De-Vinh qui je suis!

Sur ce blog, vous pourrez trouver des informations aussi diverses que la fabrication d'étui en peau de varan, l'évolution de mon potager et des conseils de jardinage, des photos de mes voyages, etc etc...
A noter que "bo" veut dire boeuf en vietnamien ! On ne renie pas ses origines!

jeudi 3 mars 2011

Part 20 - Les Carnets culinaires d'un pêcheur d'images, Vietnam

Chers amis,
je vous avais laisse pour la partie 19, a Cao Bang apres ma rencontre avec une famille genereuse... L aventure continue, et petit Vinh est en train de prendre racine a Cao Bang.
Bonne lecture, bon voyage !



" Maisons effondrées,

Regards vides.

Briques rouges d’espoirs "

Monette 3 mars


3 mars 2011, Cao Bang



le trait noir en haut a gauche du viseur sert a indiquer la compensation de parallaxe et compensation d exposition

La rue de mon hotel ;
juste devant l entree on y vend du cochon tous les matins ( et l autre jour, de la viande de buffle)



Ce midi, après l'envoi de la part 19, je suis affamé et m'arrête à mon stand ravitaillement préféré ; je commande un "pho xao bo", variante du mi xao (nouilles sautées) avec pâtes de riz, bien meilleures. D'habitude, les pâtes sont précuites dans un bouillon ; mais cette fois j'ai droit au vrai pho xao bo, c'est-à-dire que les pâtes sont cuites uniquement avec quelques cuillerées d'eau et d'huile, dans la marmite, au feu de bois. C'est plus long, il faut remuer sans cesse pour ne pas que ça accroche, mais la cuisson est al dente!



Cette femme et ses deux filles, chez qui je mange tous les jours, travaillent dur . depuis je suppose 5 ou 6h du matin, jusqu a 19h. On sert sans interruption jusqua 13h, heure de la sieste pour tout le monde.


Ici a l heure de la pause



Ces billots en bois dont certains font 30cm d epaisseur me font rever, mais on ne peut pas tout ramener !


(vente d oiseaux)

Depuis quelques jours je réfléchis à la suite du trajet. Si je veux traverser la frontière pour le laos avant le 25 mars (fin de validité de mon séjour actuel) cela signifie que je dois quitter Cao Bang assez vite et ne pourrai pas rester très longtemps dans les villes entre Cao Bang et le Laos.
Il me reste donc deux options : soit je demande une prolongation de mon "visa" (en fait j'ai une exemption de visa, mais mes séjours ne doivent pas dépasser 3 mois) et il me faudra donc aller à Hanoi à 280km ; soit je traverse ici la frontière pour...la Chine!



Et ça, ce n'était pas prévu au programme. Si je sors du pays, même pour un jour, je reviendrai avec une nouvelle autorisation gratuite de 3 mois. Ce qui me permettrait de continuer mon parcours en toute tranquilité, indépendamment des éventuels aléas ou retards. Reste à se renseigner pour le prix, les bus, les conditions du visa chinois...n'ayant jamais pensé à l'éventualité d'un passage express en Chine!


(devant l hotel)

4 mars 2011, Cao Bang

Ce matin, je découvre une rue où il y a une douzaine de coiffeurs de rue alignés.



Comme ce ne sont que des hommes je ne m'attends pas spécialement à être bien accueilli (les hommes sont plus réservés et plus suspicieux). Mais très vite, après une première photo timide en numérique, tout le monde se détend et bientôt chacun veut être pris en photo. Tel un portrait à l'ancienne, je les fais poser fièrement sur leur fauteuil de coiffeur.

Alors d abord, je montre l exemple



les gens se prennent au jeu






Celui ci est particulierement calme et gentil. Nous passons 20mn, assis sur son banc, sans se parler, dans un grand moment reposant!

Je double en numérique pour pouvoir (sans rien leur promettre) leur ramener des tirages.



remarquez le petit tabouret sur la chaise pour les enfants!



Les accessoires sont ; ciseaux, rasoirs, tondeuse, miroir, bouteille d eau et velo !



Vous ne revez pas : les coiffeurs utilisent une lampe frontale lorsqu ils curent les oreilles des clients avec une espece de grande aiguille avec une palette au bout !!!!



Hier, je suis allé trois fois au labo Fuji dans la journée ; ils commencent à me connaître! J'ai l'impression d'être un filmeur (terme désignant les photographes qui prennent en photos les gens, qui viennent ensuite acheter les tirages). Dans ce pays, comme lorsque j'étais allé au Mozambique, on voit souvent (selon les villes ; notamment Dalat et Hué)des photographes de rue qui vous prendront en photo devant des monuments ou tout simplement avec votre petite amie. Vous pouvez même demander au labo une incrustation de votre portait dans un faux paysage ou autre représentation kitsch au possible. I.E des photos de bebes dans une citrouille. ou dans une fontaine. ou dans un saladier. (tout ceci arrange sur photoshop)

Du coup, les tirages que je donne sont très appréciés car la photo reste un luxe réservé aux grandes occasions : mariages, décès, sorties en famille.



Bien sûr, il ne s'agit pas de donner à tout va, d'une part cela finirait par me couter (à force), et surtout il faut que cela reste occasionnel et non pas systématique. Je ne veux pas non plus que ce soit en échange d'une prise de vues : c'est pourquoi je donne ces tirages également à des gens que je n'ai même pas photographiés en noir et blanc ; simplement des gens avec qui j'ai passé du temps, ou des gens qui m'ont touché par leur gentillesse.



Je passe de plus en plus de temps avec les gens, à "discuter". Ce qui les fait le plus rire, c'est lorsqu'ils me demandent si je parle vietnamien, et que je leur réponds, tout naturellement en vietnamien "non non, je ne parle pas vietnamien" ce qui évidemment n'est pas très logique!
Depuis mon arrivée j'avais repéré un forgeron qui fabrique des couteaux de cuisine, haches et outils de jardinage à partir de lames de ressort de camion (comme la plupart des forgerons dans le monde ; c'est un acier à haute teneur en carbone). Je m'étais dit que je lui rendrais visite un de ces quatre. En vrai forgeron, c'est un ...barbu aux cheveux longs!





Physique assez étonnant dans ce pays. Pour les grosses pièces (haches, burins...) il se fait aider par sa femme qui martèle l'acier pendant qu'il les maintient sur l'enclume.





Finalement, tous les forgerons du monde se ressemblent...

Par curiosité, je lui montre mon couteau et lui dessine un patron plus grand pour voir s'il peut le faire.



C'est un pari risqué car des lames de cette épaisseur et de ce type n'existent pas ici. Et la lame peut etre détrempée par erreur lors des finitions à la meuleuse. On va bien voir!



mon couteau au debut de sa fabrication

Je le négocie à 2euros, je pourrais l'avoir facilement à moins mais je respecte beaucoup le travail de forge! En France, une lame forgée de cette taille coute entre 80 et 130 euros.





Un centre de tri du plastique et du carton, qui s achetent au kilo.



J espere que cela fera reflechir les gens qui ne prennent pas le temps de faire le tri en france...
Je reflechis beaucoup a ce gaspillage de plastique ; j evite, autant que possible, les sacs plastiques en trop lorsque j achete a emporter. je pense sincerement m acheter un sac a courses en tissu si j en trouve un.
Il y a une semaine, j ai achete ma deuxieme bouteille d eau en un mois. En general, soit je la remplis avec l eau des thermos que fournissent les hotels, soit je bois lorsque je suis dehors (echoppes ou chez les gens), soit je bois l eau du robinet lorsque par exemple il est 23h et que je n ai plus d eau (selon les villes - a Hai Phong elle etait imbuvable).

Pourquoi, me direz vous ?
La reponse est simple. Je voyage depuis deux mois au vietnam. je vois les gens locaux jetter 95% de leurs dechets dans les rivieres et fleuves (et donc, au final, dans la mer). Meme si, sincerement, je trouve que les villes sont plutot propres (hors fleuves), je suis un peu reticent a rajouter des bouteilles plastiques a cela.
Donc , j ai fait une recherche sur internet.
J ai appris sur le site vietnamtourism, je cite :

"
En décembre 2010, le nombre de visiteurs étrangers au Vietnam est de 449.570 personnes. Le total de l’année 2010, ce nombre atteint 5.049.855 visiteurs étrangers, soit une augmentation de 34,8% par rapport à la même période de 2009."

Donc, en admettant que chaque touriste soit reste 15 jours et qu il ait achete 10 bouteilles d eau...et meme si l on admet que la moitie soit recyclee ou utilisee (soyons optimistes), je vous laisse calculer...je n ai pas envie de calculer, ca me deprime.
en Afrique c etait different ; a chaque arret, les enfants nous reclamaient les bouteilles vides pour les recuperer et les revendre.

Ce soir, demontage et nettoyage du mamiya





Il commence a montrer quelques traces d usure !...
et je me suis auto-decerne une licence qui atteste que je peux maintenant charger un film en 15 secondes top chrono, dans toutes les conditions de poussieres possibles !

4 mars 2011, suite

L'après-midi je prends mon "petit déjeuner", un pho xao comme hier mais en divisant la quantité par deux ! Ouf! En fait, la cuisinière me laisse choisir ce que je veux mettre dedans. Je choisis du poulet, des tripes laquees (si, si!!encore une délicieuse découverte) et des feuilles de moutardes fermentées (mes préférées, surtout mélangées aux plats). Depuis que j' ose demander 15000 au lieu de 20000vnd, j'arrive enfin à finir mes assiettes!

Je passe vite fait chez Fuji pour imprimer les photos des coiffeurs de ce matin et de quelques autres rencontres.



"Dame carpe
Dans la poche
Finit dans l'assiette"

En fin d'après-midi, je (re-re-re-re) passe au marché ; maintenant j'ai souvent quelques tirages dans la poche en attente d'être donnés ; et je les montre à qui veut les voir. Le problème, c'est que cela fait quatre fois aujourd'hui que des filles que je "connais" veulent garder en souvenir l'autoportrait de moi que j'ai imprimé pour mon carnet papier!
Dont la fille d'une vendeuse de poissons, à qui j'ai donné sa photo ce matin.



Depuis le temps que sa mère essaye de me vendre ses carpes (1,80euro le kilo) 4 fois par jour, j'ai toujours été tenté mais je n'ose pas demander à la gérante de l'hotel de cuisiner pour moi. Donc, soyons fous! Je choisis une queue de carpe de 300g, je n'ai jamais mangé de carpe de ma vie.



J'ai ma petite idée. Carpe dans la poche, je me rends à mon échoppe attitrée et tends la queue de poisson à la cuisinière amusée!

En attendant , je vais voir le forgeron à barbe. Par chance, il vient de commencer la forge de mon couteau!

"pour mon autre passion,
Un sandwich,
Ou deux."

Je vous avoue que ce matin en lui commandant ce couteau c'était plus par curiosité (et par principe ; j aurais honte de dire a mes amis que j ai passe 5 mois au vietnam sans ramener de couteau) : je n'y croyais pas trop, car les couteaux locaux sont bruts de forge (mais fonctionnels).
Or, pour avoir rencontré et discuté avec Fabrice, artiste coutelier (qui m'a fait trois couteaux sur mesure), qui m'a expliqué les nuances d'acier, les traitements thermiques, la trempe, le revenu, je sais que forger un couteau est tout sauf simple! Mais qui ne risque rien n'a rien!

En même temps les apparences sont trompeuses : j'avais ramené à Fabrice plusieurs têtes de haches africaines et il m'avait dit qu'il y voyait beaucoup de maitrise technique que lui-même n'avait pas forcement.



Cependant, je suis agréablement surpris du travail que ce forgeron fait sur le futur couteau. Après avoir coupé à chaud un morceau de lame de ressort et affiné l'épaisseur, il entreprend de me forger une lame "sandwick ou sandwich"! Comme son nom l'indique, ce procédé utilisé pour certaines lames (notamment par la marque Helle Nordisk) consiste à fendre en deux (dans l'épaisseur!) la partie qui formera la lame, à y inclure une tranche d'un autre acier, et à refermer le tout. Comme un sandwich! (je n'ai possédé qu'un seul couteau en sandwick).

L'intérêt du procédé est d'utiliser un acier relativement souple (plus résistant, comme un aulne qui se plie au vent) pour l'ensemble du couteau, et un acier plus dur au milieu du tranchant (plus dur, donc plus cassant, comme un chêne qui se brisera dans la tempête). Acier plus dur = coupe plus longtemps, mais casse plus facilement! Facile, non?
La dureté de l'acier s'exprime en HRC. Les couteaux que m'a forgé Fabrice sont en 90MCV8 d'une dureté théorique de 61 à 63HRC, ce qui est beaucoup. Mais cela varie selon la trempe (à l'eau, l'acier est plus dur mais peut se fendre ; à l'huile le choc est moins violent) et le revenu (laisser refroidir la pièce dans la forge éteinte). Bref, ça ne s'improvise pas!



J'assiste donc à toute l'étape de forge. L'artiste est vigilant : la température de l'acier s'estime à sa couleur, et il chauffe très vite. De plus il ne faut pas le travailler trop longtemps pour éviter l'effet mémoire.



J'ai l'impression qu'il veut vraiment me faire plaisir : il veut que le résultat soit parfait, et se réfère au patron en papier à chaque étape.



En même temps il a du comprendre que je suis très exigeant en matière de lames (à mes amis : ne m'offrez jamais ni couteau ni appareil photo).

Pour moi, acheter un couteau forgé, c'est aussi acheter son histoire, le travail de l'artiste, etc, ce n'est pas seulement une lame. Le kiridashi que m'a fait Fabrice en avril 2010 a pris 6 mois avant que l'on se décide sur son design!

C'est un peu la même chose pour les photos. Ce matin, j'ai référencé les films de la journée, cela m'a fait bizarre d'écrire le chiffre 95(!) sur une pellicule ! J'ai repensé à tout ce poids, ces contraintes de l'argentique, ces em...bêtements, ces coûts, le boulot monstre au retour(avec toute la volonté du monde je peux développer 5 films 120 max par heure à 35mmsousterre), le risque des rayons X, etc...

Et alors j'ai repensé au fait que certains d'entre vous m'ont souvent dit que c'était important pour eux d'acheter, au delà de mes photos, toute l'histoire qui va avec! Galères, heures de marche, poids des images, aventures culinaires, histoires des rencontres en temps réel, mes carnets servent aussi à ça, vous raconter l'histoire des futures photos et j'espère vous donner envie!!en achetant un tirage vous achèterez aussi (d'ici la fin) 150 jours de voyage et peut-être 7000 ou 8000km de bus!

Ceux qui me connaissent savent que mes seules drogues sont la nourriture, la pêche, le jardinage, la prise de vues et le labo (si vous voulez voir un rat de laboratoire, venez à 35mmsousterre en plein été, j'ai même du installer une sonnette dans le labo pour que le reste du monde puisse communiquer avec moi de jour comme de nuit).

Les trois premières ne rapportent rien d'autre que des (beaux) légumes, des (jolis) poissons et un (plus) gros ventre. Les deux dernières, à vrai-dire, ne rapportent pas grand chose, ou en tout cas pas suffisamment. Il est fort probable que les ventes au retour ne soient pas suffisantes pour compenser le cout du voyage...(bon, au pire je vendrai mes légumes).

En fait, si j'écris cela, c'est car ceux qui n'ont pas eu l'occasion de suivre mon parcours ces 4 dernières années ne réalisent pas que les ventes de tirages (et les eventuels stages de tirage) au retour de voyage sont le seul moyen de continuer l'aventure et pouvoir éventuellement partir de nouveau (et par la meme occasion vous faire voyager). ( d ailleurs pour ceux qui m ont parle de stage, essayez d avoir des dates rapidement car a mon retour ca va etre ...labo a plein temps)

Revenons à nos moutons ; à la forge, la lame prend forme rapidement. N'ayant pas de ponceuse à bande, les étapes suivantes se font sur une meuleuse en pierre, mouillant la lame fréquemment pour éviter qu'elle chauffe.
Il fait presque nuit ; le reste se fera demain!

Cela fait six jours que je suis ici. De plus en plus souvent, des gens à pied ou en moto me font des signes amicaux ou m'appelent de loin. N'étant pas du tout observateur et physionomiste, dans 95% des cas je ne les reconnais pas. Comme ce soir, lorsqu'une femme s'arrête à mon niveau pour me parler. Avec le casque moto et le foulard, je ne reconnais pas tout de suite ...la mère de Vui, qui m'ont accueilli hier et avant-hier. (En fait, depuis son départ Vui m'a envoyé une bonne vingtaine de messages dont le tiers me disant que ses parents veulent me revoir, le deuxième tiers pour me présenter ses sœurs et le troisième tiers pour me demander de répondre).

Donc, sa mère me présente une autre de ses filles (Vui a quatre frères et soeurs) qui s'appele Van (et une autre sœur que je n'ai jamais vu mais qui m'invite à Lang Son, s'appele Vi), et m'invite à manger ce soir. Mais je n'ose pas leur dire que j'ai déjà rendez-vous avec une demi-carpe, et leur dis que je dois voir quelqu'un. Je leur rendrai visite demain!



Je rentre à l'hotel sans oublier de récupérer mon poisson, cuit et assaisonné. Cette gentille dame refuse que je la paye. Je prends donc pour 5000d de chou sauté au gingembre. J'ai acheté des fruits que je n'ai jamais mangés : ça ressemble à des mini pommes, ça a une consistance de pomme, un gout de pomme, et...un énorme noyau au milieu!
Je mange beaucoup de fruits (1kg par jour), privilégiant ceux qui me semblent les plus courants ici : ananas (15c les deux petits), canne à sucre et mangues essentiellement (j'ai vu des jacques, mais à 80 000vnd le kilo c'est 4 fois plus qu'à Sa Déc!). Et c'est également ici que j'aurai mangé le plus de légumes.

Jamais, dans tous les 12 ou 15 pays que j'ai traversés, je n'ai vécu une telle sympathie spontanée dans une ville.
De plus, jamais (à part lorsque j'ai passé six ms dans une ferme en afrique du sud) je n'ai ressenti une telle liberté ; liberté de rester, de partir, de dormir, de revenir, de fuir...

La partie Centre-Nord n'a pas été des plus drôles ; d'autant plus que, je peux vous le dire maintenant, ma famille à HCM m'avait tout à fait déconseillé cette partie du pays, me faisant même la liste des villes à éviter (où je me suis arrêté quand même car j'ai horreur qu'on me dicte mon parcours), notamment à cause, parait-il, des problèmes de vols avec violences et arnaques vers Thanh Hoa.

Je suis content d'avoir trouvé mon propre havre de paix ! Ce qui ne signifie pas forcément, d'ailleurs, que cette ville vous plaira autant qu'à moi ; chacun a ses propres attentes et intérêts dans un voyage.

Tout à l'heure je me posais la question de savoir pourquoi je restais ici, mais la question est plutôt : pourquoi partir?



Bien sûr, il y a encore plein de lieux et découvertes qui m'attendent dans le nord-ouest. Mais lors de mes précédents voyages j'ai appris que l'on a la chance de se plaire quelque part, on a tout intérêt à y rester. Surtout quand on commence à construire des relations avec les gens. Pour le nord-ouest, je ne m'en fais pas, j'ai tout mon temps. D'ailleurs, j'avais au départ prévu 6 mois pour explorer le vietnam et éventuellement les pays voisins. Si j'ai fixé le retour au 25 mai au lieu du 25 juin c'est surtout pour rentrer à temps pour les plantations(heureusement le printemps est un peu décalé à Barre des Cévennes)!

Mais je me suis renseigné pour la Chine, et s'il est facile pour les vietnamiens d'obtenir un visa au poste frontière, c'est désormais impossible pour les français. Il va donc falloir tenter l'option "prolongation de visa à Hanoi", hélas !


5 février 2011, Cao Bang

Ce matin, je passe voir le forgeron ; il a dégrossi le couteau à la meule et à la pierre à eau, ainsi qu'avec un outil spécial pour enlever le métal en trop avant la trempe. Je soupèse la lame qui est un peu trop lourde au niveau du manche.



Je lui demande donc de percer trois trous à l'emporte-pièce pour équilibrer un peu. De toute façon cela ne se verra plus lorsque j'aurai fait un manche...



J'observe qu'il sait faire des trempes à l'eau sélectives (pour ne durcir que le tranchant et garder le reste du couteau souple).
Je profite de ses pierres à eau pour aiguiser le mien (faute de poids, j'ai laissé ma pierre à HCM). Quoi de mieux qu'aiguiser sous la pluie sur une pierre à eau?


en plus, ca fait une photo naturelle et authentique.



Je le laisse faire les finitions, je reviendrai cet après-midi. L'énergie qu'il met dans son travail est étonnante : il martèle à longueur de journée. Il sait tout faire : couteaux, hachoirs, machettes, pieds de biche...
Et il est très perfectionniste.


(ici on voit la piece rapportee qui a servi dans le sandvick)

Je rejoins la famille de Vui vers 11h (ils habitent à 15mn à pied). J'amène des ananas et les petites pommes. La mère proteste à chaque fois que j'amène quelque chose (la prochaine fois j'amènerai un poisson). Le problème, comme toujours, est que je ne sais toujours pas qui est qui.
Apparemment nous mangeons avec cinq oncles et tantes de Vui. Ils travaillent tous dans la ferronnerie ou le batiment.

Je reste un peu avec les femmes qui préparent à manger. Il n'y a aucune fille ; elles sont dispersées à Lang Son et Hanoi. Vui m'écrit beaucoup; la plupart du temps je ne comprends pas et dois demander à Lan Anh ou Phuong de me traduire à distance.
Comme les autres fois, la mère de famille s'asseoit à coté de moi et me montre qu'il est impossible de faire baisser le niveau dans mon bol pendant plus de 3 secondes.


Voila une famille (comme tant d autres ici) simple et genereuse.

Je leur montre les photos de Cao Bang qui trainent dans ma poche ; et comme je le prévoyais, la mère veut garder une photo de moi en souvenir. Avec plaisir, je lui donne un des portraits avec le mamiya, et la photo trouve sa place avec les photos de famille que je leur ai imprimees... C'est très touchant.



Vui m'écrit que je peux considérer ses parents comme ma famille...ils veulent appeler mes parents pour les connaître et leur parler (et aussi par politesse je pense)...je demanderai à mon père de les appeler avec skype.


Cette piece sert de garage, entrepot, cuisine et salle a manger...


Salle de bains.

C'est étrange, la façon de s'exprimer des vietnamiens. Très déstabilisant. Pourquoi, par exemple, vui m'écrit-elle autant alors qu'elle m'a à peine adressé la parole lorsqu'elle était là (en 36h j ai recu 154 textos de Lan de Haiphong, Vui de Hanoi et Thao de Sa Déc réunies); et même sa famille, qui m'aime bien, ne le montre pas du tout de la même façon qu'on le ferait en France (par exemple, lorsque j'arrive ou que je pars, ils sont presque indifférents). Peut-etre que certaines rencontres que j'ai pensé insignifiantes étaient peut-être importantes de l'autre côté?
Dans une semaine, j'aurai fait la moitié de mon voyage, et je n'arrive toujours pas à cerner ces différences.

J'ai demandé à Lan de me traduire deux phrases expliquant mon problème de visa. Les parents sont d'accord pour m'emmener au service immigration de Cao Bang (en supposant qu'il y en ait un) lundi matin : nous verrons bien!
Sinon, j'envisage de contacter un grand oncle à Hanoi pour faire les démarches là-bas.



L'aprè-midi, j'explique que je veux acheter un dictionnaire viet-anglais. Il pleut...le père m'emmène en moto et s'arrête dans un magasin "militaire", où il m'achète le même grand imperméable que lui ! De plus il m'a donné (ou prêté) un chapeau assorti, craignant que j'attrape froid avec mon crâne nu. Impossible de payer, c'est un cadeau...
C'est drôle, 50% des hommes portent exactement le même imperméable dans cette ville!

« Explosion du cœur

Cao Bang !

Un imper en cadeau »

Monette, 5 mars


(comme vous remarquez il ne sourit jamais sur les photos)

Il m'emmène ensuite dans une autre maison et me présente (je crois) une autre de ses filles, qui a un salon de beauté et me donne des photos d'une autre sœur (Van, je crois). Moi, je commence à m'y perdre un peu, et même en photo je les confonds!!

Puis, nous allons dans une petite librairie. C'est l'occasion, à moto, de constater que cette ville est beaucoup plus grande que ce que je pensais, à pied je n'en verrai jamais le bout.
Je choisis le plus petit dictionnaire possible, qui va quand même rajouter 500g à mon sac. Je le laisserai peut-etre en partant de Cao Bang (si je pars un jour). Je l'ai acheté pour pouvoir comprendre la famille de Vui (ils ont vite compris que je comprends mieux lorsqu'ils écrivent).

Pour les textos c'est impossible car il n'y a pas d'accents. Par exemple si quelqu'un m'écrit " muon" sans accent cela peut vouloir dire "vouloir, tard, 10 000, louer, emprunter..."(sans compter la douzaine de mots composés utilisant muon). Un vrai casse-tete, j'ai renoncé!! Parfois Vui essaye de m'écrire en anglais mais c'est encore pire, on se comprend encore moins.

Bon toujours pour est-il que au service immigration, si personne ne parle anglais, ça va être folklo.
Je finis par rentrer à l'hotel. Je ressors sous la pluie, tout le monde me reconnaît et remarque mes nouveaux vetements. (ça les avait amusés lorsqu'ils ont vu mon crane tondu, ils ont tous peur que j'attrape froid - les Vietnamiens n'aiment pas le froid, même dans le delta les filles étaient en anorak).

Je dépose des photos à imprimer. Je remarque avec amusement qu'il y a deux jours, les employés écrivaient Lecao sur la pochette de commande ; et que maintenant ils écrivent Vinh !



Le gerant du labo est tres, tres, tres intrigue par mon mamiya . A un moment il me regarde, les yeux ronds, et me dit "mais !!? tu utilises des pellicules???"

Moi, ça me plait, que les gens s'habituent à moi, que la cuisinière m'offre des nems ou me fasse cuire mon poisson (d'ailleurs elle m'a demandé ou j'étais à midi), ou que la vendeuse de fruits me mette systématiquement des mangues de côté.
Je sais bien qu'il faut profiter de ces relations qui se construisent depuis sept jours.

Ce bonhomme, par exemple, me sourit tous les jours d un air curieux, mais pour X raison je n ai jamais ose le prendre en photo. Ce matin, il a accepte avec plaisir...je vais lui imprimer son portrait.





Je récupère ma lame, elle est terminée, et plutôt pas mal!



Comme tous les forgerons, il se rase les poils de mollet avec pour me montrer qu'elle est rasoir. Il ne restera qu'à trouver du papier verre très fin (pas évident) pour polir le tout...pour le manche en cuir, c'est introuvable ici. Je n'en ai jamais vu, il faudra attendre mon retour (ce n'est pas étonnant, puisque même la peau de bœuf se mange ici).
Je réfléchis à un patron pour une autre lame .

A ce propos, un ami passionne de couteaux, Sebastien, a fait un article pour presenter mon couteau. Je vous invite a voir son blog tres fourni...

http://les-couteaux-et-moi.over-blog.com/article-le-couteau-de-vinh-68644013.html

Je passe au cyber transférer mes photos et commencer la mise en page de la part 20: mieux vaut y passer une heure par jour plutot que trois d'un coup!
Le compte-rendu de la seule journée d'hier, m'a pris 3h le soir: 1800 mots, 8500 caractères (donc 8500 coups de stylet!). Et pareil ce soir. ca m occupe et surtout c est plus reposant que d etre au cyber, enfume (la plupart du temps j ai un cendrier sous le nez et de la fumee dans les oreilles) et dans un boucan infernal (les jeunes vietnamiens, ca crie comme des cochons, c en est effrayant.). Le tout c est d eviter les heures de pointe (weekends et soirs).

6 mars 2011, Cao Bang. 70e jour, 99e film...

Ce matin il fait beau et chaud, j ai fait 4 films, je suis retourne voir les coiffeurs, et leur ai donne des photos, l occasion d en prendre de nouvelles ! Parfois, les hommes semblent un peu bourrus, mais ici a Cao Bang, lorsqu on discute un peu avec eux, ils s assagissent !!!







Je fais mon arret au cyber pour finaliser cette part 20. J ai fait un arret en stand ravitaillement. depuis longtemps, j avais envie de manger du bambou frais mais impossible de le cuisiner. Maintenant, depuis la queue de carpe, j ose ! J ai donc achete une pousse de bambou a 5000D et je lui ai demande de la cuisiner pour moi. Je gouterai ca tout a l heure, en recompense !





Et evidemment, je n ai pas pu m empecher d aller voir le forgeron ce matin et de lui commander deux nouvelles lames plus petites, dont une pour Sebastien D pour l encourager a continuer son blog... Resultats dans quelques jours !
A bientot les amis ! Je vous laisse voyager, et me laisse guider par mon estomac.
Ps pour la prochaine fois, je vous reserve un petit jeu de reflexion...

4 commentaires:

  1. excellent le forgeron ! on l'aurai reconnu à des kilomètres !!! jt'embrasse fort

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  2. Nous avons bien aimé la série des coiffeurs mais oseras tu leur confier tes oreilles ? le travail du forgeron et ton appréciation des choses. Ces jeunes filles sont elles aussi réservées avec les jeunes vietnamiens ? j'ai vu souvent des touristes condescendants et j'apprécie beaucoup ta manière de recevoir et de donner.

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  3. hello, ravie de te lire :) bon c'est vrai j'avais zappe les derniers posts, mais je vois que tu te plais a Cao Bang.
    et tu as entierement raison pour la 'froideur' vietnamienne. Ca me fait toujours bizarre lorsqu'on quitte la famille et qu'ils ne nous embrassent pas! et j'imagine que dans la campagne, ils sont encore moins tactiles. Mais tu aurais du le sentir, c'est comme lorsque notre propre pere nous raccroche limite au nez sans dire au revoir :)
    Allez, profite!
    Kim-anh

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  4. Deux imperméables
    XXXL
    La classe!




    bises

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