De-Vinh qui je suis!

Sur ce blog, vous pourrez trouver des informations aussi diverses que la fabrication d'étui en peau de varan, l'évolution de mon potager et des conseils de jardinage, des photos de mes voyages, etc etc...
A noter que "bo" veut dire boeuf en vietnamien ! On ne renie pas ses origines!

samedi 26 février 2011

Part 18 -Les Carnets culinaires d'un pêcheur d'images, Vietnam

Chers amis,
je vous avais "laisse", a la fin de la part 17, a Thanh Hoa, ville assez fade ou je n ai passe qu une nuit.
Entre temps, j ai grave mes photos de la derniere semaine sur un DVD, mais impossible de trouver un ordinateur avec lecteur DVD ! du coup, vous n aurez pas droit aux photo de la baie d Ha Long, etc... Desole ! il n y a que les photos de hier et aujourdhui. (cependant pour les photos d Ha Long c est facile : c est exactement comme sur les cartes postales !)
Je suis actuellement a Cao Bang a 30 ou 50 km de la frontiere chinoise. Deja 4035km parcourus !
Cliquez ici pour voir la map .


pour ceux qui ont un compte gmail, vous pouvez aussi installer Google Latitude et menvoyer une request, pour me suivre quasimment en temps reel.

Savez vous que le blog affiche 5150 visites ?!

21 février 2011, Hai Phong

Le contenu de mon sac de 50l...

"Caresse les filles
du regard.
Pas folle la guêpe !"
Monette 20 février

"Bleu de peur,
Jaune de peau.
Colère noire"
Monette 20 février

Hier soir après l'envoi de la part 17, je suis irrémédiablement attiré par le fumet d'un pho (qui reste, tout de même, l'un de mes petits-déj/déjeuners/dîners préférés). C'est une bonne surprise. Tout d'abord celui-là est excellent(en seconde position après celui de Dalat - j'ai une excellente mémoire là-dessus), et au moment où je paye, la cuisinière m'invite à boire le thé avec toute sa famille au fond du restaurant ; ils sont sympas, curieux, et j'apprends quelques mots d'anglais au petit garçon et à ses sœurs de 16 et 24 ans (qui m'apprennent l'expression dang yêu = lovely). Ils zappent même sur StarMovies pour que je puisse regarder un film en anglais!et au moment de leur repas m'invitent à manger avec eux mais je n'ai plus faim! Ils sont inquiets de savoir où je vais dormir (pour une fois) et si je n'avais pas déjà investi la chambre d'hotel j'aurais peut-être pu dormir chez eux (ils sont en face de la gare). Comme quoi, ils ont peut-être été placés sur mon chemin pour pallier à mes dernières déceptions! Je ne crois pas trop au hasard...

Ce matin, je décide d'aller leur dire au revoir avant de partir (je compte prendre le bus de 9h), mais c'est fermé...Du coup, par chance j'arrive à la gare juste au moment où le bus de 8h démarre...c'est seulement 75 000vnd pour 180km. Je choisis une place du fond, c'est là où on a le plus mal au cœur, mais aussi là où on a le plus d'espace pour son sac. Ce bus est très confort et climatisé (donc, interdit de fumer). Je suis content, il est a moitié vide. Je déchante vite : on récupère tous les gens au bord de la route, et nous trouvons finalement à une soixantaine dont 15 debouts. J'ai déjà mal au cœur, entre l'impossibilité de bouger d'un pouce, les dvds (filles europennes se tremoussant en sous vetements sur fond de musique disco) à fond (on ne pourrait même pas entendre parler son voisin), la clim à fond pendant 15mn (le temps de se congeler) puis éteinte pendant 15mn (le temps de transpirer)...et puis n'ai pas eu le temps de manger ce matin (comme souvent) .

Le trajet est long, 4h30 sans bouger, l'horreur. J'observe des scènes étranges ; sur la route on fait sécher des carcasses entières de chèvres et bœufs, entièrement nettoyées de toute chair. Etrange!...Il semble que ce soit une région à nem chua : on en vend partout, je n'en ai jamais vu autant. Il est étonnant de voir d'aussi grandes différences gastronomiques entre les villes ; parfois, 50km plus loin, tout change : façon de découper, de présenter, d'assaisonner...par exemple dans le delta les nems chua étaient carrés ; à hué en cylindres ou demi cylindres ; et à Thanh Hoa en mini cylindres. À Thanh Hoa j'ai mangé des sortes de croissants fourrés en forme de lune, que je n'ai jamais vu ailleurs.

Nous arrivons à l'une des gares (il y en a au moins quatre, je crois qu il y a 700 000 habitants), grâce au site couchsurfing j'ai pu contacter Hieu,21 ans, qui vient me chercher en moto (de toute façon je crois que je n'aurai jamais eu le courage de marcher dans une ville aussi grande)! Luxe. Nous allons boire un verre et grignoter dans un café à la mode, aux prix exorbitants (comptez 35 000vnd pour un smoothie, contre 5000 à 8000 dans le delta - vive les villes), pour discuter un peu de nos pays. Je suis vanné. Je lui montre quelques photos de métropole et australie que vous m'avez envoyées. Il n'en revient pas que ma sœur et moi ayons l'air aussi jeunes. Il m'explique qu'il est improbable que ses parents le laissent voyager seul. Il est étudiant ingénieur.On parle un peu photos, il a beaucoup aimé la galerie sur flickr. Je lui montre le mamiya et comme beaucoup de gens il a l'impression que la visée est en 3D (?!).


Malgré mon insistance il refuse catégoriquement que je paye le repas...Nous partons ensuite en moto pour me trouver un hotel pas cher. Je savais que ce serait difficile à trouver ici, mais à ce point?! Rien d'abordable pour mon budget, en centre ville. Nous n'en trouverons qu'un, une nha nghi près d'une des gares (super pour le jour de mon départ). 100 000vnd (3,60euro), pour une chambre vraiment pas géniale, décrépie (et très bruyante la journée, mais très calme la nuit) mais bien placée. Entre ça et trouver une chambre mieux mais a plusieurs km du centre, c'est vite choisi! Un des proprios parle un Français un peu brutal, mais j'ai du mal à lui parler, j'ai l'impression d'avoir un ...mauvais accent (c'était la meme chose en afrique du sud, après six mois à parler anglais non-stop).Hieu me laisse donc ici, content de cette rencontre.

J'ai à peine le temps de me reposer, j'ai un autre "rendez-vous" ce soir avec un autre jeune homme. Leo (surnom) vient me chercher en moto à l'hotel, et m'emmène manger et discuter dans une échoppe (ça me plait mieux que le café branché!) spécialisée dans le canard! Ça ne pouvait pas plus me faire plaisir. Nous mangeons donc canard laqué servi avec citronnelle hachée et graines de sésame, et soupe de pattes de canard aux bambous. Leo a 26 ans et travaille dans l'import/export par conteneurs. Il parle très bien anglais, ayant été traducteur anglais/vietnamien.

Cela fait plaisir d'avoir de vraies conversations!Durant tout le repas il m'observe discrètement, et à la fin me fait remarquer que je fais très attention à manger proprement et à tout faire"avec délicatesse" contrairement à lui ; remarque que je trouve assez drole!!!il me dit que si il était le père de ma copine il serait ravi d'avoir un gendre aussi bien élevé!Il est vrai que ce n'est pas la première fois qu'on me dit que je suis très calme. Comparé aux locaux, moi, l'hyperactif spontané, j'apparais calme, silencieux et posé!Nous discutons voyages: il m'explique qu'il n'a jamais visité une autre ville au vietnam à part Saigon pour business. Aller à Hué (500km), par exemple, serait déjà un grand voyage) Et lui aussi me dit que les voyages sont mal acceptés par la famille. En outre, dans une famille, le garçon aîné doit rester pour subvenir aux besoins des parents, tandis que les cadets peuvent quitter le cocon familial plus facilement...C'est très intéressant de comparer nos deux cultures. Le concept de famille est clairement ancré en eux...tous les gens ont du mal à concevoir que je voyage seul.

Je lui parle un peu de mes démarches photo, de kokopelli, etc.Nous passons un bon moment, lui aussi tient à m'offrir le repas, je suis très gêné! C'est seulement à la fin qu'il me dit qu'il habite à la campagne !mais qu'il doit travailler toute la semaine (je ne pense pas que je serai encore là). Je lui donne des graines que ses parents ne possèdent pas. Il est très surpris et content.Le soir je m'asseois dans une rue passante en face de 4 coffee shops pour piquer leurs connexions wifi ; et discute ainsi avec Lanh Anh, une jeune businesswoman qui me donne rendez-vous pour demain soir.


22 février 2011, Hai Phong

Ce matin je fais mon marché : fromage de tête (voir la recette sur mon blog ici http://recettes-en-fete.blogspot.com/2009/07/fromage-de-tete-la-vietnamienne.html ) , pas facile car il faut désosser une tête à cru), tofu (comme d'habitude), nems chua, jacques. Plus je monte et plus les fruits sont rares et chers (normal).

Ce midi j'ai rendez-vous avec "Andrew" Minh, 31 ans. Il vient me chercher à l'hotel et m'emmène manger dans un café-restau. Il est très drole, rigole tout le temps et connaît pas mal de mots français. Il m'apprend même une expression française "regarder mais pas coucher" (?)! (et il a bien dit coucher, pas toucher). Bref, on rigole bien. Il utilise ses baguettes comme un tractopelle : il pousse tout le riz dans sa bouche avec! Il me fait trop rire!Lui aussi travaille dans l'import-export : meubles pour le Havre, et fromages et vins français pour le Vietnam, par exemple. Cette fois j'arrive à lui offrir le repas ; mais il tient à m'inviter à la maison demain soir et rencontrer sa famille. (en fait je n'irai pas car je préfère quitter la ville demain matin).

Comme Leo et Hieu hier, il me parle de Lanh Anh (mon rendez-vous de ce soir) en me disant que personne ne comprend pourquoi cette fille de 35 ans est toujours célibataire! ("she's so sexy!"). Mais qui est donc cette fille mystérieuse qui ne met pas de photos sur sa page de profil, aime les films de guerre et la musique romantique et se décrit comme "sensible et vulnérable"?L'après midi je marche le long de la Tam Bac river (en centre-ville). J'observe les nombreux pêcheurs attraper des poissonnets du genre tilapias et beaucoup de...poissons rouges et autres poissons d'aquarium (?)...je suis presque tenté d'acheter une petite canne au coup...Je profite de ce temps mort pour aller faire des photos d'identités en studio ; le photographe prend ça très au sérieux. Clic, clac, c'est dans la boite, je reviens trente minutes plus tard chercher les tirages.

A ce moment-là je reçois un message d'une autre fille, Trang (le problème des noms vietnamiens c'est que je ne sais jamais si ce sont des prénoms masculins ou féminins), qui est à Hanoi en ce moment et me donne le contact d'un ami, Vuong (19 ans et étudiant en commerce). Encore l'occasion de boire un café et d'en apprendre un peu plus sur ce pays et ses coutumes! Toutes ces rencontres tombent à pic : Même si cette ville est plutôt sympathique, c'est beaucoup trop grand et bondé pour me permettre de vadrouiller à mon aise ; d'autant plus qu'il pleuviote. Je n'y serais d'ailleurs probablement pas passé sans la perspective de ces rencontres "internet".

À 21h je retrouve cette mystérieuse inconnue devant la gare. Nous mangeons des banh cuon, et nous baladons en ville. Ce qui me frappe c'est le contraste saisissant entre ce pays bondé, bruyant et hyperactif, et cette fille tellement calme et discrète que je dois m'approcher pour entendre ce qu'elle me dit ! Elle fait tout avec une délicatesse que je n'ai encore jamais vue au vietnam (rien à voir avec Minh le tractopelle)! Et elle aussi travaille dans l'import-export (décidément...).
Elle me demande si j'aime manger à KFC(!) ; et me dit qu'au Vietnam il y a deux types de poulets:les poulets occidentaux, gros et insipides car "ils ne courent jamais", et les poulets vietnamiens, bien meilleurs.

Elle est très curieuse à propos des garçons français, alors j'essaye de lui donner la meilleure image de galanterie possible! Mais il y a quelque chose que j'ai remarquée avec les quelques filles que j'ai invitées : elles ne vous remercient jamais lorsque vous avez réglé la note, comme si c'était normal!Cependant, après le repas elle m'invite à son tour et nous buvons un sinh-to (smoothie) xoai (mangue) dans un coffee shop. Elle aurait aimé que je reste jusqu'au weekend pour pouvoir me faire visiter, mais le weekend est trop loin, je reste donc sur ma décision.Bref, ce fut ma plus étrange rencontre féminine du Vietnam!

« Ciel gris, peu de lumière,

Là bas, au Sud,

Les prétendantes »

Monette


23 février 2011, Ha Long

Ce matin je négocie un xe om pour aller à l'autre gare de bus ; par chance un bus part pour Ha Long dans peu de temps. Mais va-t-il vraiment à Ha Long? Mystère. Parfois les bus affichent simplement le nom de la gare de destination, meme pas la ville!3h plus tard (70km) on s'approche d'Ha Long...et le contrôleur me pousse dehors, au bord de la route sous la (petite) pluie. Quatre autres français sont dans la même situation (mais sont venus avec un autre bus) et négocient un taxi, je suppose donc que peu de bus s'arrêtent réellement dans la ville ou à proximité. Bon, c'est à 5km, les xe om en veulent 50 000vnd (càd, la meme somme que j'ai payée pour les 70km de bus...) sans négociations (forcément! On est au bord de la route, sans savoir de quel coté est la ville).

Je commence à marcher, puis finalement l'un d'eux m'emmène pour 20 000.J'avais très peur de ne trouver que des hotels chers dans cette mini ville touristique (en fait, en gros il n'y a que trois grandes rues) et heureusement ce n'est pas le cas ; au contraire il y a pas mal de choix. J'en choisis un correct, négocié de 160 000vnd à 110 000vnd. (en fait, je vois un autre touriste payer 200 000vnd). C'est fou ces différences de prix...Cette ville a les pieds dans l'eau et est l'endroit le plus touristique du pays...et bien sur cela se ressent : entre ceux qui vendent (avec succès) un ananas pour plus cher que le prix de ma chambre (véridique), ou autres...j'ai même, devant un restaurant, lu les deux menus : l'un en viet, l'autre en français et anglais ; ce sont exactement les mêmes plats...mais les prix sont doublés sur le menu français -anglais. Passez votre chemin...

Souvent, notamment pour les hotels, les négociations se font sous le manteau ; (ou plutôt , ici, sous le k-way). Mon hotel, comme la moitié des hotels, propose des tours guidés en bateau pour voir cavernes et autres mini ilots qui ont rendu Ha Long célèbre. Vous pouvez choisir un tour de 4h,7h ou deux ou trois jours (en dormant dans les bateaux...). Je viens d'ailleurs d'apprendre qu'un des nombreux bateaux a coulé il y a une semaine, noyant douze touristes...M'enfin, même si ce n'est pas la bonne saison (bruine) et que les paysages ne m'intéressent pas trop, c'est quand même trop bête de passer à coté! Je commence à négocier un tour de 7h ; mais le manager est avec les 4 français et leur annonce 35 dollars. Il me dit discrètement de revenir lorsqu'ils seront partis...

Du coup je vais déjeuner au marché : je redécouvre les chevaquines, ces minuscules crevettes de 1 à 3cm, mangées entières (sans la carapace ce n'aurait pas d'intéret : il faut cependant mâcher franchement pour ne pas se planter les rostres dans la gencive). Ici elles sont cuites avec une herbe que je n'arrive pas à identifier tout d'abord ; cela ressemble au combava, je pense que ce sont des feuilles de citron vert.Pour la première fois il y a un "préchauffage des bols" : on vous amène votre bol rempli d'eau bouillante juste avant de vous amener le plat.

De retour à l'hotel, j'explique au manager qu'il doit me faire un prix, étant d'origines vietnamiennes (il parle bien anglais). Des 35 dollars annoncés, le tour passe à 20, puis 15, puis 12 (en quinze minutes). Incluant six dollars de tickets d'entrée pour les cavernes. Il me fait promettre de rien dire aux autres clients.Bien sûr ces prix sont variables selon le bateau, les tickets inclus ou pas, etc.


24 février 2011, Ha Long

Départ ce matin à 7h30, après avoir récupéré les touristes (occidentaux ou asiatiques) des hotels à proximité.Je discute avec deux canadiens. Eux, ce sont des vrais ! La cinquantaine, très sportifs, ils voyagent 4 mois au cambodge, vietnam et Laos en vélo! Avec un baggage aussi léger que possible, à savoir 40-50kg chacun...ils sont très droles et intéressants, roulent en moyenne 100km/jour, mangent dans la rue et dorment en nha nghi, bref, des "vrais" !Nous visitons de magnifiques cavernes impossibles à retranscrire en photo ; les allers et retours des dizaines de bateaux n'arrêtent pas, il y a des centaines (sans rire) de touristes vietnamiens, japonais, chinois, canadiens, suisses, hollandais, français, américains...

Des vendeuses viennent aborder les bateaux et proposent des fruits à prix d'or, très joliment présentés.Nous repartons vers un autre site. Mais là, la marée est trop basse aujourd'hui, on ne peut accéder. Du coup, nos chemins se séparent (les bateaux ont des accords entre eux): les canadiens vont faire une heure de kayak, les hollandais partent en barque se balader, le suisse, les vietnamiens et les francaises montent sur un autre bateau pour rentrer,je reste là, seul sur ce bateau, à attendre qu'il reparte...et finalement notre moteur lâche. Du coup, on l'amarre au bateau voisin qui nous tractera jusqu'au port...mais je suis tout seul à bord (même le staff est parti sur le toit). Tiens, un bateau fantome!

Je suppose que les autres prendront le bateau suivant...Du coup j'ai raté une partie du tour et arrive deux heures plus tot à l'hotel. Je rale un peu mais j'ai la délicatesse de ne pas le faire devant les clients...et le manager me rend 100 000vnd. Ce qui ramène le prix de la balade de 4h à 140 000vnd (les deux françaises, qui voyagent pour cinq mois entre thailande vietnam laos et cambodge, ont elles aussi "promis de ne ne rien dire aux autres voyageurs", mais me disent avoir négocié pour 300 000vnd. Je suis toujours surpris de voir autant de voyageurs au long cours, et qui visitent les 4 pays ; parfois je les envie, parfois non...

Parfois j'hésite à prendre tel ou tel bus pour faire un trajet direct vers les lieux qui m'intéressent vraiment; parfois au contraire je vois ce premier voyage, long, comme une découverte obligatoire du pays : comment dire que telle ville n'est pas intéressante, si on n'y est pas encore allé? Même si parfois c'est ennuyeux et long, je pense que c'est seulement sur la route du retour que je pourrai me permettre de choisir mieux mes étapes.C'est vrai que j'ai envie de pouvoir vous dire, à mon retour : "je n'ai pas pu tout voir du vietnam, loin de là, mais j'ai vu tout ce que j'ai pu". Je regrette simplement de ne pouvoir arriver à faire de photos dans cette partie du pays. Peut-être dans les montagnes?Demain matin, départ pour Lang Son. C'est assez loin, et l'unique bus quotidien part à 12h30...a quelle heure arriverai-je dans cette ville dont je n'ai jamais entendu parler?


25 février 2011, Lang Son

Hier soir je mange un pho gà (poulet) personnalisé : on peut choisir l'accompagnement. Je choisis foie et tripes de poulet, et pousses de bambous acidulées (que vous pouvez trouver en boite en France, sous le nom de "sour bamboo shoots", bien meilleures que les pousses de bambou normales et particulièrement utilisées en soupe).A coté de moi, un jeune couple en lune de miel qui était sur le même bateau que moi. Ils sont tous les deux très chics, elle en tailleur et lui en costume.Je leur montre les photos de la neige en lozère et leur dis que je partirai demain à 12h30.

On se renseigne, quelques coups de fil et il semblerait que l'unique bus pour Lang Son parte...entre 5h et 6h du matin!Voilà qui va changer un peu mes plans. Je préfère tenter le coup. Au pire, si le bus est à 12h30 j'attendrai toute la matinée à la gare! En effet celle ci est à environ 7-10km du centre, je ne compte pas faire deux allers-retours!Du coup, je rédige mes carnets vite fait, et me couche vers 23h.

Ce matin, réveil à 4h20, à 4h30 je réveille le staff et suis déjà dans la rue. Question : pensez vous qu'il y a des taxis et des xe om à cette heure matinale? En fait, je croise deux ou trois taxis, mais préfère d'abord tenter le coup en xe om. Je commence à marcher en direction de la gare, et tente d'arrêter les rares motos qui passent. La troisième est la bonne! Je m'attendais à un tarif rédhibitoire, vu l'heure matinale, mais il m'annonce un prix presque raisonnable et les négociations sont vites réglées.

Arrivé à la gare, qui est déjà ouverte, je me renseigne. Le bus est déjà là et part vers 5h45. À 5h, les vendeuses, qui dorment à même le sol ou sur leur table devant la gare, se lèvent et commencent déjà à installer leur stand, allumer le feu...On ouvre la porte du bus pour que je puisse m'y installer tranquilement.


C'est un bus local, pas encore trop vieux, mais il y a tellement de boue sur les vitres qu'on ne voit pas à travers...seuls les rétroviseurs et le pare-brise sont propres.


Le trajet se fait sans difficultés malgré quelques passages bien boueux. Nous mettrons "seulement" 5h30 pour 180km.


Le bus est aux 2/3 vide, c'est tant mieux car je peux garder mon sac avec moi.Souvent, vous verrez que le chauffeur de bus fait des livraisons à domicile : colis, paquets, matelas, legumes, tout ceci lui est confié contre quelques billets, et il les dépose aux endroits indiqués, dans les villes et villages. Frequemment, ce sont des enveloppes ou même des liasses de billets qui passent de mains en mains par la fenêtre, à un feu rouge!Hélas, Lang Son n'a pas l'air particulièrement intéressante ; ce que semble confirmer mon habituelle "balade des hotels".

Je ne trouve que des chambres à 10 dollars non négociables, y compris dans des nha nghi. Et en plus, ça ne les vaut pas...je finis par trouver une nha nghi correcte et propre à 7 dollars. L'eau chaude est aléatoire : la gérante contrôle tous les chauffe-eau depuis la réception, et les allume ou éteint selon son bon vouloir. C'était la même chose à Ha Long, j'avais du raler pas mal, et au final je descendais allumer le chauffe-eau moi-même...Du coup, passe l'après-midi à me reposer et explorer les quartiers loin du centre. J'achète un concombre et du porc laqué, mais la gérante voit ça d'un mauvais œil et ne veut pas me donner de nuoc mam...bien sur dans les hotels on n'est pas censés cuisiner, mais après tout ce n'est pas comme si j'amenais un réchaud pour cuire du poisson! Bref, cela dépend des gérants ; la plupart sont surpris et amusés.

C'est un peu frustrant de ne plus pouvoir acheter de fruits, car ils sont vraiment trop chers ici. J'achète des morceaux de canne à sucre ; on les mâche pour extraire le jus et on jette le reste.


C'est très bon.Une vendeuse m'offre des fruits de la passion, et une autre, du coriandre.Je trouve quelque chose que je n'aurais jamais pensé voir ici : des chataignes ! Des vraies, plus petites qu'en lozère mais assez sucrées. Et elles sont grillées dans du sable dans un wok. Etonnante découverte! J'en grignote une bonne poignée.


Un peu déçu par cette ville, mais qui était sur le parcours (vu la durée des trajets en bus, je me vois mal faire 300km d'un coup), je prends la décision de ne rester qu'une nuit (en général cela dépend aussi du confort des hotels que je trouve). J'informe donc le réceptioniste que je partirai à 6h demain matin pour Cao Bang, ville plus petite dans des petites montagnes (j'ai compris la leçon : mieux vaut prendre le premier (et peut-être unique) bus, afin d'arriver vers midi à destination, l'esprit encore frais.Il décide d'appeler la gare, et m'annonce qu'un bus viendra me chercher devant l'hotel à...5h15! Parfait! Ce ne sera que la deuxième fois en 24h, je me reposerai un autre jour, j'ai toute la vie pour ça! Et après toutes ces dernières villes plutôt fades, je sens que je dois continuer à chercher jusqu'à trouver celle qui me conviendra.


26 février 2011, Cao Bang, 62è jour, 4035km parcourus, 26 bus et 2 trains.

"Reveil a 4h20 pour un bus,
la brume se dissipe,
Lueur d espoir"

Ce matin, bien réveillé, je prends le bus comme prévu ; c'est le même type de bus qu'hier, mais en version "vitres propres"!À partir de 6h30 nous croisons déjà des lycéens en uniforme, qui vont au lycée en ville en vélo ; le soleil se lève vers 6h.Cette fois, le voyage est un peu long (5h pour 130km dans les montagnes) car des dizaines de semi-remorques sont arrêtés un peu partout sur cette route boueuse, sinueuse et assez étroite ; du coup, les véhicules dans les deux sens passent au compte-gouttes, parfois à 30cm du bord de la route avec la vallée en dessous.


Je nous vois déjà nous embourber, heureusement le conducteur est bon et très prudent.Rien de spécial à part un pauvre étudiant deux sièges à coté de moi qui vomit dans un sac plastique qu'il jettera par la fenêtre.Sur le trajet je vois beaucoup de cultures en terrasses, notamment beaucoup de crucifères. C'est déjà beaucoup plus rural, même plus qu'à Dong Ha, l'on voit qu'on s'est éloignés des grandes villes. Je vois pour la deuxième fois un buffle albinos, c'est tellement surprenant!



"Cao Bang,
frontiere chinoise,
tresor du nord ?"

Lorsque nous arrivons aux abords de Cao Bang je constate que cette ville n'est pas si petite que ce que je pensais ; en effet même Sa Déc, qui n'était qu'un minuscule point sur la carte, était déjà assez conséquente...Ce qui n'empeche pas que Cao Bang a l'air beaucoup plus sympathiques que les villes traversées dans mes derniers 600km! Tout d'abord c'est ce coté rural qui me plait ; puis, étrangement, en descendant du bus personne ne me harcèle. Je repère pas mal de nha nghi mais elles sont toutes miteuses (mais à des prix plus raisonnables qu'hier). J'ai du en visiter une dizaine et demander une quinzaine de prix.


Je me ressource avec une assiette de banh cuon et un bol de bouillon : le prix, étonnamment bas (30c l'assiette) me rappele à la réalité : "petite" ville hors des grands axes, petits prix! Et absence de touristes. Le temps est, aujourd'hui, beaucoup plus sec et chaud que les villes précédentes, ce qui est étonnant car nous sommes à 300m d'altitude et complètement au nord, juste en dessous de la frontière. Je marche en t-shirt, et ai même vu le soleil brièvement, apres 15 jours de grisouille!

Je retourne sur mes pas et visite (entre autres) un hotel à ...50m de la gare ou je suis arrivé. Je ne l'avais pas visité car il ne payait vraiment pas de mine et tous les hotels des environs étaient mal entretenus.Mais parfois il ne faut pas se fier aux apparences, notamment des façades, car avec l'humidité les façades des hotels sont toujours décrépies.En fait, non seulement la réceptioniste m'annonce un prix très raisonnable (4.50euro), mais en plus les chambres sont bien entretenues et bien équipées. Je demande à tout hasard si je peux en avoir une a l'étage, elle me dit que oui, pour 0.80eur de plus, une chambre de 30m2 (hors sdb)avec de grandes fenêtres, deux grands lits, des couettes, des murs blancs...je discute un peu et finis par avoir cette chambre pour le prix de la plus petite.


Bien sur c'est un peu démesuré pour un voyageur solitaire, mais pouvoir me poser, dormir au calme, ranger mes affaires, faire ma lessive sans être obligé de sécher le linge dans le salon, avoir une théière, du thé à disposition, tout ceci pèse dans la balance lorsqu'il s'agit de rester plusieurs jours! La dernière fois que j'ai eu une bonne surprise comme celle-ci, c'était à Dalat et à Hué. Peut-être que mes chaussures vont enfin sécher un peu : trois semaines humides, l'odeur n'est pas trop engageante et je pourrai bientôt cultiver des champignons entre mes orteils...Tout ceci est de bonne augure ; et je ne regrette pas d'avoir tenu bon par rapport aux hotels visités juste avant (j'essaye d'en visiter une dizaine avant de choisir).


et c est toujours agreable lorsqu on fournit du the et de l eau chaude...


Je fais tout de suite mon petit tour, et ne rencontre que des gens sympas, souriants, curieux. Au bout de cinq minutes, le bruit court déjà, sur les étalages du marché, que ce petit vietnamien à qui l'on a essayé tout à l'heure de vendre une carpe alors qu'il avait son backpack sur le dos, parle français ! Je suis content de pouvoir comprendre quelques mots-clés qui peuvent vous aider à comprendre le sens d'une phrase.Je suis sidéré de voir des...esturgeons posés sur une table. Ce sont des poissons très reconnaissables. Je ne savais pas que cela existait, ici!




"Au marche,
une table en bois,
un esturgeon au Vietnam..."


decidement, la diversite des poissons au Vietnam est impressionnante/

voici les fameux poissons serpents : avouez que la ressemblance est frappante !!


et ils ont une sacree gueule ...

Mais bon, après tout, puisqu'il y a des chataigniers (d'ailleurs il y a aussi des champignons )... Les œufs et viscères des esturgeons et autre siamese carps sont vendus à part.Je déjeune d'une énorme assiette de riz, légumes, patt'cochon (nom kréol donné aux pieds de porc) et tofu mijotés. Ceci accompagné de bouillon, de thé et de sourires, pour 0,70euro (en fait, elle ne m'a pas donné de prix, elle m'a demandé pour combien j'en voulais). C'est très inhabituel de pouvoir de nouveau acheter des choses sans devoir négocier!



"Petit couteau forge
fait sortir mon porte monnaie,
15 centimes."


Du coup j'en profite : bol inox isotherme (j'ai déjà l'assiette), cuillère viet, deux petits couteaux forgés typiques du vietnam (très basiques, bruts de forge et mal trempés, comme en afrique, mais bien pratiques par leur forme, et de toute façon c'est plus fort que moi) - 15 centimes pièce-

pour voir ma passion des couteaux et les etuis en cuir que je fabrique, rendez vous ici http://une-vie-bo-vinh.blogspot.com/search/label/couteaux

laitue, tomate, et les habituels carambole, tofu (j'aime vraiment bien le tofu au cas ou vous n'auriez pas remarqué), ail nouveau (ibid.), herbes mélangées, citrons, piments, deux sortes de gingembre, mais aussi des fruits (qui sont revenus à un prix normal) - goyaves et mangues-, des sachets de nescafé (certains hotels fournissent des thermos d'eau bouillante), un outil pour raper les légumes en lanières (ça coute 10 centimes et vous facilite la vie; j'essayerai sur les mangues), et...une bouteille d'1/2l de nuoc mam !


Eh oui j'ai craqué, et je veux etre indépendant pour manger à l'hotel! Figurez-vous qu'il a été très dur de trouver du bon nuoc mam : depuis Hué, la plupart des nuoc mam sont trafiqués et coupés avec eau, sucre, glutamate, et pas mal de E et de di- et tri- .bien sur nous sommes bien loin de Phu quoc, l'Ile du "nuoc mam ca com" ! Celui que j'ai acheté fait 25° d'azote (contre 35° et plus à phu quoc.parait-il qu'il en existe à 54° mais c'est peut etre un mythe) et vient de Nha Trang ; il est fait avec des sortes de poissons au corps plat: c'est un "nuoc mam chat, ca chim trang"! Vous suivez?Bref, c'est 16 000vnd, soit trois fois plus que les bouteilles frelatées, mais au moins c'est du vrai!Le nuoc mam, pour accompagner les aliments se prépare (par exemple) en mélangeant (selon régions) environ 1/3 de nuoc, 1/3 de citron, 1/3 d'eau et du sucre, de l'ail et/ou du piment. Si vous avez tout suivi, vous savez qu'il ne me manque que du sucre!
pour apprendre a choisir et preparer le nuoc mam, rendez vous ici sur ce site incontournable a ajouter dans vos favoris :



Qu'à cela ne tienne ; pour la première fois, je vois d'étranges plaques marrons en vente. Je goute, c'est du sucre. Tout d'abord je suppose que c'est du sucre de palme ; mais après explications il semblerait bien que ce soit issu de canne à sucre ; il n'est pas raffiné, est très friable, et a le meme gout que le rapadura(pour ceux qui connaissent); ça coute 1euro le kg, j'en achète un petit bloc (ça servira pour le café).Voilà, j'ai tout ce qu'il me faut pour avoir le moral!



Un peu partout je vois des saucisses fumées et du lard fumé suspendu aux murs, aux motos...ça a le don de m'énerver!


Heureusement je finis par trouver (tout à fait par hasard bien évidemment) une charcutière qui vend tout pour un Le Cao Vinh (n'oubliez pas qu'on met le prénom en dernier ici) gourmet : oreilles de porc en lamelles mélangées à de la poudre de riz grillé, fromage de tete, panse farcie, patt'cochon, saucisses fumées cuites, boudin (!) cuit...je me contente de ces deux derniers, gouterai le reste la prochaine fois! C'est un bon choix, l'un étant aussi bon que l'autre.


Comme vous le savez, mon cerveau et mon estomac ont trois particularités : je peux manger sans fin et sans faim, et je peux alterner sucré-salé-amer-piquant-bouillant-gelé etc sans problème.Enfin pour le goûter une vendeuse ambulante m'aborde, je ne peux pas refuser! C'est du "tofu mou", servi brulant, avec un caramel léger : en fait, comme un flan végétarien et économique.Je discute bien avec un coiffeur de rue, et lui promets de me faire couper les cheveux dans les prochains jours.


Moins drôle, je vois pour la première fois de la viande de chien sur le marché...(c'est très reconnaissable). Depuis mon arrivée au Vietnam, à chaque fois que je demandais aux gens s'ils mangeaient du chien, ils me répondaient d'un air horrifié que les chiens sont leurs amis. J'ai vu deux fois, dans le sud, des restaurants "Thit chó". On m'avait expliqué que l'on mangeait du chien vers Hanoi, dans le nord.Et effectivement, c'est à partir de Thanh Hoa - Hai Phong que j'ai vu des dizaines de restaurants marqués "thit chó" (viande de chien) et "thit meo" (viande de chat). Mais cela dépend des régions : entre Hai Phong et Cao Bang je n'en ai vu quasiment aucun.Il parait qu'en Corée c'est la viande qui a le plus de succès...Evidemment la perspective d'en manger ne m'intéresse guère ; d'autant plus que j'en ai mangé à plusieurs reprises au Mali. (c'est entre la chèvre et le sanglier)Dans le nord il y a également de la viande de chèvre et du lapin, ce que je n'ai pas vu ailleurs.Ce pays est grand, et les différences culinaires sont nombreuses: à certains endroits, lorsque je montrais les photos des serpents grouillant dans l'aquarium, les gens étaient surpris.

27 février 2011, Cao Bang

Ce matin, motivé malgré un temps couvert mais sec, je me balade avec mon meilleur ami le mamia C330S. Je ne m'étais pas trompé hier : les gens sont sympas et je fais quatre films, le moral remonte en flèche.Je vais poster la part 18 de ces carnets puis me balader avec mon deuxième meilleur ami le Voigtländer R2A: suite au prochain épisode!!





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