De-Vinh qui je suis!

Sur ce blog, vous pourrez trouver des informations aussi diverses que la fabrication d'étui en peau de varan, l'évolution de mon potager et des conseils de jardinage, des photos de mes voyages, etc etc...
A noter que "bo" veut dire boeuf en vietnamien ! On ne renie pas ses origines!

lundi 28 mars 2011

Part 29 - Les Carnets culinaires d'un pêcheur d'images, Vietnam

For English readers : now if you click on the top left on my blog, you can have an English translation, which is actually not too bad ! so you can understand almost everything.

Notez que je peux lire vos commentaires mais ne peux pas y repondre via le blog, ni avoir votre adresse email. N hesitez pas a m envoyer un email personnellement a littlevinh@gmail.com si vous voulez une reponse.

Vous etes 17 a avoir adhere a Vie Bovinh en envoyant un don et 24 a avoir souscrit pour un tirage noir et blanc avant le voyage ; je vous remercie chaleureusement. Vous etes egalement nombreux a me demander si je ferai un carnet de voyage "papier" (edite et relie, avec photos, integralite du voyage, haikus, bd, dessins de monette). J y reflechis serieusement mais le cout d edition est tres eleve et le travail enorme...je le ferai si vous etes suffisamment nombreux a vouloir l acheter.

Les adhesions a Vie Bovinh sont ici http://une-vie-bo-vinh.blogspot.com/p/adherez-vie-bovinh.html
Pour ceux qui preferent m envoyer un virement ou un cheque, envoyez moi un mail.

Les souscriptions ne sont plus possibles, il faudra attendre l ete 2011 pour me commander des tirages noir et blanc. http://35mm-sous-terre.blogspot.com/



26 mars 2011, Cao Bang

"Voyager,
Savoir s'arrêter,
rester"



Ici la vue de l autre cote de Cao Bang, depuis le marche. Mon hotel est celui a la facade jaune, derriere le batiment bleu apres le pont.

Ce matin je me lève particulièrement tard car il fait froid et gris.
Je croise Sõn et Nhung devant mon hotel ; et fais tirer une vingtaine de photos chez Fuji (entre autres celles du mariage d'hier).





Je discute avec les 4 Nung, mais on ne se comprend pas trop. Hier, Hop m'avait dit que je pourrais peut-etre les accompagner dans leur village aujourd'hui; ce matin elle me dit que elle et Minh partiront vers 15h si elles ont vendu leurs clémentines, et que Minh est d'accord pour que je dorme chez elle.







Mais lorsque je redemande a Minh celle-ci me fait comprendre que ça la gêne car sa maison est trop pauvre (ce qu'elle m'a déjà dit hier)...et qu'elle a peur des Công An (les policiers véreux).
Pour la première raison je lui dis que je peux dormir par terre sans lit. Pour la seconde, je me contente de hocher la tête...car pour rien au monde je ne voudrais lui causer des soucis...



Cela m'attriste réellement car je l'aime beaucoup, j'aimerais tellement voir où elle vit mais je m'en mordrais les doigts si ma venue lui posait des problèmes...et puis je trouve son regard tellement beau, elle me fait beaucoup penser à la femme afghane qui a fait toutes les couvertures de National Geographic, mais depuis toutes ces semaines je n'ai jamais réussi à faire un portrait d'elle.



Et je suis persuadé que pour y arriver il faudrait etre dans un contexte familier et connu...au fond de moi, je le sais, je visualise très bien cette image dans mon viseur et l'importance qu'elle pourrait avoir pour moi, dans la symbolique de ce voyage...pour moi, Minh et Hop représentent toute la difficulté (et l'intérêt) de mon voyage photographique, à savoir, passer des semaines à construire une relation et établir une sorte de confiance autre que touriste - autochtone...Effacer la notion de safari-photo. Introduire (ou renforcer) une notion de partage.



Minh (a gauche) et Hop. Tellement belles!

Je vous parle de ca, mais en fait dans le fond le portrait que je visualise de Minh est suffisant. Peu importe si un jour je pourrai le faire ou non. C est cette rencontre qui est la plus importante.
Et tant pis pour le portrait, je le garde dans la tete (dommage...vous ne le verrez jamais)

Je ne peux vraiment pas me permettre de ne penser qu'à moi sans envisager les conséquences. Je trouverai une solution. Le problème est qu'elles partent toujours en fin de journée, jamais le matin. Et la communication est trop difficile et changeante, pour savoir où elles habitent. Minh me dit que sa maison est "kilomètre trente depuis Cao Bang"...super...je ne trouverai jamais comme ça.



(ici de tres etonnantes feuilles d arbustes, au gout tres fort de menthe poivree, que l on mache. On a alors l impression de manger du dentifrice ou un chocolat After Eight)

Si elles partaient le matin j'aurais pu les suivre et rentrer tranquilement l'après-midi...
C'est la première fois que je suis aussi frustré car je sens et je sais que je pourrais passer des moments formidables avec elles dans leur village car elles m'apprécient vraiment bien ; mais même par écrit c'est trop difficile, leurs fautes d'orthographe ne m'aident pas, et dès qu'un acheteur arrive, elles l'interpellent et le moment d'après, elles ont "oublié" ce que j'ai tenté de leur expliquer, et il faut tout recommencer. Hélas...

Minh finit par me dire que ce sera possible le "jour 3, mois 3" (c'est ainsi qu'on dit les dates : "tôi vê Pháp Thàng 5 = je rentre en France en mai). Donc le 3 mars. Comme vous savez on est le 26 mars...c'est le décalage entre calendrier vietnamien et français! (puisque le nouvel an était le 3 ou 4 février). Je leur demande la date : nous sommes apparemment le 22 février...ça se complique. Combien y a-t-il de jours par mois dans ce calendrier? Et la lune dans tout ça?



(on pese les carpes vivantes dans des sachets pour expedition

Je regarderai le calendrier à l'hotel, qui affiche les deux dates.
Minh me dit que c'est dans dix ou onze jours. Vu comment c'est parti je serai encore surement à Cao Bang! On verra bien d'ici là.
Je suis un peu "triste" et j'espère réellement voir leur maison un jour. Je comprends qu'elles craignent que leurs conditions de vie me genent...difficile d'expliquer que je me sens mieux à la campagne qu'à la ville...
Je reste avec elles trois ou quatre heures, les regarde préparer leurs affaires pour rentrer chez elles. Mais elles emmènent leurs paniers car elles vont aussi vendre leurs clémentines à Phuoc Hoc (le village après le leur) avant de revenir à Cao Bang.

Je trouve leur tunique vraiment belle dans leur sobriété, plus belle que la tunique homme, et il est probable que je leur en achèterai une tout à la fin, en souvenir de cette belle rencontre et leur laisser un peu d'argent...



Avant de partir, Minh va acheter deux fagots de canne à sucre (la partie trop fine qu'on ne mange pas) pour ses buffles à la maison, me dit-elle. J'ai déjà observé d'autres femmes Nung faire de même. D'ailleurs en ce moment je vois beaucoup plus de Nung et de H'mong ; est-ce parce que mon regard a changé?



Ici Nhung, la Nung, toujours drole



Je fais quelques courses pour ma "maison" : produit vaisselle, éponge (trois mois que je fais ma vaisselle au savon et sans éponge), petit bocal, et surtout, un tupperware pour les plats à emporter! Enfin! Il y en avait également en version isotherme inox ; et meme des modèles a étages (trois compartiments pour trois aliments) que j'ai souvent vus utilisés par les gens au marché.

Ce tupperware est un soulagement car il va m'économiser plusieurs sacs plastiques par jour. Je me balade avec lorsque j'ai l'intention de ramener à manger. Par contre du coup comme c'est transparent, les gens veulent encore plus savoir et commenter sur ce que je ramène. Mais personne ne sait ouvrir ce tupperware à blocage de couvercle.
Je suis bien content de cet achat.



Jour de grand soleil, on installe des parasols sur l allee principale du marche, Etonnamment ils divisent l allee en deux et les motards respectent plus ou moins cette signalisation (sauf evidemment sur cette photo).



Le futur nouveau pont de Cao Bang ; apparemment quelqu un dort sous ces auvents au bord de la route (il y a un lit et une moustiquaire)



Le magasin que j ai pris plusieurs fois en photo dans le quartier en demolition ; il va bien pouvoir reprendre une activite normale



Pour le produit vaisselle, figurez-vous que mimer le geste de faire la vaisselle ne suffit pas : on vous proposera du savon! Et au rayon "les mimiques qui ne marchent pas", faire semblant de téléphoner en portant la main à l'oreille, ne marche pas non plus (Minh a surement cru que je me grattais l'oreille alors que je lui demandais son numéro...)



Le soir, je fais ces photos de la bijouterie : ce n'est pas la seule de la ville mais elle a le monopole. Il suffit de voir la devanture illuminée, avec cet immense écran télé!! Démesure...et cette bijouterie est toujours bondée. Rappelez vous qu'une des amies de Vui était toute fière de porter ses bijoux à 600 euros...il est probable que les bijoux doivent montrer une certaine réussite sociale.






Vous voyez l ecran tele ? (en bleu)

A l'hotel, devant la télé, je commence à polir (tous) mes couteaux, mais c'est long!





27 mars 2011, Cao Bang

Ce matin au réveil, panne de courant générale. C'est en fait assez rare : ça m'est arrivé trois ou quatre fois durant tout le voyage, et rarement très longtemps.
Aujourd'hui, Nga me dit que le courant ne sera pas rétabli avant ce soir...
L'occasion de voir comment cette coupure influence la vie urbaine...

Tous les magasins dépendant directement de l'électricité sont fermés, tel le labo fuji ; certains ont un groupe électrogène.



D'autres, comme certains coiffeurs, installent une batterie de voiture pour faire fonctionner le minimum en 12V (tondeuse, lampes, radio). Le reste des magasins sont ouverts quoiqu'un peu sombres.





Le coiffeur devant mon hotel, toujours chic

Les cybers ont un sérieux manque à gagner car c'est évidemment le weekend qu'ils sont le plus bondés (meme si les lycéens viennent également à la pause du midi). Ils sont tous réunis à moins de 100m du lycée...

Quant aux feux de signalisation, ils ne fonctionnent pas. Ce qui, soi dit en passant, ne change pas grand chose aux dangers de la circulation!
La journée va être longue car je ne peux même pas taper mon carnet, faute de batterie.



J'achète des pousses de bambous et demande à Xau de les préparer avec du poulet au curcuma ; et rentre avec mon tupperware rempli.



J ai compris pourquoi je n arrive pas a manger plus de deux fois par jour : les barquettes que me fait Xau font systematiquement entre 600g et 800g... tu parles d un repas... le fait est, que je peux difficilement acheter moins : lorsque vous achetez des abats de canard par exemple, on vous donne le kit complet !



Je n ai jamais su a quoi sert ce bois jaune ; probablement un medicament ou une infusion



Mais sans télé ni carnet ni photos, il n'y a pas grand chose à faire ; je sors avec mes pierres à aiguiser et mes couteaux, m'installe dans la cour de l'hotel sous le robinet et m'attelle à la tâche ; d'abord éliminer les marques de trempe et de meule sur l'émouture, puis polir avec la pierre douce de droite (très, très long...). Et finir au papier verre 600 (c'est le plus fin que j'aie trouvé).



Bon j ai soigne la mise en scene pour cette photo

La gérante suit attentivement chaque étape.

L'après-midi, je passe le temps là ou je peux, m'arrêtant à chaque fois qu'on me propose un tabouret ou à grignoter!



Ici une des specialites est le Thit Bo Kho (viande de boeuf sechee facon viande des grisons) mais je n ai jamais goute, c est tres cher (300 000D/kg)

Je m'asseois même avec les vendeuses de poissons, derrière l'étalage, et profite de leur seau d'eau plus poisseuse que poissonneuse, pour polir mon couteau...



Il pleut... on s abrite sous des plaques de polystyrene !







Meme le forgeron est au chômage technique, faute d'électricité pour le ventilateur de la forge. Je voulais lui commander une lame sur soie, ça attendra demain!



Vendeurs de pigeons





Le courant revient à 18h comme prévu, au grand soulagement de tous.

Quelques photos du marche couvert, que je ne vous ai jamais montre. on s y perd facilement, mais maintenant je sais exactement ou trouver quoi.










« Bleus aux fesses

Etoiles dans les yeux

Voyage de rêve »

Monette 28 mars 2011


28 mars 2011, Cao Bang

Je crois que je suis arrivé le 28 février à Cao Bang. J'y ai donc déjà passé 4 semaines, avec une pause de 4 jours à Hanoi...
De temps à autres, je me pose la question du départ. Je me dis que je suis surement en train de rater quelque chose ailleurs...ou pas. Puis il suffit d'une rencontre, d'une invitation "banale", d'une photo...pour chasser ces pensées!



Je suis allé plusieurs fois à la gare, pour constater que la région semble etre bien desservie, d'autant plus que Cao Bang est la capitale de la province Cao Bang (c'est souvent ainsi : la capitale a le même nom que la province). Comme je vous l'ai dit, j'aurais aimé visiter le village Phuc Sen sur la route de Phuc Hoa : c'est le village où vivent Bach, Hop, Thim, Minh. Elles ne sont pas encore rentrées à Cao Bang.

Mais je me tâte. Je ne sais pas trop quel serait le meilleur moment pour y aller. Je prends mon fourre-tout (que j'utilise uniquement lorsque je prends la route, à cause de la poussière) : mamiya, une lampe frontale (on ne sait jamais : toujours faire comme si vous ne rentriez pas), cellule, 6 films, des sachets de graines et mon carnet. Ce kit minimum est toujours prêt pour toute éventualité.

A tout hasard je vais à la gare à 9h, mais le prochain départ est à 10h. Notez que vous pouvez toujours vous installer dans un bus même une heure avant le départ, notamment pour avoir la meilleure place. Mais au bout de dix minutes je renonce car autant y aller un jour ou je me lèverai plus tôt : si j'arrive à onze heures ou midi, c'est l'heure morte...



Alors je rentre à l'hotel...discute avec les bouchers. Je vois Nga, la gérante de l'hotel, qui a acheté ce que je reconnais de loin comme de la viande de chien. Tout fier de pouvoir lui dire qu'en France on ne mange pas de chien, elle acquiesce et...m'invite à manger à midi! Eh bien, pourquoi pas, vous m'avez déjà vu refuser une invitation? D'autant plus que c'est la première fois qu'elle m'invite à manger.

Content, je vais au marché acheter une petite carpe de 300g en guise de participation au repas familial.



Je choisis la carpe qui me plaît le plus dans une bassine avec ses collègues. 1,80euro le kilo de carpe vivante, moins cher si vous achetez un piranha dégelé (j'ai appris qu'il y a soixante espèces de piranha, dont beaucoup sont végétariennes). Le plus cher est le réputé poisson serpent.



Choisir un couteau? Les vietnamiens passent beaucoup de temps a choisir le leur.... normal, c est un outil de travail.



Alors la ! on me prete un couteau avec le mot Vinh grave dessus... je veux le meme!

Je dessine (très) vite fait une lame sur soie que j'ai imaginée récemment, et apporte le patron au forgeron, "comme d'habitude". Discussion rapide,trois billets changent de mains, et je viendrai le récupérer dans les prochains jours : ayant déjà cinq lames sur mesure (dont une, la première, que je compte offrir ici), je ne suis plus pressé!





Vendeuse de fleurs a moto


Eponges naturelles



Graisse de serpent pour les levres(je peux vous dire que ca ne sent pas tres bon...) que l on identifie avec la peau de serpent posee dessus et le bloc de graisse


Pousses de bambou crues



bebe emballe pret pour expedition

Je passe chez fuji; à chaque fois, quelle que soit l'heure, il faut patienter dans une petite pièce enfumée, jusqu'à ce que l'un des trois geeks daigne s'occuper de vos fichiers. Mais, comme les cybers (que je supporte de moins en moins ; pour poster la part 27 je m'en suis sorti avec gros maux de tête et yeux qui piquent ; d'autant plus que pour d'obscures raisons les gens s'évertuent à garder toutes les portes fermées ; effet aquarium irrespirable garanti ; si vous trouvez plus enfumé ailleurs je vous rembourse la différence, je comprends ce que ressent une carpe dans sa bassine d'eau sans oxygène).







Je cherche desesperement un simili cuir ou autre materiau solide pour faire le manche et l etui de mon couteau ; helas le cuir dans ce pays, n existe pas... je n en ai jamais vu, sous quelque forme que ce soit, meme en chaussures. Tout est en synthetique. et les cordes sont faites en plastique tresse, il y a tres peu de cordes en cotton.





Le polissage de mon Tanto est termine... apres des heures au papier verre.
Et hop une laniere de cuir du maroc, et une perle en os de girafe et voila un couteau international. Magnifique.




A 12h, comme prévu, je retrouve Nga pour le repas et lui offre ma petite carpe ; en fait on ne la mangera pas à midi, je pense qu'ils la mangeront ce soir.
Je suis curieux de savoir comment la viande de chien a été préparée. En effet, la dizaine de fois ou j'en ai mangée en afrique, elle était simplement bouillie.
Le mari de Nga a préparé le repas (en fait il s'occupe de tous les travaux de la maison lorsque sa femme vend la viande ; et souvent ils inversent les roles).

Il a donc fait mijoter la viande coupée en petits morceaux, avec citronnelle et curcuma hachés. Et franchement, je dois avouer que c'était un vrai délice...je vous avais dit que ça ressemblait à du sanglier mais ce serait plutot du marcassin!

De toute façon, tous les plats spéciaux que j'ai mangés (oreilles de boeuf,tete de porc fumée, mam chung, etc) sont introuvables en échoppes (peut-etre au restaurant mais encore faut-il savoir de quoi on parle).


Tres charge ce bus...



Ici du cochon laque, au ventre farci de feuilles inconnues genre feuilles de citron

En tout cas c'est une expérience que je ne vais pas oublier de sitot...meme si je n'en achèterais pas de moi-meme.

L'occasion de discuter un peu avec Nga et de lui dire qu'elle doit apprendre à parler anglais ("Bà phai hoc tiêng Anh") car ce matin j'ai du l'aider un peu avec deux touristes Danois. Cela dit, et c'est loin d'etre le cas partout, je vois bien que Nga fait beaucoup d'efforts pour accueillir des étrangers et essayer de les comprendre patiemment.





Le pauvre Zang, agé de trois ans, a beaucoup de mal avec les baguettes! Moi ça va, mais je mange très lentement aux yeux des gens, car je ne maitrise toujours pas la technique du tractopelle...(porter le bol à sa bouche et tout pousser avec les baguettes).



Ici le mari de Nga coud un pan de tissu sur une de ses cages...

Le reste de la journée se passe sans rien de spécial. La fille qui me donne des mangues parfois, me crie un "Em yêu anh" ("je t'aime") en public (?je croyais que les vietnamiennes étaient réservées), prend mon numéro et m'invite très sérieusement à boire un café à 20h...mouai, ça sent le coup du lapin à plein nez!
Effectivement elle ne viendra pas (pas fou, j'ai donné rdv à mon hotel, comme ça ce n'est pas moi qui vais attendre bêtement dehors car j'ai bien compris que les vietnamiennes arrivent toujours une heure après le rdv, voire un jour après, ou jamais) et j'en profite pour me coucher tot.

Ce soir j'ai acheté du buffle à Nga, morceau choisi dans le muscle de la cuisse et pourtant plus tendre que du faux-filet français...étonnant.



Le boeuf coute plus cher (130-150 000) au marche couvert que dans la rue (80 000-90 000)



Xau, 15 ans, cuisiniere

29 mars 2011, Cao Bang

Ce matin je vais voir Hien (la fille d'hier) pour lui demander des explications mais elle se contente de me dire qu'elle était occupée hier soir, et me propose un nouveau rdv ce soir meme heure meme lieu. Sauf que cette fois je refuse sèchement; une fois, pas deux! Vexee, elle ne veut plus me parler, mais chacun sa fierte hein.

Le forgeron n'a pas commencé ma lame, il a une commande de couteaux de bouchers. L'occasion de le voir faire des lames sandvick.



On voit bien la piece rapportee integree dans la premiere...
Il met une sorte de produit pour aider a la soudure entre les deux pieces



En fait je ne m'inquiète plus trop du poids de mon sac, car sur la route du retour vers le sud j'ai déjà des adresses d'hotels, donc je marcherai moins qu'à l'aller. Et si d'aventure je me décidais à explorer le nord ouest, je peux toujours laisser la majorité des affaires encombrantes ici à l'hotel.



Studio photo a l exterieur pour les photos d identite


Avec miroir s il vous plait

En fait aujourd'hui est une journée assez négative. Il y a des jours ou j'ai l'impression que les gens m'acceptent moins que d'habitude (evidemment ce n'est du qu'à mon propre état d'esprit du moment). Meme les 4 Nung ne me parlent pas, le labo a oublié de faire mes tirages, Xau évite mon regard, bref, il y a des jours comme ça. J'erre sans but, revenant de temps en temps voir l'évolution du "chapeau" que Minh est en train de coudre pour son fils.



Ici un plastifieur ambulant . Avec Groupe electrogene, il plastifie pour vous vos documents, photos, etc.


Pedale en bois d un pousse pousse

Aujourd'hui, Minh, Hop, Bach, et Thim sont revenues de Phuc Sen. C'est journée couture : elles ont découpé le tissu chez elles et cousent tout à la main ici dans la rue. C'est la première fois que je les vois coudre ces vetements traditionnels. Tout est cousu à la main, les points sont minuscules et très réguliers. Thim coud un pantalon comme celui que j'ai, Minh un chapeau. Les motifs, minuscules, sont cousus de fils de couleurs. C'est un travail extrêmement minutieux, et je veux bien croire qu'une tunique comme la mienne demande un temps fou (je n'ai pas réussi à compter de combien de pièces de tissu elle est faite, tellement les coutures sont discrètes).









Voyez un peu les coutures...



Sur la photo, on voit a peine les deux lignes de couture sur la bande rouge.



Minh, 33 ans, m'explique qu'elle a deux garçons de 13 et 14 ans. Faites le calcul. Hop, 32 ans, a aussi un enfant de 10 ans.
Meme si la journée n'avait pas bien commencé, vers 16h j'arrive enfin à capter et garder suffisamment l'attention de Minh pour lui parler "sérieusement". J'ai pu, sans carnet, lui expliquer pourquoi mon père parle vietnamien et pas ma mère, que ma sœur n'a ni mari ni enfants, ce qui surprend toujours (par contre je n'ai pas le vocabulaire pour expliquer que la chère sœur est chercheuse en australie), mais aussi que j'ai un jardin, des canards, des poulets, des légumes, que je veux voir son village mais pas tout seul, que je veux y aller un jour de marché, et beaucoup d'autres choses que j'ai oubliées.

De son coté, elle me dit qu'elle n'avait pas d'argent pour aller à l'école, et que c'est pourquoi elle ne sait pas écrire ("écrire" se dit "viet" mais pas avec le meme accent que "Viet" voulant dire"Vietnamien". "Tôi khong biet viet Viet" = je ne sais pas écrire vietnamien) mais que maintenant son fils apprend l'anglais à l'école ; me demande le cout de la vie en France, de la chambre d'hotel à mes revenus quotidiens (ce à quoi je réponds évasivement, n'en sachant strictement rien) en passant par le kilo de tomates. Elle insiste (encore une fois) que sa maison est trop pauvre pour que je la voie ; mais me dit que le jour de marché à Phuc Sen est le 3 mars (calendrier viet) et que je pourrai y aller avec elles (mais je n'y crois pas trop car elles iront surement la veille et je ne saurai pas ou dormir).

En fait, c'est la première fois qu'on se parle autant...probablement parce que, frustré par cette journée peu productive, je suis particulièrement concentré à l'écouter. En passant beaucoup de temps avec elles quotidiennement j'apprends et découvre tellement de choses!



Apparemment ces fleurs a moitie sechees se font en infusion

Thim a acheté cinquante poussins pour 7 euros, qu'elle ramènera chez elle.




Parfois il est difficile de marcher au marche !



Plats a emporter au petit dejeuner. La vendeuse repasse une demi heure plus tard recuperer la vaisselle



Femmes H'Mong

En fin d'après-midi, j'achète des abats de poulet crus ; vous les trouverez chez les vendeurs de poulet bien sur, qui vendent à part, pour 10 000vnd, le sang coagulé du poulet (ça fait un petit bol), avec, posés dessus, les tripes nettoyées, le gésier, le foie et le cœur.



Comme d'habitude les gens veulent savoir ce que j'ai acheté, et une fille que je connais me conseille d'acheter un légume en particulier pour accompagner les abats (souvent, les gens me disent quoi acheter pour accompagner telle ou telle viande ; par exemple si j'achetais du chien on me conseillerait de la citronnelle). Légume racine inconnu, très dense (celui que j'ai dans la main fait 500g), on ne sait pas de quel coté était la racine et de quel coté les feuilles(!)...écoutons les conseils! On va bien voir





Il faut dire que niveau legumes et herbes, il y a le choix !

J'achète aussi une botte d'herbe que l'on mange d'habitude avec le pho.



"Pattes de poulet
tombent
de la table"




Le quartier des bouchers au marche couvert, immense : probablement 80 boucheres a l heure de pointe
(ici pris en photo a midi)



J'amène mes trésors à la mère de Xau, juste avant l'heure de pointe. Elle coupe le tout finement, fait sauter les abats puis le légume, et finalement refuse que je la paye.



Je profite du soleil rare pour faire une photo de l ensemble de la forge.



Ce que j aime bien avec ce forgeron qui travaille toute la journee avec du charbon, c est que... il a horreur de la cigarette! Et c est bien marque sur son mur ! L homme est tellement strict et imposant que personne n a jamais ose transgresser la regle.

Sur le chemin vers l'hotel je me dis que comme ma barquette est pleine autant la partager...sans grand espoir, j'explique à Minh et Hop que j'aimerais partager un repas avec elles ce soir. Il faudra une demi-heure (Minh dit qu'elles n'ont pas assez d'argent et qu'elles ont peur que leur repas ne me plaise pas...) pour les convaincre mais à mon grand étonnement elles finissent par accepter. Pour moi, c'est une immense victoire...vous n'imaginez pas!

Je les entends discuter d'aller au restaurant (en fait les échoppes comme celle de Xau), soit parce qu'effectivement elles mangent là le soir (rappelez vous qu'elles dorment probablement en auberge, à 10 000vnd la nuit, sans cuisine je suppose), soit parce qu'elles veulent me faire plaisir.

En tout cas c'est l'occasion de voir une deuxième fois de quoi sont faites les soirées de ces vendeuses de clémentines ; tout ranger, passer une heure à nettoyer et déballer les fruits pour le lendemain. Elles payent un gardien pour veiller sur leurs paniers et stocks de fruits la nuit (le gardien dort sur une mezzannine au dessus des stocks).

Le soir les éboueurs passent et font sonner une cloche ; les gens sortent alors leurs poubelles. Les employés balayent les rues et brûlent ce qui peut etre brulé (feuilles de canne à sucre par exemple). En fait dans la plupart des villes ou je suis allé, les rues étaient très propres.



Elles m'emmènent manger à l'échoppe juste a coté de celle de Xau et négocient cinq assiettes à 10 000vnd car les assiettes normales à 15 ou 20 000vnd sont trop chères pour elles. Nous mangeons du canard frit et du chou sauté, des cacahuètes au sel (très appréciées ici mais je n'aime pas les cacahuètes), et le contenu de ma barquette.

Je vois bien qu'elles n'osent pas trop se servir de "mon" plat ; et très vite je fais comme ce que l'on a toujours fait avec moi : je choisis les meilleurs morceaux et les dépose directement dans leur bol avec mes baguettes (sauf avec Bach, 65 ans, car je crains que ce soit mal vu ; tandis que les trois autres sont plus jeunes). Elles sont surprises...mais contentes.
Le légume inconnu est l'une des meilleures découvertes culinaires de ces derniers temps : croquant, très sucré, comme un navet sans amertume.

Je n'ai pas les mots pour décrire cette (très) courte soirée, en fait j'en ai presque les larmes aux yeux (comme lors du racket des policiers il y a quelques jours) meme trois heures plus tard lors de ce compte-rendu. Je ne saurai pas vous dire pourquoi ; encore des ressentis qui resteront miens...car les mots n'existent pas.

Surement parce que c'est une première, et peut-etre la seule étape pour me dire qu'elles acceptent un petit peu plus de partager avec moi un peu plus de leur vie...

Ou bien, parce que durant une demi-heure, avec ma veste Nung et ces 4 femmes Nung qui me touchent tant depuis un mois (et à qui je n'ai osé parler que depuis quinze jours), le temps d'un repas je me suis senti plus proche (le terme est plutot : "moins décalé") d'elles...

Bref, difficile (et pas forcément pertinent) à retranscrire...

A la fin du repas je guette attentivement le moment ou l'une ou l'autre va s'apprêter à payer afin de leur offrir le repas, ce qu'elles sont loin de refuser. Même si j'aurais aimé leur offrir plus (peut-etre pour un autre repas). Meme si l'on m'a souvent offert des repas, il est évident que pour des gens comme Sõn et Nhung, Minh et Hop, ou la famille de Tam à Dongha, et même si cela leur ferait plaisir, toute dépense imprévue a son importance...



30 mars 2011, Cao Bang

Hier soir, Bao, un garagiste a cote de mon hotel, qui m a toujours montre des elans d affection (par exemple pour cette photo il m a tenu dans ses bras pendant dix bonnes minutes au bord de la route) m a dit qu il m inviterait a manger un pho et boire un cafe ce matin 8h.



Je me pointe donc devant le garage a 7h30 et nous partons en moto dans un quartier que je ne connais pas, a un km. Il me fait gouter un pho vit (pho de canard) et m explique que c est une specialite de Cao Bang. Effectivement je n en ai jamais vu ailleurs (d habitude c est poulet ou boeuf). En fait il y a beaucoup de canards a Cao Bang, on en mange plus que du poulet. Les canards frits entiers sont en vente partout. En Pho, c est excellent.
Bao insiste pour me payer ce petit dejeuner, puis m emmene ailleurs boire un cafe sua da (cafe au lait glace)



Le cafe est tellement tasse et noir, que le breuvage prend au moins dix minutes pour filtrer goutte a goutte. C est pourquoi on vous sert toujours un the pour patienter!

Pour moi, ces rencontres, invitations a boire un cafe ou manger, prennent de plus en plus d importance malgre leur banalite...
Hier, la courte soiree que j ai passee avec les Nung a suffi pour balayer toute une journee negative . Ce matin, un repas avec Bao me rend tellement heureux qu il peut "compenser" plusieurs jours de pluie ou de non-rencontres.
C est ainsi, ce voyage... par exemple, si je comptais quitter Cao Bang demain et qu on m invitait a manger dans trois jours, il est evident que je reporterais mon depart , quitte a attendre trois jours ! Chaque moment partage est trop important pour etre neglige. Je suis tellement content de ne pas avoir a suivre un planning de voyage charge et presse.

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Galerie noir et blanc
http://www.flickr.com/photos/vinhlecao/

Blog "Une Vie Bovinh"
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Stages photo (reportages et tirage), labo 35mm sous Terre :
http://35mm-sous-terre.blogspot.com/

Recettes de la famille et des amis, testées et approuvées:
http://recettes-en-fete.blogspot.com/

1 commentaire:

  1. Salut Vinh,

    Tu as raison, les moments de partage sont importants surtout ceux qui vous procurent des émotions impossibles à expliquer avec des mots.

    Pour certaines émotions, il n'y à pas de mots, tout est dans le cœur.

    Pierre.

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