De-Vinh qui je suis!

Sur ce blog, vous pourrez trouver des informations aussi diverses que la fabrication d'étui en peau de varan, l'évolution de mon potager et des conseils de jardinage, des photos de mes voyages, etc etc...
A noter que "bo" veut dire boeuf en vietnamien ! On ne renie pas ses origines!

samedi 2 avril 2011

part 32 - Les Carnets culinaires d'un pêcheur d'images, Vietnam


1er avril 2011, Cao Bang

En sortant de l'hotel, j'entends une grosse engueulade devant l'entrée ; c'est Nga qui crie sur un công an, celui-ci voulant lui interdire de vendre sa viande sur le trottoir devant l'hotel. Nga rétorque qu'elle n'empiète pas sur la route. Nga est une dure à cuire, et j'ai remarqué plusieurs fois qu'elle ne se laisse jamais marcher sur les pieds. Dépité, le công an lâche prise et repart.

Je vois passer un grand bus Cao Bang - Hanoi, bus de luxe avec uniquement des couchettes et, à l'arrière, un espace massage! Drole, non? Sur les cotés du bus il y a écrit "massage" en grands caractères.


Vous avez vu le diametre de ces bambous geants ??? impressionnant !!


J essaye de me faire un etui mais ca ne marche pas...

Dans la matinée, alors que j'apprends quelques mots à Minh (on dirait qu'elle a meilleure mémoire que moi), nous voyons au loin un cortège funéraire précédé par un camion corbillard. Minh me dit que c'est l'enterrement d'un garçon de douze ans (et me précise qu'elle ne le connaît pas, mais elle a du entendre des rumeurs).

Hier, Nga m'avait dit qu'elle achèterait des pousses de bambou crues pour moi (en effet, parfois celles que j'achète sont amères sans que je sache pourquoi - pourtant elles se ressemblent toutes-).

Ca loc

Elle a tenu parole, et en fin d'après-midi m'a donné un sac de 500g (!) de pousses de bambou (mang), qu'elle a achetées au marché pour moi (et refuse que je la rembourse), lavées, émincées, prêtes à cuire!
Je lui demande avec quelle viande cela se prépare. Elle me dit que le mieux est de les faire sauter sans viande.

Elle me dit un nom d'ingrédient que je ne comprends pas, et me l'écrit sur mon téléphone, me disant que je peux le montrer à la cuisinière et que celle-ci comprendra.

Mystère donc. Je lui fais confiance, amène le tout à Niep et demande à sa mère de me préparer un "Xao mang la moc mat", on va bien voir!
Lorsque je reviens à 19h, elle fait bouillir le bambou, puis le fait revenir avec des feuilles de "la moc mat" : ce sont les feuilles mystère ressemblant à un hybride feuilles de citron/combava, très souvent utilisées dans le nord, avec la viande de porc. Ça a un gout très typique.

Malgré mon insistance elle refuse absolument que je paye quoi que ce soit pour la préparation...
Je rentre donc à l'hotel avec ma barquette remplie à ras bord.


"Poulet vivant
en cage
finira sur plateau"

Ces pousses de bambou fraiches, bien préparées, sont un pur délice - rien à envier avec des cœurs de palmiste, niveau gout et texture. Croquantes et tendres. Il va être difficile de manger des pousses de bambou en boite, de retour en France!

Hier Nga m'avait dit que mon tupperware était joli, et je lui ai offert le même que le mien.




2 avril 2011, Cao Bang

Ce matin, Thim me dit qu'elle veut que je prenne sa famille en photo dans son village Phuc Sen, dans 3 jours (le fameux ngay 3 thàng 3 dont tout le monde parle...). Au début elle me dit que je pourrai dormir chez elle, puis finalement me dit qu'à cause des công an je devrai rentrer dormir à Cao Bang. Bon, c'est déjà bien qu'elle me le propose...j'essaye d'avoir plus de détails avec Hop (que je comprends mieux), mais évidemment rien n'est clair : en fait je pensais pouvoir y aller avec elles à 5h du matin ; mais je crois qu'elles partent la veille ou l'avant-veille.

Avec l arrivee du 3e jour 3e mois lunaire, des fleurs se vendent partout ainsi que diverses decorations et faux billets en papier a bruler (pour porter bonheur)

Le problème reste donc le même : il faudra que je me débrouille pour les trouver là-bas le jour dit (en plus mon téléphone ne marche pas bien parfois, je n'arrive pas à avoir la tonalité)...suivant la taille du village, ça va être cotton! Je vais imprimer des photos d'elles et jouer à "perdu trouvé(e)".
Elles me répètent qu'elles habitent "km 30"...mais à partir d'où?!

Cu nang

Puis, elles me disent qu'elles seront au marché de Phuc Sen ce jour-là. Super, elles vont surement vendre leurs clémentines donc elles resteront au même endroit et je finirai par les trouver!
Sauf que non, ce jour-là elles ne vendront pas leurs fruits, elles me disent qu'on se croisera au marché car elles se baladeront...
Bon, ça ne m'avance pas trop mais on verra en temps voulu...je prendrai un bus à 6h du matin et rentrerai l'après-midi.


Dans le genre legume etrange, ces aubergines...
personne ne sait me dire ce que c est et a quoi ca sert!


Depuis que je sais dire "quel est ton nom" et "qu'est-ce que c'est", j'utilise ces expressions à tout va, pour savoir le nom et l'utilité de tout! Evidemment je ne retiens pas grand chose, mais grâce à ces deux phrases j'ai l'impression de découvrir tout un nouveau monde de mots et un nouvel univers!
Les gens jouent le jeu de ma curiosité, et m'expliquent tout ce que je montre du doigt!

Minh vend quatre ou cinq variétés de feuilles.


Celles-ci se mangent avec du poulet


Celles de gauche servent pour les hommes à se raser (j'en conclus qu'elles ont des propriétés astringeantes ?), celles du milieu sont acides et servent à se teindre les cheveux mais peuvent se cuisiner avec du poisson, et celles de droite se préparent en infusion, pour la circulation sanguine! Eh oui Minh m'a expliqué tout ça en vietnamien et avec beaucoup de gestes.


Les copeaux de bois jaune, couleur safran, sont utilisés en infusion pour les rhumatismes (ou les articulations...c'est pareil, non?). Même si je ne suis pas encore rouillé, je demande à la vendeuse si elle peut m'en donner un peu, pour goûter. Elle me prévient, c'est très amer (dang). Bah on verra bien.

J'ai toujours dans la poche quelques feuilles que Minh mange tout le temps (celles qui ont un goût de menthe poivrée) ; elle me dit que c'est bon pour la gorge.




Fabrication d une passoire avec une bassine en inox qui s est percee

Hier soir, avant de me coucher, j'ai cousu une petite pochette en tissu pour mettre mes billets (Nga m'a prêté fil et aiguille) ; mais elle est trop petite et les billets n'y rentrent pas...c'est malin...et puis ce tissu s'effiloche.
Mais c'est l'occasion de susciter la curiosité des couturières Nung...et effectivement ça les a bien fait rire! Fous rires, même...surtout lorsque je leur montre que le seul billet qui rentre, c'est celui de 500vnd...Minh dit qu'elle m'en fera peut-être une un jour...moi j'aimerais bien qu'elle m'apprenne un peu à coudre comme elle!


Je ne vous ai pas encore présenté Phong ; je l'ai rencontrée il y a peu, mais elle est très gentille et curieuse. Elle est du même village que les 5 autres Nung. Elle me donne toujours à manger et même lorsque je lui ai donné un morceau de canne à ucre, elle l'a partagé en deux pour m'en donner. Cette gentillesse et ce sens du partage sont communes à ces six femmes Nung. Que ce soit une seule pomme ou un morceau de pastèque, et qu'elles soient quatre ou six, on partage en autant de parts que nécessaire.

Phong

La fille de Phong, qui a 20 ans et habite Hanoi, lui a apporté des affaires et à manger. Phong me dit de vendre les clémentines à sa place pendant qu'elle amène les sacs là où elles stockent leurs affaires...Voyant que ce petit bout de femme hésite à prendre les deux sacs, je lui propose de prendre le plus lourd (qui n'est pourtant pas si gros).

Elle : "non, c'est trop lourd!"
Moi : "non, je viens avec toi"

(trente secondes plus tard)
Moi "euh...il pèse combien, ce sac?!"
Elle : "je ne sais pas, 20kg"
Moi "qu'est-ce que c'est?!!"
Elle : "c'est du riz"

Ah ben d'accord...20kg en bandouillère, c'est quand même "un peu" lourd.


Comme le grand couteau que j'ai prêté à Nga lui plaît bien, je compte le lui offrir bientôt (ou en partant)...du coup pour anticiper j'en commande un autre, partant du modèle couteau de boucher vietnamien légèrement modifié (lame de même longueur, mais moins large, et manche en bois avec renflement au bout). Il m'en demande 60 000vnd, contre 80 000vnd pour le précédent (en fait Nga a payé le sien 100 000vnd à Phuc Sen).


Parfois il faut savoir attendre. Il y a cinq jours que je lui ai commandé la petite lame sur soie, et il était trop occupé ; mais cet après-midi il entreprend de me forger trois couteaux simultanément : le petit, le grand et un des 5 tantos que je viens de lui commander (pour des amis, sur principe de commerce équitable - idée lancée ce matin et concrétisée sur le blog "Les couteaux et moi") en émouture sandvick. Super! La suite demain.



Finalement je suis content de lui commander toutes ces lames (dont seulement trois sont pour moi! Le reste étant des cadeaux ou des souscriptions), car cela lui fait des revenus supplémentaires. De toute façon, il est tout le temps surchargé de travail, avec ou sans moi, et n'arrête jamais.
C'est pourquoi je n'ai jamais osé lui demander de m'apprendre à forger...


Mais cet après-midi lui et sa femme sont particulièrement ouverts à la discussion ; je lui pose plein de questions : sur le prix de l'enclume (en fait transmise par son père, lequel l'a eu de son grand-père, etc...depuis 90 ans!), le poids des marteaux (celui de sa femme pèse 4kg...essayez voir de tenir 4kg à bout de bras), le nom de telle ou telle chose, etc...

Bref, beaucoup de questions pour susciter sa curiosité (et assouvir la mienne). Il s'appele Kin et a 50 ans.
Petit à petit, pendant qu'il forge mes trois couteaux (il a une étonnante capacité à travailler jusqu'à cinq pièces en même temps, ce qui est exceptionnel! C'est vous dire la quantité de travail qu'il a), j'en viens à lui demander s'il peut m'apprendre à forger! Je lui ai dit qu'en France les forges sont rares.


Au début il est surpris et rigole, car il m'explique qu'il faut cinq ans pour apprendre (comme je vous l'ai déjà dit, il a une énorme maîtrise technique)...j'insiste, lui dis que je reste un mois, et il finit par me dire qu'on fera un couteau tanto dans quatre jours lorsque je reviendrai de Phuc Sen! "Forger" se dit "dap".

Bon j'avoue que je ne saute pas encore de joie car il ne faut pas polir le couteau avant qu'il soit forgé...en d'autres termes, il aura peut-etre changé d'avis ou sera occupé...donc, il ne reste plus qu'à espérer que cela se présente un jour. Cela dit, vu la force avec laquelle sa femme frappe les pièces qu'il tient, j'aurais trop peur de rater mon coup et blesser quelqu'un...(ou tomber en arrière rien qu'en soulevant la masse trop haut!).

Lui aussi, me parle des couteaux de Phuc Sen (décidément...va vraiment falloir que j'y aille) qui semblent très réputés.
Il me dit aussi que les couteaux au marché couvert sont 1/4 moins chers que les siens, mais beaucoup moins bons (pas étonnant...ce doivent etre des lames forgées à la chaîne).

Sa femme me dit que ma tunique Nung, achetée 500 000vnd à Thim, n'est pas chère et coute habituellement plutot 800 000vnd.

A l'hotel, alors que je sors avec un paquet de canne à sucre pour mes amies Nung, Baõ le garagiste m'interpelle, pour me donner un morceau de canne à sucre violet. Je ne connais pas du tout! Il me dit que c'est une variété qui vient de Hanoi. Le goût est totalement différent.


Nous discutons tous les deux avec un autre garagiste que je vois tous les jours (il a été l'une des toute premières personnes de Cao Bang à qui j'ai offert un tirage). De fil en aiguille, je leur explique que je compte aller à Phuc Sen le 3è jour du 3è mois lunaire...et il me dit qu'il m'y emmènera en moto (30km sud-est), et que nous irons ensuite chez lui (ou chez sa famille, je suppose) dans un autre village, encore trente km plus loin). Eh bien...serait-ce la journée des bonnes nouvelles?
Espérons qu'il ne change pas d'avis - il m'a déjà proposé deux fois de manger chez lui mais ça ne s'est jamais concrétisé - mais on a déjà parlé à Nga pour la prévenir, et Baõ est témoin.



Ce vendeur ambulant, avec sa petite carriole avec batterie de voiture integree (pour faire ecouter la radio aux gens tout en marchant), et qui vend des articles aussi divers qu autocollants pour moto, ceintures, accessoires de telephone, cirage... tient absolument a me payer le prix de deux tirages Fuji pour avoir une photo de lui et une photo de lui et moi.

Plus le temps passe et plus je suis serein ; je prends les propositions (comme la forge) et invitations comme elles viennent, conscient qu'elles peuvent changer du jour au lendemain.
Conscient aussi que Minh, Hop et Thim m'ont déjà proposé cinq ou six fois de dormir chez elles, pour finalement dire quelques heures plus tard que ce n'est pas possible. Ce n'est pas une question de traduction, je comprends ce qu'elles me disent (dans ce cas précis) mais je pense juste que pour vivre sereinement, il ne faut pas que je mise uniquement là-dessus. Rien n'est jamais sûr!


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Galerie noir et blanc
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Blog "Une Vie Bovinh"
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Stages photo (reportages et tirage), labo 35mm sous Terre :
http://35mm-sous-terre.blogspot.com/

Recettes de la famille et des amis, testées et approuvées:
http://recettes-en-fete.blogspot.com/



2 commentaires:

  1. Salut Vinh,

    Phuc Sen est situé environ à 30 km à l'est de Cao Bang, 7 km avant Quang Uyen, route n° 3.

    Je t'envoie une photo de ma carte par mail.

    Pierre.

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  2. Coucou!oui la serenity et prendre tt comment ca Vient ca s apprend!Tu m apprendra ensuite!:)bisous

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