, bon cette fois il n y a pas beaucoup de photos mais je poste quand meme la partie 26 dans l habituelle indifference totale, avant qu il n y ait trop de texte...


« Hop saute le riz,

Valsent les photos

Bottes azur, pas de deux ! »

Monette 21 mars

20 mars 2011, Cao Bang

Après une journée de prises de vues exceptionnelle hier (voir part 25), en sera-t-il de meme aujourd'hui?

Je me réveille un peu tard (9h30! D'habitude je me lève vers 7h) et file me balader boitier autour du cou. Le temps de faire un film ou deux, et je croise un couple de français que j'ai vus hier brièvement (j'étais trop occupé sur le moment car je distribuais des tirages). Gilles et Annick sont très sympas; ils prennent des photos et écrivent des articles lors de leurs (nombreux) voyages.

C'est la première fois que je discute avec des Occidentaux à Cao Bang (d'habitude ils ne me remarquent pas et je ne me fais pas remarquer), et ils sont très ouverts car ce sont de vrais voyageurs. Chine, Birmanie, Amazonie et beaucoup d'autres pays - le reve-. A l'instar des américains et des deux Canadiens que j'ai rencontrés, ils cherchent à voyager léger et au plus près des réalités du pays.

On discute assez longtemps, échange nos cartes de visite et quelques infos. Ils m'expliquent que d'après le guide du routard cette partie du pays est difficilement accessible, alors que ce n'est visiblement pas le cas. Ils me parlent de quelques villages autour de Cao Bang avec des marchés aux bestiaux et autres. J'essayerai de me renseigner.

Meme si ça ne m'est arrivé que trois fois, ça fait plaisir de rencontrer des voyageurs finalement apparemment dans le meme état d'esprit que moi.

Comme souvent, je les envie de pouvoir voyager "léger"! Je pense que je serais beaucoup plus libre si mon sac faisait 10kg.

Il y a pire ; la plupart des touristes de mon âge que je rencontre ont un sac de plus de 20kg, énorme qui plus est (et sont souvent étonnés de la taille de mon sac lorsque je leur dis que ça inclut le matériel et les films), plus un petit sac à dos. En fait, je ne sais pas comment ils font pour prendre autant d'affaires...je veux dire, même avec toute la volonté du monde je ne pourrais pas remplir mon sac de 50L si je n'avais pas le matériel photo. Peut-etre prennent-ils dix jeux de vêtements? Ça m'a toujours intrigué.

Après cette rencontre sympa, je continue ma route mais ça m'a perturbé : trop d'informations à la fois, sans compter que c'est la première fois que je parle français aussi longtemps depuis plus de deux mois et demi!

Du coup, je ne suis plus trop "in the mood for pictures", j'ai l'esprit ailleurs!

Je rentre à l'hotel après avoir récupéré une vingtaine de tirages chez Fuji.

Alors que je monte l'escalier vers ma chambre en me demandant ce que je vais manger à midi (je n'ai rien acheté ce matin), je reçois un message de Van, la sœur de Vui, pour m'inviter à manger (ça tombe toujours à pic).

Avec ses parents, nous mangeons des pieds de porc au curcuma et de la langue de porc au citron.

Van me présente leur quatrième sœur, Vien. Celle-ci sort une enveloppe et me sort deux billets de 50, un de 100 et un de 200 euros! Pour savoir si on utilise les memes en France. Mais moi je n'ai jamais eu de billet de 200 entre les mains!

Dans l'ordre donc : Cuong (le frère), Vi, Vui, Van, Vien!!

Elles veulent que je les accompagne pour faire des photos d'un mariage(?) avec elles mais ça ne me dit rien!

Je m'éclipse et rentre à l'hotel en ayant fait trois arrets stratégiques au passage : un sorbet, puis une brochette, puis un flan végétarien (tofu) brulant mais servi avec des glaçons! Je passe deux heures de plus au cyber pour enfin réussir à poster les photos illustrant la part 25. Mais ça m'aura encore fait perdre pas mal de temps...et le soleil disparaît vite en fin d'après-midi. Donc, pas de photos cet après-midi, ou presque. J'ai tout juste le temps de m'acheter un peu de viande et dix rouleaux de printemps.

Pour la viande, ça a été un peu compliqué cette fois. Comme on est en fin de journée c'est 70 000vnd au lieu de 80 000vnd/kg. Mais lorsque je tends un billet de 10 000vnd il pense que je veux négocier le kilo à 10 000vnd (tout de meme...serais-je aussi dur en affaires?)! Il faudra s'expliquer plusieurs fois ; et au final, il m'en donne 250g, et une fois la transaction conclue, m'offre un...verre d'alcool de riz! Ah, ça, on ne m'avait jamais fait le coup! Alors, j'imagine mes amis me voyant ainsi sur le trottoir, à acheter de la viande au bord de la route, à boire un verre avec des bouchers. Drole d'image!


D'autant que maintenant je fais comme les gens d'ici, à savoir, ne pas hésiter à comparer, retourner, choisir, tâter, soupeser les morceaux à la main (bon en même temps, comme vous savez, j'ai surement été boucher dans une autre vie).

En fait, lorsque les vietnamiens et vietnamiennes font leur marché (les hommes achètent plutot la viande), ils sont très exigeants sur la fraicheur et la qualité des aliments. Un fruit avec la moindre tache est soit jeté, soit bradé à 1/3 du prix. Les femmes Hmong, lorsqu'elles m'offrent des clémentines, choisissent toujours les plus mures, les goutent avant de me les donner, et en choisissent une autre si elles les trouvent trop acides pour moi (chua)...c'est pourquoi il faut bien choisir lorsque vous voulez offrir des fruits.

De meme, ils lavent toujours les légumes, fruits, etc, avec beaucoup d'attention, et plusieurs fois. Phuong utilise meme une goutte de permanganate de potassium (apparemment) dans le bain de lavage. Pour la viande, vous verrez les acheteurs hésiter et soupeser tous les morceaux avant de choisir. En outre il est toujours déconcertant de voir des hommes d'affaires en costard cravate s'arreter en moto et soupeser des morceaux de viande.

Les Vietnamiens, s'ils n'aiment pas trop la pluie et la boue, n'ont pas peur de se salir. Mais ils ont toujours des vetements propres, meme sous la pluie!...

Je rédige de temps à autres quelques articles pour le blog, intitulés "les incontournables" et "ce dont on pourrait se passer".

Aujourd'hui j'ai repensé à ce que deux amis plasticiens m'avaient dit il y a déjà plusieurs années (alors que je débutais en photo) ; ils m'avaient fait remarquer que finalement, je composais mes images plus avec des lignes de force et des masses (ou des contrastes) qu'avec des sujets. En d'autres termes, lorsque je cadre je pense plus au "role" du sujet dans la composition, plutot que le sujet lui-meme. Au début, je ne comprenais pas trop car j'attachais justement beaucoup d'importance a ma relation avec les gens.

Au fil des années j'ai de plus en plus constaté par moi-meme qu'effectivement, lorsque je regarde mes images après coup, je vois bien que la composition de l'image prime sur l'importance de la personne photographiée!

Par ailleurs, et aussi étonnant que cela puisse paraître, j'ai très peu de sens de l'observation. Si je prends un portrait de quelqu'un, je serai incapable de vous dire, trois minutes plus tard, de quelle couleur il était habillé ou s'il portait des lunettes! Par contre, je pourrai vous décrire exactement le cadrage de cette image!

Pendant des années, quand je faisais uniquement du reportage en 24x36, il était hors de question de faire "poser" des gens. Ce n'est que depuis un an et demi que j'ai commencé à faire des portraits, après avoir rencontré Ray Wilson qui a installé un studio provisoire au Népal et fait poser les gens - des portraits magnifiques au hasselblad- . C'est là que j'ai réalisé la force que peuvent avoir des portraits.

Mais en Afrique et en Asie, les gens "posent" d'eux-mêmes. Je respecte toujours l'image qu'ils veulent donner d'eux-memes ; s'ils sourient, je déclenche. S'ils ne sourient pas, je déclenche. Meme s'ils regardent ailleurs, je déclenche. Je ne cherche pas à influencer quoi que ce soit. Mon intervention s'arrete à éventuellement enlever du cadre un élément vraiment trop genant (genre sac plastique) ; et encore, la plupart du temps il suffit de se décaler un peu pour cadrer autrement.

Mais la photo est affaire de patience ; la plupart du temps, une fois que tous les éléments sont "parfaits", quelque chose vient vous perturber et il faut tout recommencer, voire abandonner.

Bon...après avoir retardé ce moment autant que possible, il faut que je vous éclaircisse quelques points sur la langue et la hiérarchie vietnamiennes! J'ai donc demandé quelques explications à mon père, mais c'est vraiment trop compliqué! Je vais donc essayer de résumer ce qu'il m'a répondu.

Lorsque je marche dans la rue, on m'appele toujours "Em oi" ou bien "Anh oi".

1)*Tout d'abord, le terme **oi* * *termine un appel (ou interpeller, pour héler ..pour attirer l 'attention et non pour manifester une hostilité) de manière amicale,cordiale (entre frères et soeurs, entre amis, entre personne de même rang...), ou intime (entre mari et femme).. Aussi parfois teintée du respect.

Ce terme *oi* s'utilise souvent lorsqu'une distance physique sépare les deux interlocuteurs. Evidemment le ton des phrases aide aussi pour savoir que *Oi* est pour interpeller, pour appeler et non pas pour engueuler, hostilité, tension.. (jusque là, c'est simple)

*2) dans les relations interpersonnelles, les termes employés au début des phrases déterminent la position de l'un envers l'autre.

Ex : si tu t'adresses à tonton Tam Cô Nhã, tante cô Thuý.. tu commences toujours par Chú (Tam)..Cô (Cô Nhã), et non pas comme en francais ou anglais où tu les appelles directement Nhã, Tam...Thuý..etc...Et puis le ton ex Cô Hong oi prononcé poliment avec respect doit laisser comprendre que tu es au rang de neveu....Comme ça, une tierce personne qui attrape en vol vos conversations sait que tu es au rang de neveu par rapport à Tam, Nhã,Thuý, Hong Hà, Bình.... Dans la rue, si toi et Kim Anh parliez couramment vietnamien, une autre personne peut deviner que vous êtes frère et soeur.. et savoir vos rang respectifs (ca se complique).

3) *les termes Anh,Chi, Em,Con, Cháu, Chú,Cô Bác: en situation où les positions respectives de chacun, chacune sont claires.*

* de même rang : c'est à dire que tu sais parfaitement qui est l'autre, surtout son âge car en Asie et au VN l'âge jour un rôle tres important dans les relations.

*Anh = en général : grand frère, et/ou personne de sexe masculin *Avec Phuong, Liêm (grand frère de Phuong) Trí, Nghiã, : tu sais qui ils sont et leur âge : plus jeunes que toi.. donc ils commencent toujours par s adresser à toi (ou par parler de toi à n importe qu 'elle d'autres personnes) Anh Vinh ,ou Anh Vinh oi..

*CHi = en général : grande soeur et/ ou personne de sexe féminin : rang

supérieur à toi (ou à soi même)*

*Em= en général :Frère cadet, ou soeur cadette : rang inférieur à toi soit par âge, soit par rang dans la famille de tes parents, (ça devient de plus en plus compliqué)*

Rang par age : tu peux appeler en début de phrase en t'adressant directement à la personne EM Phuong, Trí, Nghiã, car ils sont plus jeunes que toi...

rang par fratrie de tes parents : comme dans la tradition, moi, ton père, suis supérieur à Cô Thuý, Cô Nhã, chú Tam, chú Chính (mari de Thúy).. leurs enfant doivent considérer que tu es supérieur à eux, qu'elle que soit l'âge de chacun..Par exemple Liêm, le grand frère de Phuong, qui est plus âgé que toi mais doit s'adresser à toi en commençant par anh Vinh..Par contre Phú qui est moins âgée que Kim Anh, je suppose , ???!!! mais sa mère est ma grande soeur, donc Kim anh doit commencer sa phrase en parlant d'elle à moi, ou à n 'importe qui : Chi Phú = ma grande soeur Phú.. de manière qu'on sache leur position respective dans la hiérarchie..

*CON : en général enfant par rapport aux grandes personnes. Con =mon enfant (toi par rapport à moi, à maman) Toi= votre enfant (toi/tata Thuý, Nhã , tonton Tam, Cô Huong*

*CHÁU = en général : neveu, nièces, et/ou personne que l on considère comme situé au rang de leur enfant

*TÔi :moi, je; 1re personne au singulier. *

à utiliser lors de la première rencontre et quand tu estimes que ton interlocuteur soit a peu près le meme age que toi, ou très neutre sans t 'abaisser* *en terme de rang social.

Par contre utiliser Tôi à une personne assez âgée(par apport à toi) parait comme un manque de politesse et/ou de respect.

Dans la conversation de tous les jours, tu commences par dire (pour te positionner par apport à l'autre personne) *Cháu* à Chú Tam, Nhã, Thúy, Tata Hong, tata Hà, Mon oncle Trung, et tous mes cousins cousines que tu as croisés depuis que tu es au VN.. Et eux aussi commencent la phrase par Cháu en s adressant à toi, ou en parlant de toi aux autres personnes..

Tu peux utiliser ce terme , pour montrer le respect à tes interlocuteurs, à toutes personnes que tu considères (ou supposes) qu ils ont l'âge de tes parents.. par ex les parents de Vui, le vieux forgeron, sa femme, "ta cuisinière.. ou les commerçants que tu trouves un peu âgés..

*Bác : oncle, ou tante mais le rang est supérieur à tes parents : *

Bác Bân, Bác Mai, bác Tang car ils sont plus âgés que moi..s'ils sont plus jeunes que moi,( ce n est pas le cas 'ici), tu les appelles Bác car ils sont mariés à mes cousines Mai, et Nam qui sont supérieures à moi... par ce que leurs mères ('mes tantes) étaient supérieures à ma mère Ta grande mère Bà Noi...* *

Par ailleurs, tu appelleras mon oncle Trung "Ông Trung( mon grand oncle car il a le rang de Ông Nội) et non pas mon oncle Trung tout simplement Ông..

*CHÚ : en général oncle. donc plus jeune que ton père..* chú Tam, chú Chính

*CÔ : en général femme ou fille plus jeunes que tes parents. pour toi *Cô Nhã, Cô Thúy ....Cô Hong Cô Hà car mon oncle Trung est frère cadet de Ông

Nội, donc je suis supérieur à elles*

*

*SITUATION où LES POSITIONS NE SONT PAS CLAIRES :*

Ex au téléphone avec la mère de Vui, d 'emblée j ai dit Bà (madame..) car je ne sais pas son âge.. et pour garder la distance ('on n'a pas gardé les cochons ensemble..) au lieu de dire Chị, ou Cô (personne de sexe féminin et en rang inférieur à moi) comme je dis cô Thuý, Cô Nhã...Si c' était le père de Vui j'aurais pu commencer par Ông (Monsieur.. ) car je ne connais pas son âge.. ou Chú (si je suis certain qu'il est plus jeune que moi et que je le considère comme proche car on s'est déjà vu plusieurs fois : ou Bác si je pense ou crois qu 'il est plus âgé que moi et un peu proche.

Généralement le fait d'appeler Bác les gens que tu juges âgés signifie d'emblée que tu considères qu'ils sont supérieurs à tes parents, donc une marque de politesse et de courtoisie.


Exemple pratique: Cette phrase : *Vinh, as tu mangé?*

Tata Nhã, Thuý, Huong,Chú Tam, Ông Noi : (ils te considèrent comme leurs enfants) diront Vinh, con an com chua? ou Vinh, cháu an com chua? et tu réponds : da =oui (un mot de politesse adressé aux personnes supérieures à toi) con, (ou cháu) an com roi (roi= déjà fait).

tata Mai, Hồng, Hà, tonton Bân, Tang, grand oncle Trung diront: Vinh cháu an com chua? (ils ne peuvent pas encore te considérer comme leurs enfants).

Phuong, Trí, Nghia, ou le fils de Hà diront: (Anh)Vinh, anh an com chua?

Anh an com roi

mais ta cousine à Hue, ou Phú, ou Thoa diront Vinh, em an com chua? ou

eventuellement : Vinh an com chua?


Voilà, vous avez suivi? J'ai déjà lu ce "tutoriel" au moins dix fois...

Le pire, c'est qu'avec cette langue à six tons différents (la langue chinoise en a quatre), je n'ose pas mettre en pratique de peur de faire une bévue! Que dire si les gens comprennent "buffle"(trau) ou chien (chó), soupe de riz (chao) ou bonjour (cháo) alors que je veux dire "cháu" ?

Ou pire, si, croyant me tromper, je dis deux fois cháo chao, interpelant ainsi mon interlocuteur "bonjour, soupe de riz!"...ah, ce serait malin.

Depuis que j'ai confondu hieu et yeu, je me méfie de ces traitres accents! Déjà que quand je dis aux gens "Em di bo" (je vais marcher) j'espère toujours qu'ils ne comprennent pas "je vais bœuf" (bò=boeuf)...

La seule chose qui est claire, c'est que les plus jeunes que moi m'appelent Anh, je les appele Em, et que Lan Anh qui me considère comme son petit frère m'appele Em et je l'appele Chi !

Ce qui est drole dans cette façon d'interpeller ("oi"), c'est que les deux sœurs de Vui qui parlent un peu anglais, m'interpelent toujours en disant "hey you!" au lieu de m'appeler par mon prénom! Un peu comme si elles m'interpelaient "anh oi" en vietnamien!


21 mars 2011, Cao Bang

Ce matin, réveil tardif (en ce moment je me couche vers 3h du matin). Je reçois un appel de Gilles et Annick, qui me proposent de les accompagner sur une petite balade découverte de la rive gauche (coté Lang Son). Avec plaisir, d'autant plus que cela fait longtemps que je n'ai pas marché au hasard. On commence par longer la rivière, puis on coupe vers les (petites) montagnes, dans un coin rural que je ne connais pas du tout.

par terre, un gros paquet de photos de mariage toutes neuves...mystere...

Les discussions sont sympas, ils ont vraiment voyagé partout, c'est étonnant! Sacrée expérience...gilles me montre le magazine "Bouts du monde" pour lequel ils écrivent des articles et me donne le contact du rédacteur en chef pour que je propose de publier un portfolio. Pourquoi pas? Je verrai ça à mon retour.


Nous marchons un peu moins de quatre heures dans la campagne sur une route de terre désertée. Vers la fin nous passons un moment à discuter avec des gens très gentils rencontrés devant l'unique boutique sur quelques kilomètres. Au départ ils sont surpris car ils ne savent pas si Gilles et Annick sont mes parents!

Cette promenade au hasard était bien sympa ; mais il fait très chaud ; 32° apparemment, je n'aurais pas imaginé qu'il puisse faire aussi chaud dans cette partie du pays alors qu'on m'avait prédit que du froid humide (ce qui est le cas lorsqu'il pleut). Je garde soigneusement mes 200g de gel de silice intacts pour les utiliser en dernier recours lorsqu'il fera réellement humide trop longtemps (pour mes films et les optiques).

En tout cas on transpire à grosses gouttes, je me croirais dans le delta.

On m'a souvent demandé pourquoi je n'achetais pas mes films sur place, et pourquoi je ne les fais pas développer ici.

Pour la première question, il est clairement trop risqué de compter trouver des films noir et blanc de qualité et surtout "frais" (comme les émulsions sont vivantes, elles s'altèrent vite à la chaleur et avec le temps, c'est pourquoi on les garde au frigo ou au congélateur). En fait je n'en ai jamais vu au vietnam. Et encore moins des films 120!

Ensuite, pour la question de développer en labo...faites moi rire! Personne n'a jamais, et ne développera jamais, mes films, et encore moins à l'étranger. Tant pis s'il faut attendre le retour et avoir un boulot monstre! (je pense aux 200 feuilles pour planches contact, et aux dizaines de litres de chimie à préparer). Si je déteste les photographes amoureux de leurs images (et de leur image), en revanche je ne suis que trop conscient de l'importance d'un bon développement pour pouvoir faire par la suite des bons tirages. Je n'ai pas ouvert 35mmsousterre pour rien!

On se sépare sur des promesses de garder contact grace à nos blogs respectifs ; c'était vraiment une rencontre sympa.

Après une douche plus que jamais méritée, je sors faire mon "tour quotidien" que j'ai raté ce matin (du coup j'ai des tirages "en retard").

Bonne surprise : les 4 femmes Hmong, qui m'avaient promis il y a trois jours de m'amener une tunique, sont rentrées hier dimanche dans leur village (lequel?) et me montrent un bel ensemble traditionnel pour homme (je n'ai jamais vu d'homme Hmong), entièrement fait à la main. Tout est cousu main, je ne sais pas de quels types de tissage et tissu il s'agit.

Bizarrement, le tissu est presqu'entièrement noir, alors que leurs habits à elles sont bleu très foncé. Est-ce que ça s'éclaircira au lavage? Est-ce que le tissu a une origine différente?

On ne discute pas vraiment du prix ; on en a déjà parlé avant-hier : apparemment la tunique seule coute 11 euros, et avec le pantalon, 18 euros (500 000vnd). (je n'ai aucune idée de la valeur de ces habits mais j'ai cru comprendre qu'ils demandaient 5 mois de travail en tout?). Le patron est assez compliqué ; mais le coté visible est entièrement noir uni. Les rares pièces de tissu blanc sont en fait coté intérieur, invisibles. Tandis que les tuniques des femmes sont plus décorées.



En fait, je baisse le prix de 100 000 par principe, puis, une fois payé, je finis par redonner 100 000 de plus car celle qui me la vend semble réellement déçue ; je pense qu'elle doit redonner 300 ou 400 000vnd à la personne de son village qui l'a faite, donc c'est normal qu'elle puisse y gagner un peu. Bien que je n'achète jamais de vetements, vu que mon imperméable d'usine basique a couté 200 000vnd au père de Vui, ça m'a fait réaliser que pour une tunique entièrement faite à la main...



En fait je suis content car je pense que ça permettra de leur apporter un peu d'argent, sans pour autant le leur donner "sans raison". D'autant plus qu'il n'y a aucun de ces habits en vente dans les villes que j'ai croisées ; cela doit se trouver uniquement dans les villages, et ils ne sont visiblement pas destinés à être vendus aux touristes (sinon, on en verrait au marché, comme à Dalat). C'est pourquoi je le leur avais demandé directement, sans trop y croire. Elles avaient d'ailleurs été surprises.

Il n'y a pas de ceinture...et je n'en ai pas. Je file au marché couvert, rayon pêche (oui, oui...je me suis déjà arrêté la plusieurs fois...un jour...suivez mes pensées...la rivière est à 20m de mon hotel), je demande un morceau de corde plate verte et explique que c'est pour me faire une ceinture ; la vendeuse, hilare, qui pourrait etre ma grand-mère, me dit que c'est trop moche et veut m'emmener acheter une vraie ceinture! Mais je rigole en lui montrant que je la cacherai sous le t-shirt, voilà tout! Quand je pars, je l'entends encore rigoler dans mon dos.

Je me change à l'hotel pour essayer mes nouveaux habits ; j'hésite à sortir avec car qui sait ce que cela peut signifier?comment cela sera-t-il perçu? Quelles réactions? Rires? Mal vu?(je ne sais pas, peut-etre que ce serait considéré comme insultant par les femmes hmong que je ne connais pas ; avec toutes ces différences de cultures, je pourrais commettre une gaffe facilement) Pour savoir, il faut essayer...

Je crois que je ne me suis jamais senti aussi...observé! Plutot un regard amusé...lorsque je vais voir les femmes hmong, un attroupement de 15 personnes se forme autour de nous, tout le monde rigole (surtout les hommes), et je demande à un des hommes de nous prendre en photo (mais évidemment, comme à chaque fois que je demande à quelqu'un, c'est flou).

Un autre homme (pas Hmong pourtant) me montre comment attacher le pantalon très haut puis le replier plusieurs fois sur lui-même. Les gens, ça les fait trop rire lorsqu'ils voient un bout de votre ventre!

Bon, les gens n'ont pas vraiment l'air de mal prendre le fait que j'essaye de porter un habit d'une minorité ethnique que je ne connais d'ailleurs pas...on verra la prochaine fois si j'ose les porter (en tout cas c'est très agréable). Par contre, habillé ainsi il est impossible de marcher discrètement!

Affiche sur le mur du cyber :

"De thuoc la chay ban phai boi thuong"

"vous devrez compenser si vous brulez quelque chose avec votre cigarette"

sic ...


6 commentaires:

  1. Man, je suis impressionne, a chaque fois un peu plus, de voir a quel point tu t'impregnes dans ce voyage et probablement a quel point ce voyage s'impregne en toi. Tes relations avec les personnes que tu rencontres semblent sinceres et fortes, et je suis sur que cela transpire y compris lorsque tu portes une tenue de minorite. Et personellement je crois que "Tous" aime partager tant que l'offre n'est pas "abusee", et je ne crois pas que tu en abuses.
    Enjoy.

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  2. :) c'est bon de voyager avec toi :) je ne loupe aucun épisode!

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  3. Bonsoir Vinh,

    Merci, juste merci.

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  4. Excellent, continue ! c'est un vrai plaisir. C'est beaucoup de boulot et tu as peut-être peu de retour... mais ton partage est d'une richesse immense !
    Bon maintenant que tu as la tenue, quand vas-tu visiter le village Hmong ?

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  5. Bien sympa ! Du coup, je suis retourné à mon journal de bord. Ca fait presque 2 ans qu'on n'a pas repris la route et ça nous manque horriblement ! Lire les anciens voyages, c'est entre plaisir, nostalgie et déprime. On repart avec toi quand tu veux... Salut et fraternité

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  6. Bien sympa ! Du coup, je suis retourné à mon journal de bord. Ca fait presque 2 ans qu'on n'a pas repris la route et ça nous manque horriblement ! Lire les anciens voyages, c'est entre plaisir, nostalgie et déprime. On repart avec toi quand tu veux... Salut et fraternité

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