De-Vinh qui je suis!

Sur ce blog, vous pourrez trouver des informations aussi diverses que la fabrication d'étui en peau de varan, l'évolution de mon potager et des conseils de jardinage, des photos de mes voyages, etc etc...
A noter que "bo" veut dire boeuf en vietnamien ! On ne renie pas ses origines!

jeudi 24 mars 2011

Part 27 - Les Carnets culinaires d'un pêcheur d'images, Vietnam

Partie 27 : sequence minorites ethniques, explications sur les Nung et les H'Mong, et haikus vietnamiens ! ( l horreur a poster...il y avait 400 mo de photos a envoyer...j ai du cumuler les heures de cyber)

22 mars 2011, Cao Bang

Aujourd'hui j'ai passé presque tout mon temps avec les 4 femmes Hmong.


J avais remarque depuis longtemps ce panneau bleu derriere avec le couple...et voulais l inclure dans la compo.

J'ai amené mon petit carnet et un stylo pour communiquer plus facilement.vous vous rappelez quand je vous ai dit que communiquer par gestes ne marche pas ici? Par exemple : depuis deux jours elles me demandent avec insistance quelque chose du genre "tên là gi". Je n'ai pas compris, malgré leur insistance, le sens de cette phrase qu on ne me demande jamais.


Ce n'est qu'aujourd'hui, en essayant de savoir leurs prénoms (en écrivant le mien), que j'ai appris que ça voulait dire "quel est ton nom?"...alors que dans les pays ou je suis allé, on se désigne, puis on désigne l'autre personne pour avoir son nom...eh bien ici ça ne marche pas!!
Elles s'appelent donc Hop, Minh, Thim, Bach. Hop et Minh ont 33 ans. Ce sont les deux les plus patientes et prévenantes. Bach a 65 ans.


Bach


Pendant qu'on essaye de communiquer par écrit, je réalise qu'elles ont beaucoup de difficultés à lire et écrire (lorsque j'écris leur phrases à phuong, elle ne comprend pas). Minh me demande si elle peut garder le stylo bic(je vous avais dit que les gens n'ont jamais de stylo). Apparemment elle est vraiment touchée par ce "cadeau" à 3000d...ces 4 là ont deux mots pour dire merci, que je ne connais pas (pas entendu ailleurs), accompagné d'un hochement de tete, les deux mains ouvertes comme lorsqu'on reçoit quelque chose. Merci, façon Hmong?

Je m'empresse d'aller me racheter un stylo pour moi.
Notez que ca n a rien a voir avec le "donne moi le bic" africain, sempiternelle phrase malheureusement entretenue au fil des ans. Simplement, Minh m a toujours beaucoup touche et je me dis qu elle a probablement un ou plusieurs enfants dans son village de montagne.

Pendant une matinée entière j'essaye désespérément de faire une photo de nous deux ; mais c'est peine perdue! Elle ne se trouve pas belle alors refuse de se mettre debout. Et quand enfin elle est d'accord, impossible d'avoir une photo décente car personne ne sait utiliser un compact numérique; soit on ne voit rien, soit c'est tordu (50% des cas), soit c'est flou (90%), soit il y a un doigt sur l'objectif (30%)...soit on n'appuie pas sur le bouton (90%).
Par contre quand je fais un autoportrait avec elle, pas de soucis...
Je rentre me changer car je me fais trop aborder avec ma tunique hmong, et bien que les gens rigolent, je me sens pas très à l'aise!

(le chien qui avait peur de la petite souris - veridique)


J'ai l'impression que ces vetements sont assez précieux à leurs yeux, rien qu'à la façon dont elles les ont pliés et dépliés pour moi hier, et à la façon dont elles portent les leurs. Je pense qu'elles sont fières de porter cette tunique qui montre leur appartenance à cette ethnie.


le gerant de mon hotel est passionne d oiseaux... il en a une douzaine je pense. Cette cage en bambou est particulierement magnifique, vous ne trouvez pas ?...
Tous les jours ils les sort, les soigne, leur parle, les ecoute, les emmene en moto pour leur faire prendre l air et rencontrer d autres oiseaux de passionnes...(veridique). Bien que je n aime pas le concept d enfermer des animaux, je suis tres touche par l amour qu il leur donne.


Ce que je veux dire, c est que certes il les enferme, mais en meme temps il passe ses journees avec eux a les soigner... Par exemple, ses amis viennent souvent avec leurs oiseaux pour que ceux ci puissent discuter entre eux, alors que nous les occidentaux avons parfois des chiens avec une liberte toute relative...

Un arrêt cyber pour poster la part 26 car elle est déjà trop longue à digérer avec tout le texte explicatif sur la hiérarchie...

(un collegue s est installe a cote de mon coiffeur)

A 14h30, je me rends à la gare, car Binh a fait envoyer mon passeport ce matin à 7h de Hanoi, en donnant le paquet bien scotché au conducteur du bus Hanoi-Cao Bang. Après avoir pesé le pour et le contre je m'étais dit que c'était plus sur que d'envoyer par la poste car au moins on a un horaire, un numéro de bus,etc.
En fait le gérant de l'hotel est déjà là à attendre ; Binh l'ayant prévenu. Le bus arrive vers 15h, et le conducteur me tend le paquet contre 50 000vnd. Voilà, un souci de moins! Le prolongement de l'exemption de trois mois a couté seulement 10 dollars, mais c'est le parcours du combattant.


Ces deux derniers jours, je vois des gens decouper du papier pour faire ces sortes de decoration en papier... il doit y avoir une fete dans les prochains jours, mais quoi ?

J'ai trouvé par hasard du lait de soja chez une vendeuse de tofu ; et en achète 1 litre pour les femmes Hmong (6000d le litre). Savez-vous comment faire du lait de soja?
D'après mes souvenirs (mes parents en faisaient régulièrement), il faut faire tremper pendant une nuit 100g de graines de soja jaune décortiquées ; puis, les rincer et les mixer. Ajouter un litre d'eau, faire bouillir dix minutes (attention, ça mousse), puis filtrer le lait obtenu à travers un tissu.
Pour faire du tofu, ajoutez du nigari (sorte de sel), qui va faire coaguler le lait de soja ; il ne vous restera plus qu'à égoutter et tasser dans un moule carré.
Bah...facile, non?

Pendant qu'on discute, tout à coup Hop dit un mot et c'est la panique générale ; j'aperçois la raison de cette agitation : une camionnette de policiers qui arrive au carrefour...en à peine vingt secondes, les quatre femmes ramassent tout et quittent le bord de la route aussi vite que possible. À peine la camionnette arrêtée à mon niveau, un homme sort et court après Minh pour lui confisquer sa balance et se servir en fruits (hélas, j'ai déjà vu ça plusieurs fois).


Notez que c'est pour cela que Hop, Minh, Thim et Bach attachent leur balance aux paniers avec une cordelette...Heureusement, Minh est déjà derrière la barrière alors il renonce..j'ai à peine le temps de me retourner, les 4 femmes sont parties dans quatre directions différentes...Je suis Hop, la plus proche, qui m'amène à l'endroit ou elles stockent leurs clémentines.


Ce sont des gros sacs dont le poids est inscrit dessus ; entre 50 et 55kg. Je demande à Hop combien de kilos elle porte sur son épaule dans les deux paniers : 30kg.

En vingt secondes, la place est vide.

J'ai vu cette scène plusieurs fois : les policiers débarquent en voiture, prennent tout ce qu'ils peuvent (fruits, tabourets, balances, paniers...), sans préavis, sans rien, et remontent illico dans leur véhicule et disparaissent avec leur butin. Officiellement c'est pour dissuader les vendeurs ambulants au bord de la route...alors pourquoi pas se servir au passage?
Ce sont les memes hommes qui rackettent à tout va les voitures et bus sur les routes. Ce sont également eux à qui il faut graisser la patte et flatter l'égo pour signer le formulaire pour le visa...

En réalité, cela ne fonctionne pas trop car le risque encouru ne suffit pas à les dissuader de gagner leur vie au bord de la route ; et deux heures plus tard je retrouve mes 4 femmes Hmong à l'endroit habituel...elles doivent etre habituées à de telles interventions d'hommes dont la lâcheté n'égale que le mépris envers ces femmes. Vous l'auriez vu, ce jeune coq avec son béret et sa veste de policier, et son air supérieur...meme moi j'ai préféré me retrancher derrière la barrière pour éviter tout ennui, mais je l'ai trouvé pathétique.


Ce petit taquet en bois empeche le panier de glisser de l axe en bois lorsqu elles marchent.

J'apprécie bien ces femmes. Elles sont vraiment différentes. Je ne pourrais pas vous dire si leur niveau de vie est différent ; c'est difficile à deviner...mais elles sont courageuses et semblent bien acceptées des hommes et femmes.
Hop m'explique qu'elles habitent dans un village à 30km et qu'elles n'y retournent que le samedi ou le dimanche. J'ai vraiment envie d'aller voir, mais comment le leur expliquer? Je leur demande si je peux venir avec elles mais elles comprennent peut-etre que je veux y aller ce soir, et me disent que c'est trop loin. Je reessayerai de leur expliquer demain.
Les journées ensoleillées passent tellement vite, je n'arrive jamais à faire tout ce que je veux, et reporte toujours au lendemain.

Pres du quartier en demolition, dans la continuite des travaux pour elargir la route, on prevoit de refaire le pont.


Seul probleme : la maison en arriere plan est exactement dans l axe du pont et sera rasee...

Tous les soirs vers 5h, une vendeuse ambulante d'oeufs de canard couvés fait sa tournée ; et s'arrete à ce carrefour. Minh insiste pour que j'en prenne un - je n'en ai pas mangé depuis le delta avec Thao, car je trouve que ce n'est pas quelque chose qu'on mange tout seul sur un tabouret-. On le sert avec du gingembre au vinaigre, des feuilles de menthe, sel, poivre et feuilles de rau ram, et...une petite cuillère!


La dernière fois je vous ai envoyé une photo d'un tabouret en bois, minuscule. Mais la plupart des échoppes ou vous mangerez ont des tabourets en plastique plus hauts : 25cm de hauteur. Le problème, c'est que les tables ne sont pas plus hautes qu'un genou vietnamien. Donc, au final, il est impossible d'étaler ses jambes sous la table. Du coup, vous ne pouvez pas vous approcher de la table puisque vos genoux vous en empêchent! Alors soit vous vous contorsionnez pour mettre vos jambes sur le coté, soit, comme moi, vous choisissez un coin de table afin d'avoir plus de place.

Mais les Vietnamiens peuvent passer des heures accroupis à ras du sol, en équilibre, sans tabouret ; moi je n'arrive pas à tenir ainsi plus de dix minutes : on a mal aux cuisses, aux mollets, aux genoux...

En rentrant à l'hotel, j'achète pour 5000d de ce que je suppose etre des mangues vertes en pickles ; mais c'est un légume (ou fruit) inconnu, dans du vinaigre pimenté et sucré. Je n'ai aucune idée de ce que c'est. Finalement c'est assez rare de manger des aliments que je ne connais vraiment pas ; en général je devine à peu près ce que c'est.


Ici un paquet de legumes sichuan chinois (sorte de navet en tranches dans du piment et de l huile)

Je mange très rarement des beignets mais j'ai tout de meme gouté un de ceux-ci (2000d) ; la pate, moulée dans une sorte de moule à muffin (note pour ma maman : non non, ce n est pas un moule a orgonite, c est en aluminium) , est farcie avec un unique minuscule morceau de viande de porc aux 5 parfums. On le mange avec des navets rapés trempés dans du nuoc mam.


Enfin, en fin d'après-midi, une femme vend des banh nam géants au coin de la rue ; ils coutent 4000d, sont farcis à la viande, et sont servis avec un bouillon brulant et du piment aux bambous (je n'ose appeler ça des bambous aux piments). C'est léger, c'est bon, c'est rigolo, et vous pouvez observer le carrefour Lang Son/Hanoi/Cao Bang.


Demandez moi ce que vous voulez, et je vous dirai ou et a quel heure les trouver ! Certaines echoppes ont des horaires et des lieux tres specifiques.


Ce qui est bien avec les banh nam, c est qu ils sont emballes dans du bananier...(tas de droite), c est mieux qu un tas de sacs plastiques !

Je remarque que pour gagner leur vie, les gens concilient plusieurs activités. Exemple, la gérante de mon hotel qui vend sa viande tous les jours devant l'entrée. Ou les magasins de téléphone qui vendent aussi de la nourriture. Le coiffeur devant l'hotel qui vend des fleurs au marché le dimanche. Etc etc...


Maintenant les gens qui me connaissent un peu me demandent systematiquement mon carnet pour qu ils y ecrivent la phrase qu ils veulent me faire comprendre.

Ce qui m'a le plus étonné en discutant avec Gilles et Annick, c'est qu'ils ont lu ou entendu que les vietnamiens n'étaient pas vraiment sympas et vous arnaquaient à tout va ; et que meme dans le guide du routard on vous dit que c'est tout à fait normal, en tant qu'étranger, qu'on cherche à vous faire payer plus cher. Eux-memes étaient étonnés de ces affirmations réductrices et pessimistes...et pensent, comme moi, que trop de tourisme entraine forcément un changement néfaste des mentalités. Dans cette région du Nord, les guides ne parlent que de Sapa.

Nous avons également parlé de la propreté au Vietnam ; il est vrai que si au premier abord vous serez choqué de voir les gens jetter tout par terre, en revanche les rues restent propres car on balaye tout à la fin de la journée pour faire des tas qui sont ramassés à la tombée de la nuit par les éboueurs (à pied et en camions-bennes).

C'est l'un des paradoxes vietnamiens : meme chez Vui dans sa salle à manger, on jette les os par terre, mais dès le repas terminé, on passe le balai.
Par contre, on n'hésitera pas non plus à jetter les sachets, bouteilles et autres par la fenetre des bus ou des trains ; et ceux là s'accumulent au bord des routes...

Ces sachets plastique m'embetent ; mais je ne trouve pas de tupperware pour pouvoir m'en affranchir lorsque j'achète à manger à emporter...je pourrais ainsi remplir mon tupperware et le ramener à l'hotel...


Mes chaussures n ont pas trop apprecie de passer de quatre jours de pluie a quatre jours de canicule... le cuir s est retracte d un coup ! J ai achete du cirage.

23 mars 2011, Cao Bang

"Jour gris,
Devant mon hotel
Une invitation"


Ce matin, je sors à 9h avec la ferme intention de faire quelques images ; mais je m'arrête devant l'hotel car il fait trop gris. Du coup je discute avec une jeune bouchère à qui j'avais essayé d'acheter son couteau la semaine dernière (je ne lui ai parlé qu'une fois en un mois, car elle est très timide ; mais elle m'avait offert des fruits). Si j'ai bien compris, elle a 19 ans et s'appele Nhung. Elle est rayonnante, magnifique et souriante. La gérante de l'hotel me dit qu'elle appartient à l'ethnie Nung, qui est en fait l'ethnie des femmes que je croyais Hmong. Donc c'est une tunique Nung que j'ai ; les Hmong auraient des tuniques beaucoup plus longues. Par curiosité je lui demande ou est son village.


Bon par contre elle n aime pas qu on la prenne en photo...
J ai du user de toutes mes strategies (feinter, tourner autour du pot...)


C'est Nga, la gérante de l'hotel, qui sert d'intermédiaire car elle est plus habituée a utiliser des mots simples avec moi, et à les écrire. En fait, très vite, Nhung et son mari me proposent de venir voir leur maison et leur jardin (je leur ai donné des sachets de semences ce matin)! Ce qui me surprend un peu, mais c'est l'occasion revée! Le village est à 20km au nord ouest. Ils proposent de venir me chercher demain vers 11h après qu'ils aient vendu leur viande.

Nga m'explique également qu'il y a un village Hmong trente km au nord du village Nung, et que le mari de Nhung pourra peut-etre m'y emmener!
Enfin, elle me dit que le village des 4 femmes que je connais (des Nung, donc, pas hmong), est à trente km à l'opposé, au sud-Est de Cao Bang, et qu'il y a de "très beaux couteaux là bas". Ah, c'est malin de me dire ça!!! On me le dira pas deux fois! J'irai donc très prochainement!!il faut dire que je lui ai montré tous mes couteaux, lui expliquant que j'aime cuisiner. Je lui ai montré une photo qu'emeric a sorti des archives 2005, de moi les cheveux longs avec une énorme tete de porc dans la marmite!


Bon allez, je me lance :

"Nhung dep lam
thich dao
Da heo"

Bon c'est mon premier haiku en vietnamien alors vous comprendrez qu'il soit très basique!!(prononcer Ya heo et yao a l'accent du sud; sinon prononcer za heo et Zao dans le nord)

"Jolie Nhung,
Aime les couteaux
Peau de cochon"

(j'ai hésité entre Nhung et Nung, puisqu'elle s'appele Nhung mais son ethnie est Nung)

Bref, que des bonnes nouvelles, tout ça! Sincèrement, je ne pense pas que l'on m'aurait proposé ça si j'étais juste un touriste de passage. En meme temps, je n'aurais jamais osé demander.
Je vous avais dit que je voyais très peu de minorités ethniques ; mais en fait c'est parce que certaines portent des vetements normaux (comme Nhung) et pas de bijoux ou coiffures particulières...impossible à deviner!



Mais par contre, pour la premiere fois je vois une vraie H'Mong ( c est Nhung, la Nung, qui me dit que cette femme est une H'Mong) ; effectivement ces tuniques vertes sont reconnaissables! pourquoi n en ai jamais vu avant?

Le reste de la journée je ne fais rien de spécial...le soir m'achète un cou et tete de canard et des légumes. Xau me fend la tete du canard en quatre!

"Couper la poire en deux,
Ou la tete en quatre,
C'est de l'art ou du cochon?"

Après le repas je descends discuter avec Nga ; elle m'explique que finalement Nhung et son mari ne vendront pas de viande demain, et que c'est elle qui prend le relais. Ils viendront donc me chercher à 8h.

Nga me dit qu'elle essaye d'apprendre un peu d'anglais dans un bouquin, probablement pour pouvoir parler l'essentiel avec les touristes de passage. Je lui offre mon petit phrasebook que j'avais acheté à Hcm, et qui m'a très peu servi ; et lui dis que si elle n'arrive pas à prononcer, au moins ça pourra aider les touristes à traduire leurs phrases-clés en vietnamien! C'est un cadeau utile.

"Tu Dien Anh-Viet,
Hai xoai ngon,
Hai hoc sinh gioi"

"Dictionnaire anglais-viet,
Deux bonnes mangues,
Deux bons étudiants"

(je suis pas sur du gioi)

Du coup, on passe ving minutes à s'apprendre quelques mots d'anglais et de vietnamien! J'ai toujours le petit dictionnaire anglais-viet que Tam m'a offert à Dong Ha, et si ces cours du soir deviennent fréquents, je me rachèterai un autre dictionnaire viet-anglais pour remplacer celui que j'ai offert à Vui - le laisserai à Nga en partant.

Petit à petit, on arrive à se comprendre. Elle me dit qu'il n'y a pas d'hotels dans ces villages mais que si le mari de Nhung m'y emmène en moto, je peux rentrer dans l'après-midi.

"ngay mai,
Mot xe may,
Nuoc Hai'

Bon celui ci ne marche QUE en vietnamien puisque j ai joue sur les trois rimes en ay...

"demain,
une moto,
Nuoc Hai"

En outre, elle m'arrondit le prix des douze dernières nuits (j'avais négocié juste le premier jour, maintenant au bout de 25 jours je pourrais négocier plus mais je n'en ai pas envie car ils sont très arrangeants!) et me dit qu'elle ne me fera pas payer la nuit de demain meme si je laisse mes affaires (il faut dire que j'ai un peu investi la chambre et le frigo). Sympa.

Comme elle vend de la viande deux jours sur trois, je lui demande à combien cela lui revient. Elle m'explique qu'un buffle fait 80kg(?? Je vous avait dit que les animaux étaient tués jeunes, et pour avoir soupesé la tete moi-meme, c'est plutot un veau-buffle,pas étonnant que la viande soit toujours tendre - en plus la dernière fois j'avais acheté du filet) et coute 110 euros. Un cochon pèse 60 à 80kg et coute 45 000vnd (1,60eur) le kilo à l'achat. Dans les deux cas, ces deux viandes se revendent à 80 000vnd (2,85eur) au détail, désossées.
Donc, pour résumer, si elle obtient 50kg de viande de son buffle de 80kg, elle fait un bénéfice de 30 euros.


Cette photo n etonnera personne...

"Hom nay,o khach san,
Mot trau
Ngay mai, mot heo"

"Aujourd'hui,a l'hotel,
Un buffle
Demain, un cochon"

Parlant de chiffres, j'ai un peu progressé et comprends jusquà 999 000...la calculette achetée au tout début du voyage (achetée non pas pour calculer mais pour que les gens puissent taper un prix lorsque je ne comprenais pas), ne m'a finalement jamais servi. Je vais la donner.
Je sais aussi que beaucoup de gens ont voulu m'acheter ma montre, achetée 7 euros sur ebay exprès pour le voyage (pour me servir de réveil), et j'ai prévu de la donner en partant.

En remontant dans ma chambre elle me donne un bol de "rau dua cai bap", mélange de chou émincé et le légume "frais" inconnu, feuilles de rau ram et vinaigre, le tout étant croquant. Ce n'est pas la première fois qu'elle me donne des choses, mais je pense que si elle ne m'a jamais invité à partager leur repas, c'est peut-etre parce qu'elle n'ose pas.

La nuit, après 19h il n'y a pas grand monde dans les rues, mais je sors acheter deux yaourts ; j'ai juste mon pantalon Nung et une veste normale, il fait nuit, la mairie a oublié d'allumer un lampadaire sur deux, et pourtant la première chose que les gens remarquent, c'est ce pantalon noir, très large...et ils rigolent...donc meme sans la tunique on le reconnaît...c'est malin, je dois renoncer à le porter si je ne veux pas attirer les regards en marchant, meme de nuit!


La mere de Xau se lave les cheveux devant l echoppe

24 mars 2011, Cao Bang



Les deux jeunes maries (2010)

Ce matin, finalement Nhung et son mari Sõn sont venus vendre de la viande ; nous partirons donc lorsque tout sera vendu (je suis habitué à ce que le programme change tout le temps ; mais dans le doute, faites comme si vous partiez au premier rdv indiqué, comme ça vous êtes toujours prêt).


Mi-femme, mi-canard ?

J'en profite pour rester avec eux toute la matinée. J'ai compté mes films en stock et il ne me reste que 25 films 120 ; et le reste en 135...
A midi nous partons vers leur village Nuoc Hai. Jusqu'au village, tout va bien. Mais Nhung habite à dix kilomètres du village. 10km interminables sur toutes sortes de chemins ou je n'aurais même pas pensé qu'on puisse circuler autrement qu'à pied ou en tracteur : gadoue, cailloux, trous, crevasses, goudron frais (là au moins les pneus collent à la route) eau, on a tout fait. Dans les pires moments je me suis dit que garder les yeux ouverts et ne s'accrocher à rien, était la meilleure solution en cas de décollage forcé. D'autant que dans mon dos il y a trois couteaux à viande, une planche à découper et des morceaux de cochon.
Pourtant, je ne suis pas vraiment froussard à moto ; mais à Dong Ha sur le pont en bois recouvert de boue je pensais avoir vu le pire ; comparé à aujourd'hui, c'était de la rigolade...


Très vite nous passons dans des paysages magnifiques ; j'insiste car d'habitude ça ne me touche pas trop...mais là, c'est trop beau.
Je m'explique : je sais que Cao Bang est une région montagneuse ; mais autour de la ville ce sont plutot des petites montagnes. Ici, je suis face à des montagnes majestueuses, qui ne rentrent pas dans mon viseur.

Nous arrivons à la maison de Nhung. Je ne sais pas comment vous décrire ce que j'ai vu ; il n'y a pas de mots.


Des champs à perte de vue. Au pied des montagnes. Visions époustouflantes. Au milieu des champs, d'étonnantes montagnes miniatures en tous points semblables à celles en arrière-plan.




Dur d avoir l attention de tout le monde y compris le chien !



Des lignes de plants très régulières, parfois suivant la courbe des canaux d'irrigation. Le vert vif d'un légume inconnu, et le vert plus foncé des choux. Une rivière d'une eau limpide comme nulle part ailleurs.

En fait, tout est beau. Je me rends compte de la chance que j'ai de voir cette scène.
Il fait gris (après 4 jours de canicule...c'est malin), hélas. Mais le lieu est tellement beau que je fais quand meme un premier film à 20m de la maison. Pas besoin d'aller loin. Pas besoin de se faire discret ; ces agriculteurs loins de toute ville sont encore plus gentils qu'à Dong Ha (là ou j'avais passé une semaine dans les rizières...ici, c'est dix fois plus beau) et m'appelent de loin. De très loin, même. Et le silence...quel silence! Un silence dont j'avais oublié l'existence, le sens même du mot, un silence meme incomparable à celui que j'avais ressenti à Vinh Long lorsque j'étais allé dans le hameau d'en face. Un silence reposant et magique. Jamais en trois mois de voyage je n'ai eu ce privilège, même la nuit...

Mangeoire en bambou

Je rentre manger avec mes hôtes, de la viande bien sur (après tout, ce sont des bouchers) : buffle et abats de porc, chou du "jardin" (ou devrais-je dire du champ) que Nhung a cueilli avec moi sous le regard des montagnes.


Sõn me montre des épis de maïs dans la mezzanine au dessus du feu de la cuisine. Visiblement ils sont noirs de fumée ; mais pour quelle utilisation?

Le garage et les enclos a cochon et buffles...au pied des montagnes comme je vous disais !



La maison est plus grande que celles que j'ai pu visiter jusqu'à maintenant ; mais elle est très vide. Ce qui vous étonnera le plus lorsque vous visiterez des maisons vietnamiennes, surtout à la campagne, c'est l'absence de matelas. Dans le meilleur des cas il y a un sommier sommaire et éventuellement une natte. Parfois, on dort par terre sur une natte.
Et souvent, il n'y a pas de toilettes du tout (en campagne).

Nhung me fait gouter des grains de maïs soufflés ; c'est très bon, ça n'a rien à voir avec du popcorn et je m'en remplis les poches. Il est temps de ressortir avant qu'il soit trop tard. Il faut faire vite...je perds un demi-diaph toutes les 20 minutes, c'est déprimant! Déprimant car le lieux est magnifique, les gens aussi, et la lumière est exécrable...et empire. Je fais trois films avant qu'elle devienne ingérable.



Un jeune agriculteur me prend en photo avec son téléphone. Je lui demande de faire un portrait de moi devant la montagne.



Ces montagnes sont tellement hautes que je suis obligé de faire les photos à hauteur de genoux et en légère contre-plongée. Evidemment l'idéal aurait été avec le bessa et 21mm...mais je n'ai pris que le mamiya, faute de poids.
Meme si je sais que ces photos seront très fadasses à cause de la lumière plate et molle (comme les 3/4 des images que j'ai faites au vietnam - on peut pas choisir le temps qu'il fait), je m'amuse bien tout de meme.
Je sais que je n'aurai surement pas d'autre occasion. Si vous ne voyagez pas en moto vous n'avez aucune chance de vous retrouver ici ; il n'y a même pas de route...
Alors je profite et fais des photos numériques pour vos yeux.



Hélas, ce petit moment euphorique prend fin lorsque ma cellule descend en dessous du fatidique 125/f:4...car ouvrir à 2,8 ou descendre à 1/60 au 6x6, c'est du pareil au même : déception assurée (sauf sur sujet fixe). Même à f5,6 c'est très limite, la profondeur de champ est trop faible.(dans l'absolu, j'ai déjà fait des photos au 1/15s a main levée et à pleine ouverture, mais c'est un cas extreme à éviter).

Ici j ai voulu utiliser les diagonales dans ma compo




Triste mais content, Tôi vê nhà cua Nhung (je rentre à la maison de Nung.
Sõn m'emmène dormir chez lui, dans le centre du Nuoc hai. Donc re-dix km interminables avec le cœur qui saute sur chaque bosse.
Par contre sa mère, un peu froide au départ, devient assez méprisante et rustre lorsqu'elle voit que je ne parle pas vietnamien - même lorsque Sõn lui explique pourquoi. D'ailleurs elle dit à son fils qu'il devrait me demander de l'argent pour le repas et la nuit - ce qu'elle ne sait pas, c'est que j'ai compris ses propos - .

En temps normal j'aurais accusé le coup, mais en fait ça m'est égal car j'ai encore le paysage des montagnes dans l'esprit. Bien sur, comme à chaque fois, j'ai déjà prévu de donner une certaine somme à Sõn demain, c'est normal (bon j'ai aussi vu qu'il aime ma lampe frontale et ma montre - mais j'en ai besoin). Mais c'est bien la première fois qu'on me le suggère (même si elle ne l'a dit qu'à lui et pas à moi).


Ca c est de sacrees lignes...

Je dors dans une sorte de chambre sur le toit de la maison, sur un sommier. Ça me rappele Dong Ha, en moins bruyant. D'ailleurs Tam m'écrit très souvent ; et ils veulent absolument que je leur rende visite au retour.



Demain, réveil à six heures pour aller au village H'mong Thong Nong.



L autel du sacrifice, devant la porcherie...



Finalement la partie H'Mong sera pour la part 28 , car je n ai pas reussi a poster les photos !

1 commentaire:

  1. Salut Vinh,

    Passionné des ethnies du nord Vietnam, ce post est un bonheur pour moi.

    Pierre.

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