De-Vinh qui je suis!

Sur ce blog, vous pourrez trouver des informations aussi diverses que la fabrication d'étui en peau de varan, l'évolution de mon potager et des conseils de jardinage, des photos de mes voyages, etc etc...
A noter que "bo" veut dire boeuf en vietnamien ! On ne renie pas ses origines!

mercredi 6 avril 2011

part 34 - Les Carnets culinaires d'un pêcheur d'images, Vietnam

Les parties 35.36 et 37 vont arriver au compte-gouttes...

4 avril 2011, Cao Bang


Je confirme à mes amies Nung que je viendrai les voir dans leur village demain, puis dormirai chez Dai (le mécano qui m'y conduit), dans le village de ses grand-parents, à Ha Lang, 40km plus à l'Est.
De plus en plus, certaines coutumes vietnamiennes me sont devenues totalement naturelles ; parler de moi en disant mon prénom, ou bien prendre et porter toutes sortes de choses à deux mains.

Comme vous savez, on s'adresse à quelqu'un en utilisant des formules de politesse telles que em, chi, anh, bà, ông, bac...pour vous imprégner de ces formules je les utiliserai dans mes écrits.

Au Vietnam, rien n'est jamais sûr. Il faut beaucoup de patience et d'insistance pour "obtenir" ce que vous escomptez, même si c'est quelque chose que l'on vous a proposé spontanément. (par exemple, Chi Minh et Chi Thim m'avaient déjà proposé de venir, pour changer d'avis une heure plus tard).

Ce matin avant que je quitte l'hotel, Nga m'a proposé du xoi (riz gluant) préparé exprès pour le 3è jour du 3è mois. Je lui ai dit qu'elle pourra m'en donner à midi.
Lorsque j'y retourne, elle semble avoir "oublié". Lorsqu'elle me demande si je vais manger, je lui demande donc si elle peut me donner du xoi. Puis, rien ne se passe. Ce n'est qu'au moment où je repars, qu'elle va me remplir ma barquette. Vous voyez ce que je veux dire? Parfois vous avez l'impression que les gens ont oublié. Parfois c'est le cas! Parfois non.

Je partage le xoi avec Chi Phong (les autres sont parties préparer leurs affaires pour rentrer à Phuc Sen). Bac Bach est déjà partie depuis deux jours.
Je montre à Chi Phong la racine ressemblant à du ginseng, que j'ai achetée ce matin. Comme les autres personnes à qui je l'ai montrée, elle me dit que cette racine est normalement utilisée en macération dans de l'alcool.


J'ai également acheté des champignons parfumés.



L'après-midi, je rencontre deux Américains qui sont arrivés ce matin dans mon hotel. Jonah (le grand) a 24 ans et habite New York. David habite à Los Angeles et a 27 ans. Ils se sont rencontrés par hasard à Hanoi et ont décidé de faire un bout de chemin ensemble. Chacun a acheté une moto d'occasion. La première moto de Jonah a vite rendu l'âme, et il a du en acheter une deuxième (180 dollars) à Hanoi. Il a roulé jusqu'à Cao Bang pour la tester, et certaines pièces ont lâché en cours de route.



Les voilà donc tous les deux, en essayant d'expliquer la panne à Baõ et Dai, les mécanos.
Je finis par les emmener à un autre garage (celui ou j'avais fait réparer le mamiya). Mais Jonah préfère ne pas réparer et juste faire un dépannage provisoire et ramener la moto à Hanoi, quitte à la mettre sur le toit d'un bus.



Les deux sont très sympas et nous discutons bien. Jonah est très intéressé par la photo et me montre son nikon D700, qui, j'avoue, est très impressionnant en faible lumière (ou même sans lumière - n'est-ce pas, Olivier F?).


Entre-temps, Nga m'a acheté, comme je lui ai demandé, des pousses de bambous. Notez comment elles sont attachées, sans nœud.


Pendant que je pèle les pousses pour ce soir, David remarque mon couteau. Lorsque je lui dis que je l'ai fait forger par un forgeron ici-même, il est impressionné. Je leur montre les autres couteaux et décide de les emmener voir ông Kin. Celui-ci est ravi (en fait tous les touristes qui passent ne remarquent même pas sa forge)
En fait ils n'ont jamais vu de forgeron, et très vite me demandent si ông Kin peut leur faire un, puis deux, puis six couteaux!

Je leur explique comment faire un patron, les aide à trouver un design, sers de traducteur et négocie les prix (ông Kin ne veut pas leur faire le même prix qu'à moi car il ne les connaît pas).
Jonah commande deux couteaux de cuisine et deux sortes de grands tantos courbes.
David commande deux couteaux de cuisine et six (!) couteaux à offrir.
Je suis ravi car c'est évidemment beaucoup de travail pour ông Kin (plusieurs jours) mais aussi un apport non négligeable...

Ces négociations auront duré une bonne heure ; et à ma grande surprise, ông Kin nous invite à partager son repas! Jusqu'à maintenant je m'étais toujours éclipsé avant l'heure du repas, ne voulant pas le déranger.


Je lui demande plusieurs fois pour etre sur qu'il est sérieux. Comme j'ai déjà déposé les bambous avec Niep pour inviter David et Jonah ce soir, je m'absente dix minutes et explique à Niep que je ne mangerai pas chez elle ce soir.
Je reviens chez ông Kin avec mon plat de bambous ; mais il me dit qu'il ne peut pas les manger et me montre une bouteille d'huile. Mystère?réponse dans la part 37 (suspense) !
Pendant mon absence, ils ont épluché une sorte de racine (ce n'est ni de la patate douce, ni du manioc. Ông Kin leur montre ses deux couteaux pliants qu'il a fabriqué (je les connais déjà).


Nous mangeons ces sortes de patates en purée, mélangée avec du gomasio (mélange de sel, graines de sésame et algues ; en principe c'est japonais, je n'en ai jamais vu au Vietnam), des algues frites pimentées salées (très bon) et quelque chose que nous supposons être des lamelles de viande frites (réponse à cette énigme dans la part 37).
Il y a deux purées : l'une assaisonnée avec du sel, et l'autre avec du sucre!! Vous choisissez celle que vous préférez.

Décidément, cet homme est bien mystérieux. Vient-il du Japon? De l'Himalaya (comme il me l'a dit une fois)? Que signifie son incantation lorsqu'il éteint sa forge? Je l'ai même vu une fois apposer sa main sur une coupure qu'il s'était faite, comme un magnétiseur, en prononçant quelques mots étranges...


Il nous demande si l'on veut boire de l'alcool (ce qui montre bien que c'est exceptionnel, car d'habitude les hommes ne vous proposent même pas, ils vous servent d'office) et demande à sa femme d'aller en chercher un verre, dans une armoire sous clé!
Or cet alcool n'a rien à voir avec l'habituel alcool de riz que l'on vous propose partout ; il a une couleur ambrée, un goût et une odeur différente, et surtout très fort : David me dit qu'il doit dépasser 50°. Qu'est-ce donc? Mystère. Mais cela me fait penser que j'ai toujours, dans la poche de ma tunique, la racine mystère! Devant mes compagnons intrigués, je la sors de ma poche et l'offre à Ông Kin...or il est très touché car il semble me dire qu'elle a de la valeur et me dit que c'est exactement celle utilisée dans l'alcool qu'il nous a fait goûter! Comme quoi, le hasard fait bien les choses ; c'est la première fois que je vois cette racine en vente, que j'en achète, et comme par hasard je l'offre à la bonne personne! Peut-être était-elle destinée dès le départ à ông Kin.

Ông Kin nous dit qu'il ne sait pas quel age il a. Il finit par nous dire qu'il a 60 ans mais j'ai du mal à le croire! Je dirais 45-50 ans. Mais de toute façon, il est entouré de mystère.

Il nous montre deux sabres qu'il a faits (dont un de 80cm) ; bien que rongés par la rouille, il nous fait une démonstration de la dureté de l'acier, en...coupant une tige d'acier de 6 ou 8mm d'épaisseur posée sur l'enclume. La lame n'a pas pris un seul coup, une seule rayure!!!

Spontanément, il me dit que si je nettoie et polis le petit sabre à mon retour de Phuc Sen, il compte me l'offrir! Wow...va vraiment falloir que je m'envoie un colis avant de prendre l'avion!

Nous avons passé une très belle soirée. En fait, Jonah et David se rendent compte de la chance qu'ils ont eue de se faire guider par quelqu'un connaissant déjà la ville et ses habitants. Alors, se faire inviter par un forgeron le premier soir!
Lors du départ, ông Kin me donne un sachet d'algues et un sachet de "viande frite".

Ravi de cette nouvelle rencontre, je rentre à l'hotel avec David et Jonah, et discute avec Bà Nga pendant une heure (c'est devenu une habitude - elle me demande tout ce que j'ai fait, avec qui, où j'ai mangé, etc)

Elle me dit qu'elle a parlé avec Chi Minh lorsque celle-ci est passée devant l'hotel! Et lui a expliqué que si j'ai mon passeport, il n'y aura pas de problème avec les Công An. Du coup, je pourrai dormir chez Bà Thim (en fait, Bà Nga m'explique que Chi Minh ne veut pas que je dorme chez elle car elle a peur que son mari soit jaloux...ou qu'il l'est déjà).

Comme je suis habitué à ce que Chi Minh ne pense pas forcément ce qu'elle dit, Bà Nga l'appele au téléphone pour me confirmer que Chi Minh et Bà Thim ne changeront pas d'avis.
Bà Nga me dit que la maison de Chi Minh est probablement en bois avec les buffles en dessous ! Je verrai ça demain!

Je paye Bà Nga pour les douze dernières nuits. Comme la dernière fois, elle ne me fera pas payer la chambre lors de mon absence.
C'est une chance que Bà Nga ait pu parler à Chi Minh en ma faveur ; elle la connaît de vue, sait que j'ai acheté la tunique à Bà Thim, que je les ai invitées au restaurant, que je veux voir leurs jardins, leurs maisons, etc. Bref, elle connaît toute l'histoire, et toutes les raisons de mon insistance...

Content, je prépare un sac léger : la dernière expédition avec le demi-cochon dans le dos et le conducteur fou, m'ont rendu méfiant. De même que le fait de dépendre de quelqu'un. C'est pourquoi je ne prends que le bessa, six films, le sac étanche, le numérique, le téléphone et ma lampe frontale. On ne sait jamais, je n'ai pas envie de trimballer le mamiya dans les montagnes ou sous la pluie.

J'ai du mal à croire qu'après 25 jours à voir notre relation évoluer, je vais enfin pouvoir voir les maisons de Bà Thim, Chi Minh, Chi Hop...est-ce que cela va réellement se concrétiser? Suite au prochain épisode!

1 commentaire:

  1. He he vivement les autres parties!!en Esperant qu il y ait DES buffles sous la maison!les ricaims ont eu bien de la chance de te rencontrer!bisous

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